Une enquête périnatale relève des signes inquiétants sur le territoire Depuis 30 ans, une enquête nationale périnatale est réalisée dans l’Hexagone et, pour la première fois, elle a intégré, en 2021, les territoires de Guadeloupe et Saint-Martin. Rendu public fin juin, le rapport semble mettre en exergue un certain nombre d’indicateurs défavorables au bien-être de la maman.

En 2021, Santé Publique France a collecté des données au sein des maternités de l’archipel auprès de 700 femmes volontaires pour répondre aux questions des sages-femmes à l’issue de leur accouchement, puis de la première consultation et jusqu''aux 1 000 jours de prise en charge. «Cette enquête renforcée dans les Antilles a été une opportunité majeure de réunir des informations médicales et renseignements utiles cruciaux auprès des jeunes mamans et ce, de manière totalement inédite. Nous n’avions que peu d’éléments auparavant pour établir des faits autour des ressentis des mamans et notamment de son leur état psychique et psychologique. Désormais, nous allons pouvoir travailler sur des recommandations précises avec le bureau Santé Publique France et la cellule régionale Antilles et inciter l’Agence régionale de la santé à une prise de conscience dans de domaine» explicite Nolwenn Regnault, responsable de l’étude.
DES ANALYSES
EN DEMI-TEINTE
Si l’enquête périnatale révèle que le contexte social précaire en Guade-loupe a une incidence sur l’état de santé dégradé des mères, elle insiste surtout sur des faits plus précis notamment autour de l’obésité. «Plus de 50% de mamans sont en surpoids et 24,1% contre 14,4% en Hexagone sont plus souvent obèses quand elles commencent leur grossesse. Ces problématiques ont un réel impact sur la santé des mères et des nourrissons. En effet, les risques de complication sont plus nombreux (diabète gestationnel, hypertension, bébé plus gros et nécessité de césarienne). Mais ce phénomène amène également des naissances prématurées (10,2% en Guadeloupe contre 7% dans l’Hexagone)» ajoute Jacques Rosine, chef du bureau Santé Publique France Cellule Régionale Antilles. Autre constat, 28,6% des Guadeloupéennes con-fient que leurs grossesses sont survenues trop tôt ou étaient non désirées (16,6% dans l’Hexagone). «Il reste une éducation préventive à réaliser auprès des femmes concernant l’alimentation, comme l’a indiqué précédemment, mais également de la contraception». Autre point noir et non des moindres. «Davantage de femmes se sentent tristes ou déprimées durant leur grossesse : 33,9% contre 25,6%. Il y a des leviers à activer pour ne pas les laisser vivre ces moments seules et il faut donc revoir la mise en place de politiques publiques autour de la santé mentale et de la dépression post-partum».
QUELQUES BONNES
NOUVELLES
Deux indicateurs positifs sortent, malgré tout, leur épingle du jeu. Les mamans guadeloupéennes allaitent de plus en plus leurs bébés et pas seulement à la maternité : 71,2% d’entre elles maintiennent ce choix deux mois après la naissance. «Cela démontre un sentiment de dévotion maternel et exclusif important. Elles sont impliquées dans leur nouveau rôle» confie Nolwenn Regnault. De plus, elles ont une consommation de tabac plus faible avant et pendant la grossesse et ont totalement arrêté de boire de l’alcool. «De nouveau, ce sont des points très tangibles à prendre en compte dans cette enquête et heureusement… Mais nous nous doutions que tout ne pouvait pas être rose. Cette première enquête va permettre de mener des réflexions spécifiques aux besoins de la Guadeloupe et de la maman guadeloupéenne. Il est trop tôt pour être alarmant mais il s’agira d’être vigilant et de prendre le bon virage dans le domaine de la périnatalité».
DES LEVIERS ESSENTIELS
À ACTIONNER
L’ARS de Guadeloupe et le service de protection maternelle et infantile (PMI) ont un rôle déterminant à jouer. «Il y a des sujets de société à revoir dans leur globalité. Les mamans sont encore trop isolées durant leur grossesse. Il faudra également renforcer les actions autour du co-dodo car encore trop d’enfants dorment dans le lit de leurs parents (28,4% face à 12,4%) ou le sommeil des nourrissons sur le ventre qui est déconseillé. Les bonnes consignes sont à transmettre aux nouvelles mamans à très court terme pour ôter quelques inquiétudes».