Le CHUG inaugure deux salles d’imagerie interventionnelle

Depuis près de quatre mois, le Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG) dispose de deux nouvelles salles d’imagerie ou radiologie interventionnelle destinées à offrir une assistante robotique inégalable. Ce que ce soit lors d’interventions et actes médicaux et notamment dans le domaine des AVC, un vrai enjeu de santé publique sur le territoire.

L’INNOVATION EST MAJEURE
L’arrivée de ces deux salles équipées de technologie de pointe dans l’univers de l’imagerie interventionnelle présente un intérêt plus que conséquent pour la Guadeloupe. En effet, plus de 800 Guadeloupéens sont victimes, chaque année, d’accidents vasculaires cérébrales. Or, la capacité du CHU, d’absorber un tel nombre, devenait trop faible. «Triste-ment, seuls 200 d’entre eux sont sauvés sur notre territoire. Nous avons donc fait le choix d’investir grandement dans l’installation d’une robotisation perfectionnée et polyvalente qui permettrait de répondre à des problématiques immédiates par le biais d’équipements dotés d’intelligence artificielle et de sauver davantage de vies» explique Félix Quénais, ingénieur biomédical au CHUG.
TROUVER DES RÉPONSES ADAPTÉES ET EFFICACES
Ce projet fait donc écho à un besoin grandissant de disposer de salles interventionnelles équipées d''une robotisation en termes d''imagerie d''intervention polyvalente et ouverte à toutes les spécialités médicales. «Auparavant, le CHU ne possédait d’aucun équipement de ce type et la prise en charge efficiente des personnes victimes d’AVC était donc limitée. De nombreux patients étaient ainsi transférés au CHU de Martinique par hélicoptère, qui dispose des moyens d’accueil nécessaires, mais la complexité logistique de tels transferts, par exemple, et l''absence de solution de repli en cas de panne, nous a amené à une réflexion bien plus profonde» assure-t-il. Face à cette réalité, M. Quénais et son équipe ont établi un dossier de demandes de subventions et de financements auprès de la Région Guadeloupe et des fonds européens. «C’est un projet très onéreux, de plus de deux à trois millions d’euros, qui nécessitait des soutiens extérieurs au CHUG. C’est chose faite». Six mois plus tard, le CHUG inaugure ainsi ces deux salles de radiologie interventionnelle dotées d''un large champ opérationnel et ouvertes au service de cardiologie mais aussi aux spécialités telles que la neurologie et la gynécologie. «Nous sommes plus que ravis que ce projet voit le jour. Il était plus que nécessaire de pouvoir évoluer dans ce niveau de compétences».
L’INTÉRÊT DE TELLES MACHINES ?
Le CHUG peut s’enorgueillir de présenter ces deux salles interventionnelles robotisées et haut de gamme, installées au sein du bloc opératoire. «Brièvement, elles agissent comme des GPS. Lors de l’accueil d’un patient victime d’un AVC, un robot va guider le personnel médical jusqu’au caillot de sang qui bloque la circulation sanguine. C’est ce bouchon qui va déclencher un AVC. Le robot va effectuer un scan du corps du patient pour trouver l’embouteillage et diriger le chirurgien sans risque. Cette intervention, utilisant l’intelligence artificielle et l’imagerie 3D, va lui permettre d’effectuer son intervention de manière ultra précise. C’est une avancée considérable dans le traitement de l’AVC, appelée thrombectomie. Dès lors, le risque de décès est réduit de près de quatre fois. De plus, avec deux salles équipées, notre objectif est de prendre en charge deux patients simultanément sous un délai de moins de 3 heures. Un patient soigné rapidement offre une probabilité de rester autonome de quatre fois plus élevée» souligne Félix Quénais. «Nos médecins ont besoin de travailler avec des équipements de dernier cri s’ils veulent pouvoir avoir des résultats notoires». En quatre mois d’utilisation quasi-quotidienne, déjà plus de 400 patients guadeloupéens ont pu être traités. «L’imagerie 3D via ces robots offre un confort incomparable pour pratiquer la médecine. Je le répète mais ces investissements massifs étaient inéluctables pour la Guadeloupe. D’ailleurs, seuls dix hôpitaux en sont dotés dans l’Hexagone et nous aurons bientôt la chance d’avoir une troisième salle sur le nouveau site du CHUG en septembre 2024. Dont le but est d’être également mise à la disposition du CHU de Martinique en cas de besoin».
MISER SUR LES TECHNOLOGIES POUR SAUVER DES VIES
Les premiers résultats ont été plus que satisfaisants depuis la mise en place de ces équipements polyvalents. «D’autres pathologies ont pu être traitées comme les infarctus du myocarde, des phlébites ou des hémorragies post-accouchement liées la délivrance. Les chirurgiens formés peuvent agir désormais plus vite et avec plus de précision. Avec un tel matériel, le CHUG prend une longueur d’avance sur le futur. Il y a un réel besoin de faire appel à l’intelligence artificielle pour accomplir certains actes périlleux et il faut avoir confiance en elle. En qualité d’ingénieur et de physicien, mon souhait est de proposer des réponses effectives aux problématiques soulevées par le milieu hospitalier. On ne remplacera jamais les mains du médecin ni du chirurgien mais nous pouvons lui donner les outils pour aller vers des issues optimistes».