Les socialistes sont au pied du mur

Après l'euphorie des élections présidentielles, les dirigeants de la France sont, aujourd'hui, avec les réalités politiques, économiques et socia- les de leur pays, confrontés à leurs promesses électorales. Il faut maintenant répondre à l'espoir que des millions de Français, de peuples des dernières colonies qu'ils appellent les «Outre Mers», ont mis dan l'élection de François Hollande à la présidence de la République française. C'est ce qu'a tenté de faire le Premier ministre du gouverne- ment français, dans son discours de politique générale à l'Assemblée nationale. Il a appelé le peuple français à la mobilisation générale pour redresser la France «abimée moralement», af faiblie économi- quement, avec une dette écrasante de 1800 milliards d'euros, soit 90% de la richesse annuelle de la France, une crois - sance revue à la baisse de -0,3%... Les priorités du calendrier 2012-2013 vont être marquées par des réformes de structures, le retour à l'équilibre des finances publiques, la révision de la loi de réforme des collectivités loca- les, la loi de programmation militaire, la loi sur l'enseignement supérieur et des réformes de société, le droit au mariage et à l'adoption pour leshomosexuels. Le Premier ministre refuse de parler d'austérité, de rigueur , alors qu'il demande à tous les ministres du gouvernement de réaliser des économies sur les dépenses. On peut se passer des mots pour commu - niquer mais, la réalité s'impose. Il a voulu rassurer l'électorat de gau - che sur sa volonté de rompre avec la politique de la droite menée par Sarkozy. En annonçant l'effacement des avantages octroyés aux riches, en introduisant les tranches nouvelles de l'impôt sur le revenu, la contribution des grandes entreprises (banques, pétroliers), il répond aux propositions de campagne de François Hollande. Mais, la chasse au déficit public inscrit dans la logique du système capitaliste européen et un obstacle majeur aux dossiers sociaux comme les questions des ef fectifs dans la fonction publique, de la retraite, des salaires… C'est plus de 50 milliards qui sont donnés aux banques privées, chaque année, ce qui montre que le déficit public est une manne pour les capitalistes. Dans son discours, le Premier ministre de la France n'a point oublié de citer ce qu'ils appellent les «Outre Mers», mais il est difficile de déceler de véritables pro- positions. Sont évoqués sans emporter la conviction, les dossiers de la jeunesse, de l'emploi, de la vie chère. Comme ses prédécesseurs, de droite ou socialistes qui ont tous échoué, le Premier ministre du gouvernement de François Hollande pense pouvoir apporter des solutions aux problèmes des Guadeloupéens et des autres pays sous domination, dans le cadre d'un projet politique pour la France. C'est l'aveu de poursuite de la politique coloniale d'assimilation et d'intégration, responsable de la faillite de la société gua- deloupéenne, politique si chère à la droite et aux socialistes français, clairement exprimée dans la campagne du candidat François Hollande. Ces déclarations n'ont rien apporté de nouveau pour la Guadeloupe. Le problème de la Guadeloupe est global et se réglera d'abord en Guadeloupe et, surtout, par et pour les Guadeloupéens. Les socialistes qui sont actuellement au pouvoir ont, la légitimité des urnes, la majorité politique dans les Assemblées, en tout cas, les leviers nécessaires pour satis - faire les exigences de leurs électeurs. Cependant, les Guadeloupéens ne devront pas se faire d'illusions. François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont dans une situation imposée par les capitalistes européens. Face à cela, ils ont choisi la voie des réformes pour répondre aux exigences de changement du peuple français, dans une Europe en crise, où la faillite des Etats fait tache d'huile. Ni le capitalisme, ni le colonialisme, ne peuvent être réformés. Ils sont destructeurs. La marge de manœuvre pour les nou - veaux dirigeants socialistes de la France est limitée. Ils sont au pied du mur.