Le pouvoir français nous renvoie à nous-même !

Le camouflet du CIOM (comité interministériel des outre-mer) du 18 juillet 2023, après les lois-programmes, les Assises, les Etats généraux sans lendemain qui jalonnent l’histoire de la départementalisation n’est qu’une confirmation de plus, que l’avenir de la Guadeloupe ne se décidera pas à Paris.
Tout en faisant semblant d’avoir entendu «l’Appel de Fort-de-France», le président Emmanuel Macron et son gouvernement ont, sans concession, imposé leur feuille de route.
Comment réagissent les présidents des Assemblées locales, signataires de cet appel et des 153 propositions du XVIIe Congrès ? Plutôt que d’exprimer leur indignation ou leur volonté de changer de cap, ils remettent une couche à la soumission et à la pleurnicherie.
Dans une lettre signée avec d’autres présidents des collectivités colonisées par la France le 29 juillet, ils sollicitent du président Emmanuel Macron, qui les a déjà roulés dans la farine, une rencontre urgente pour examiner la faisabilité des quelques mesurettes adoptées sans aucun débat à la réunion du CIOM et pour mettre en place un calendrier de suivi.
Décidément, il nous faut croire que les édiles guadeloupéens ne veulent ni comprendre, ni entendre que le pouvoir français dans sa logique coloniale ne peut et ne veut rien faire pour permettre l’essor de notre pays.
Nous devons leur rappeler cette fameuse maxime énoncée, face au président Nicolas Sarkozy médusé, par feu Pierre Aliker à l’occasion des obsèques de son compagnon de luttes, Aimé Césaire : «Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises ce sont les Martiniquais».
Les présidents Ary Chalus et Guy Losbar, ont-ils cette conscience que : «Les meilleurs spécialistes des affaires de la Guadeloupe ce sont des Guadeloupéens ?».
S’ils ont cette conviction, alors il faut renverser la perspective et affirmer que l’espace de conception et de construction de notre devenir ne se trouve ni à Paris, ni à Bruxelles, mais ici sur notre territoire national.
Les incessants ballets entre la France et la Belgique pour quémander des subsides et de la considération doivent cesser.
Le chemin qu’il faut prendre sans tergiversation, c’est celui de la mise en place d’un Comité guadeloupéen le plus large possible pour élaborer démocratiquement le nouveau statut politique que la Guadeloupe attend.