Urgences ! Il n’y a plus d’urgences !

Depuis le début des vacances se laisse entendre sur les ondes d’une radio ancrée dans le paysage radiophonique de notre archipel un spot publicitaire invitant celles et ceux qui ne se sentiraient pas bien de ne pas se rendre systématiquement aux urgences mais de privilégier un appel vers le 15 afin de déterminer si leurs cas justifieraient un passage aux urgences.

Cette mesure, déjà en application sur d’autres territoires en France, n’est que la résultante d’une volonté politique orchestrée par le gouvernement d’Elisabeth Borne et l’ancien ministre de la santé François Braun pour «cautériser l’hémorragie» de la dégradation des services publics de santé. En effet, même s’il est vrai que certains passages aux urgences ne seraient pas nécessaires (6% des passages aux urgences sont jugés inutiles par le personnel soignant selon le président de l’UFC Que Choisir). Il n’en demeure pas moins que la réelle problématique qui conduit aujourd’hui les services de l’Etat qui ont en charge les hôpitaux publics et donc les Urgences sont le manque de moyens matériels, humains et logistiques.
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a démontré les carences ainsi que les limites de la gestion des hôpitaux comme une entreprise. Les carences en termes de personnels, de lits, de moyens ont été suffisamment mis en lumière pour ne pas pointer du doigt la gestion calamiteuse de l’hôpital de marché. Au lieu de changer son fusil d’épaule, puisque nous sommes en «guerre» pour reprendre les mots du président Emmanuel Macron, les autorités préfèrent faire peser la responsabilité et les conséquences de cette gestion désastreuse et calamiteuse sur l’ensemble de la population et les urgences pédiatriques n’y échappent pas.
«En effet, moins de patients
moins d’insatisfactions»
Mais comment peut-on accepter dans un pays, et singulièrement notre territoire, que soit remis en cause l’accès à se faire soigner même s’il existerait une forme d’abus d’une minorité. On rentre encore dans une logique de culpabilisation du citoyen, en faisant penser que c’est parce que vous vous rendez aux urgences que notre système de santé (en panne) ne se porte pas mieux. De plus, n’est-il pas irresponsable de demander à un non professionnel de santé de s’autodiagnostiquer ? Comment un opérateur à distance sans les examens préalables indispensables pourra-t-il juger de l’urgence ou pas de tels symptômes.
Nombreux sont ceux qui veulent éviter les «Urgences» par rapport au long temps d’attentes. On ne s’y rend pas par plaisir bien au contraire.
Il est évident que même après cette crise sanitaire mondiale, le gouvernement n’a pas tiré les leçons des limites du système libérale. La désertification médicale dans certains territoires, la pénurie de certains personnels soignants entraine un afflux massif des usagers vers les hôpitaux publics, vers les Urgences non pas pour des prétendues raisons financières mais bien par nécessité.
De plus, on ne devrait pas demander aux personnels soignants, dont la fonction principale est de soigner, de filtrer les cas d’urgences. D’ailleurs, celui qui se plairait à vouloir assumer la politique du gouvernement renierait en partie le serment d’Hippocrate qui dit : «…Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera.…»

LE SERMENT D’HIPPOCRATE

«Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.»