Le groupe Soft fête ses 20 ans de musique

Plus de 4000 personnes se sont pressées le samedi 8 juillet au concert anniversaire des 20 ans du groupe de musique guadeloupéen Soft, réuni au Palais des sports du Gosier. Un grand moment d’émotions et de convivialité pour ce quartet acoustique mené par Fred Deshayes qui présente une musique traditionnelle et intemporelle, empreinte de messages sur l’identité de l’île et de sonorités jazz et gwo-ka.

Etes-vous encore sur votre petit nuage suite à ce concert
exceptionnel ?
Complètement ! Ce fut un mo-ment hors du temps et tellement agréable ! Nous (Joël Larochelle, contrebasse, Philip Sadikalay, saxophone, Julie Aristide, violon, Maxen-ce Deshayes, chant) étions si touchés de voir autant de guadeloupéens présents pour cette occasion. C’est rare de rassembler autant de personnes lors d’un concert sur l’île, notamment pour un groupe local aux couleurs musicales traditionnelles, mais nous étions plus que comblés. Ce fut un concert familial, tant sur scène que dans la salle. Nous étions entourés d’invités et amis prestigieux de tous bords musicaux qui ont accepté de célébrer nos 20 ans. Durant quatre heures de spectacle, se sont succédé Admiral T, Methi’s, Fanswa Ladrezeau, Erick Cosaque, et j’en oublie. Le public a eu la surprise de croiser l’humoriste Pat et la comédienne Laurence Joseph. Avec nos managers et producteurs, nous avions mis les petits plats dans les grands pour fêter cet anniversaire comme il se doit

. Nous voulions réaliser une démonstration de forces et marquer les esprits, le pari est relevé ! Il s’est créé une synergie parfaite entre tous les acteurs de ce concert et cela nous a redonné l’envie de nous produire sur scène très prochainement.
Pourquoi avoir souhaité organiser un tel et large événement pour un groupe si discret que Soft ?
Nous avions l’envie de retrouver notre famille, la nôtre bien sûr, celle qui dure depuis vingt ans, mais également celle que nous avons construite à travers nos rencontres artistiques et nos rencontres plus anonymes. Ce concert était aussi l’opportunité de déplacer et coexister toutes les générations, des grands-mères guadeloupéennes jusqu’aux trentenaires qui nous écoutent depuis tout petits. L’entité Soft est un concept de musique acoustique, inspiré des musiques traditionnelles. Nous jouons naturellement dans des univers intimistes. Ici, nous avons aussi voulu démontrer que notre musique a la capacité de voir plus grand, que notre musique de racine, notre musique engagée, peut se transposer partout et qu’elle parle toujours au peuple.
Pouvez-vous expliquer une telle fidélité de la part du public guadeloupéen ?
Je pense qu’il entend nos mots et y attache une attention particulière. Nous avons toujours mis en lumière nos valeurs et notre culture créole. Nos titres comme Kadans a peyi la, Krim kont la Gwadloup, Ti Gwad-loupéyen, ont démontré que nous étions impliqués dans l’histoire de notre archipel. Il y a certainement une identification des Guadelou-péens envers notre musique et c’est également pour cela que nous désirions organiser ce concert. Nous voulions leur exprimer notre gratitude pour leur confiance au fil des années. Soft reste un concept artistique où des amis musiciens et compositeurs se retrouvent pour exprimer leurs besoins musicaux. Nous avons fait ce choix il y a vingt ans de créer notre propre musique, de manière indépendante et sans aucune velléité de carrière. Nous avons réalisé quatre albums, nous aurions pu en produire davantage. Nous aurions pu devenir un groupe musical reconnu de toute part mais nous avons préféré cette discrétion qui nous ressemble. Nous sommes aussi là pour créer du patrimoine immatériel pour la Guadeloupe, pour faire vivre son histoire, ses sonorités, ses instruments… Nous avons toujours veillé à concevoir des mélodies et des arrangements modernes qui pourraient traverser les décennies et, aujourd’hui, nos musiques ne semblent pas dépassées ! Nous sommes toujours en phase avec l’ère du temps et c’est une fierté !
Et vous êtes aussi et surtout en pleine préparation d’un nouvel album si je ne me trompe ?
En effet, nous avons présenté lors du concert un nouveau morceau qui racontait l’histoire de Soft et qui fera partie du nouvel album prévu pour décembre. Avec mes acolytes, nous étions inspirés et nous avons eu l’envie de nous replonger en studio après plusieurs années au calme. L’idée de ce nouvel album est de créer un son qui groove, qui swingue… un son qui donne envie de bouger. Fini les salles de concert assises, aujourd’hui tout le monde est debout et veut vibrer. Nous voulons leur apporter cette énergie par le biais de notre musique festive, qui respecte nos valeurs, mais qui va apporter une dose de positivisme dont nous manquons cruellement. Ce nouvel album veut dire au petit guadeloupéen, qui a grandi depuis, qu’il doit croire en lui et en sa diversité. En qualité d’artiste, nous avons cette responsabilité de promouvoir un message et, selon, nous, il faut croire dans les potentialités de la Guadeloupe et de son futur. Retrouver le public nous a procuré une telle joie que nous sommes prêts à nous engager, nous aussi, à aider la Guadeloupe à regarder devant !