L’Etat et le pouvoir politique

Dans un exposé qui circule sur les réseaux sociaux, l’auteur qui n’est pas identifié pose admirablement la question centrale, au coeur de la crise globale qui entraîne la Guadeloupe vers l’abîme : Celle du pouvoir politique.
Il montre, démonstration à l’appui, que les grands choix d’orientation et d’organisation de la société guadeloupéenne sont domiciliés dans les administrations déconcentrées de l’appareil d’Etat français en Guadeloupe : DEAL - DAAF - DIECCTE - DGFIP - IEDOM - DOUANE - POLICE NATIONALE… C’est tout cela qui constitue l’ossature du pouvoir politique.
Le pouvoir politique est donc domicilié dans l’appareil de l’Etat français en Guadeloupe. Cela signifie que passer les gesticulations médiatiques, les Assemblées locales dites «majeures» : Conseil régional et Conseil départemental ne sont que des illusions de pouvoir.
Ils interviennent donc à la marge du pouvoir de l’Etat et ne disposent d’aucune compétence législative ou réglementaire pour déterminer les orientations du pays.
Ils accompagnent, quand, ils ne les exécutent pas, par excès de zèle, les politiques décidées par l’Etat français.
Lorsque l’on sait, depuis Lénine dans son Essai théorique : «l’Etat et la Révolution», que l’Etat n’est pas neutre, qu’il n’est que l’instrument de la domination de classe, on comprend naturellement les objectifs qu’il faut assigner à la lutte de tous ceux qui sont victimes des politiques mises en oeuvre aujourd’hui en Guadeloupe.
Nous avons à faire, à un Etat qui exprime et applique la politique de la classe dominante, les capitalistes qui sont chez nous, les pwofitants.
C’est un Etat dont la vocation est de défendre les intérêts des possédants, des actionnaires, de la finance au détriment des travailleurs, de la santé, de l’éducation, de la solidarité, de la culture. Son leitmotiv, c’est l’argent, le profit, pas l’humain.
Peut-on amender ce pouvoir d’Etat, le contraindre sans disparaître à faire une autre politique, à répondre aux revendications des exploités et des discriminés ?
Il ne faut pas le croire. Il est certes possible par la mobilisation, la grève, des actions de paralysie de lui arracher des concessions, des revendications déterminantes. Mais, avec le temps, il reprendra la main.
Il y a une exigence, c’est de pousser la mobilisation sociale jusqu’à atteindre le niveau de rupture avec la domination politique incarnée par l’Etat. Il faut conquérir un pouvoir politique au service des intérêts de tout le peuple.
Paru le 16 mai 2019 - N° 828