La question de l’Autonomie de la Guadeloupe
Nous ne sommes pas pour les slogans dont l’éclat des mots qui les composent, abasourdit plus les consciences qu’il ne les éveille. Nous avons, au cours de ces dernières décennies dans ces mêmes colones, soumis nombre d’articles pour tenter de démontrer que le système départemental d’assimilation était mortifère pour notre peuple.
Nous nous sommes employés, en nous appuyant sur des réalités concrètes de la vie économique et sociale du pays, à démontrer qu’il constituait la perpétuation du fait colonial et qu’il fallait décoloniser la Guadeloupe. Nous nous som-mes évertués à expliquer sans relâche les contours de l’autonomie comme voie originale pour parvenir à l’émancipation du peuple guadeloupéen.
Et aujourd’hui que la majorité de nos compatriotes s’est débarrassée de la peur de l’autonomie, et que bon nombre d’entre eux, n’hésite plus à se déclarer, sur les ondes, favorable à cette revendication, il eut été naturel que sans biaiser, sans masko, les élus régionaux et départementaux franchissent le pas.
Franchir le pas au moins en saisissant la perche qui leur a été tendue en ce qui concerne la question essentielle de la reconnaissance de l’identité de peuple de notre communauté ; et partant de son droit imprescriptible et inaliénable à l’autodétermination.
Mais sans surprise, par la peur d’exercer la moindre des responsabilités véritables sans couverture de la mère patrie, par mentalité de vassal ou encore par la volonté tout simplement de préserver les avantages multiples que leur confère leur mandat, nos élus choisissent d’obéir à la lettre aux recommandations ministérielles qui fixent les limites du cadre du gouvernement de notre pays.
Contrairement au grand poète marigalantais, encore une fois ils choisissent, au travers de leurs résolutions, de chanter de défuntes romances et de redire des poèmes faciles. Ils unissent leur voix, non pas pour montrer le chemin de l’émancipation à notre peuple mais pour dire amen à la «différenciation» imposée de Paris et qui d’ailleurs, consiste à ouvrir une porte déjà ouverte. Cette démarche montre encore une fois l’étendue des responsabilités qui incombe aux patriotes, qui loin des états d’âme, des feintes et des fuites en avant doivent se rassembler sur une plate-forme minimale pour donner l’élan nécessaire au mouvement anticolonialiste renouvelé.
Il faut, en effet, parvenir à mobiliser toutes les forces vives du pays pour faire converger toutes les luttes sociales en un seul faisceau de lutte : celui pour une politique de la responsabilité et de la dignité ; celui pour un pouvoir guadeloupéen assurant le développement économique et social de notre pays.
De notre point de vue, la base minimale, sur laquelle une grande majorité de notre peuple pourrait adhérer, reste une large autonomie disposant des moyens de légiférer.
Face au faire semblant de nos élus, un sursaut de dignité s’impose.
Les patriotes, et tous les Gua-deloupéens qui aspirent aux changements réels doivent réagir ensemble.
Paru le 18 juillet 2019