La rentrée scolaire 2023 : Entre défis et défiance

Réorganisation du baccalauréat, interdiction du port de l’abaya, revalorisations salariales, port généralisé de l’uniforme, pour la rentrée scolaire 2023-2024, le ministre de l’Education nationale a annoncé de nombreux changements. C’est une véritable mise en scène, digne du concept de l’habillage à l’américaine où les réelles problématiques des conditions de travail et d’accueil des élèves, carte scolaire etc., sont soigneusement éclipsés.

LOURDE PÉNURIE
D’ENSEIGNANTS
La rentrée 2023 se déroulera en effet à nouveau sous tension en raison d’une crise du recrutement des enseignants. Un phénomène qui n''est pas nouveau, mais qui s''est accentué depuis l''an dernier avec cette année de nombreux postes non pourvus aux concours enseignants.
Selon un sondage du syndicat SE-Unsa, 68% des enseignants interrogés disent pourtant craindre pour la rentrée qu''il y ait un manque de personnel. Pour remédier à la crise des vocations, le président Macron a annoncé la future création d''une «formation dès l''après-Bac» pour les futurs enseignants au grand dam des syndicats.
DES SYNDICATS
SUR LE QUI-VIVE
Accumulation d''annonces sans consultation, ni concertation. Le ministre gagnerait à ne pas reproduire les erreurs de ces prédécesseurs en matière d''annonces sans lendemain, d''injonctions aux personnels, d''éléments de langage qui mettent en porte-à-faux ceux-ci avec l''opinion publique.
S’agissant des mesures annoncées
• Le report des épreuves de spécialité du baccalauréat
Depuis la réforme imaginée par Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l''Éducation nationale, les deux épreuves de spécialité du Baccalauréat avaient lieu en mars. Gabriel Attal a annoncé qu''elles seront décalées, dès cette année scolaire, au mois de juin. Un nouveau calendrier qui fait l''unanimité chez les syndicats.
• Revalorisation des professeurs
«Tous les professeurs de ce pays toucheront entre 125 et 250 euros nets en plus par mois en cette rentrée par rapport à la rentrée précédente, de manière inconditionnelle», a déclaré Gabriel Attal.
Cependant de forts doutes persistent quant aux engagements pris antérieurement. «On nous avait annoncé une revalorisation de 10% inconditionnelle, c''était un engagement du président de la République lors de sa campagne. On voit qu''on est très loin du compte», précisent les syndicats.
Le pacte enseignant, c''est le miroir aux alouettes. C''est une pseudo-revalorisation, contre beaucoup de travail en plus et un suivi de ce travail. Autrement dit «travaillez plus pour gagner plus» est toujours d’actualité. La revalorisation touchera une partie des enseignants et pas tous, notamment ceux qui sont en début de carrière. La revalorisation sera basée sur le volontariat des enseignants. S''ils ne veulent pas participer à ce pacte, ils ne seront pas revalorisés. S’il y a une revalorisation, il la faut donc sans contrepartie martèlent les syndicats.
• Interdiction de l’abaya en milieu scolaire
C''est un sujet qui pose problème dans de nombreux établissements. Jusqu''ici, on laissait les équipes mettre en oeuvre les textes de 2004 sur la laïcité et le port des signes religieux. Maintenant, il va falloir définir ce qu''est une abaya pour avoir une vision claire sur le sujet.
En réalité, les attentes à l’égard de l’école n’ont jamais été aussi fortes. L’école est souvent prônée comme un moyen de s’élever, d’accéder à la mobilité sociale et de promouvoir l’égalité des chances. Cependant, les manipulations de la carte scolaire les différenciations entre filières «nobles» réservées aux plus privilégiés et filières professionnelles, la pénurie des enseignants, les conditions de travail de plus en plus difficiles pour un salaire de moins en moins valorisé font de l’école une institution phare de la fabrique des inégalités.
Cette rentrée 2023 en dépit des annonces du ministre montre une nouvelle fois le manque d’intérêt à la cause.