Le relais français 4x400m triomphe en argent aux Mondiaux

Lors des championnats du monde d’athlétisme à Budapest fin août, le quatuor français du 4x400m a réalisé un exploit en remportant une médaille d’argent derrière les Etats-Unis et s''offre ainsi un record national en 2 min 58 sec 45. Une performance emmenée avec brio par les athlètes martiniquais Ludvy Vaillant et Gilles Biron, le Guadeloupéen David Sombé et Téo Andant qui évite à la France de terminer la compétition avec un zéro pointé au tableau des médailles.

Déjà, bravo ! Quelle course et quelles émotions vous nous avez fait vivre !
David Sombé : Merci ! Nous som-mes si heureux et débordants de beaux sentiments ! Ce soir-là, à Budapest (27 août), ce fut de la folie ! A quelques minutes de la finale, nous étions tous dans l’incertitude de pouvoir prétendre à un podium.
Nous avions réalisé le 6e meilleur chrono des qualifications et, après la demi-finale, nous avions changé quelques petites choses, mais rien ne laissait présager ce qu’il pourrait arriver. Excepté, que nous avions une détermination sans faille… Je crois que ce soir-là, nous étions tous remontés à bloc pour décrocher une médaille !
Pourquoi cela ? En quoi cette course était-elle différente des autres ?
D’abord, les courses de relais sont toujours très attendues du public. Il y a ce côté spectacle et spectaculaire que les gens adorent. D’autant plus que nous clôturions les Mondiaux et que le stade était survolté. Puis, il y avait une certaine attente autour de nous… La France n’ayant remporté aucune médaille, les gens et les médias commençaient à s’impatienter voire à s’agacer

. Je vous avoue que cette pression aurait pu être plus négative et néfaste si nous n’avions pas eu l’intelligence de l’utiliser comme moteur. Nous voulions faire mentir toutes les critiques essuyées par l’équipe de France d’athlétisme, des critiques racistes et des commentaires dépréciatifs… Nous voulions démontrer que tous les athlètes français travaillent dur et ne méritent pas de telles attaques gratuites de la part des Français. Nous étions là-bas pour représenter notre nation et c’est ce que nous avons fait, avec en prime une médaille d’argent et un record de France. Je pense que nous avons répondu de la meilleure des manières !
Comment ces mauvaises ondes vous ont-elles affecté ?
Participer à une compétition mondiale en tant qu’athlète de haut niveau demande énormément d’investissement et de sacrifices. Les gens ont tendance à l’oublier quand ils sont devant leur écran de télévision. Nous avons croisé beaucoup d’athlètes déçus et frustrés de leurs performances et abattus par ce qu’ils pouvaient lire dans la presse ou sur les réseaux. Mais ils sont restés fiers et nous ont soutenus depuis les tribunes. Nous avions tellement à coeur de leur redonner le sourire et de nous transcender pour eux.
On comprend bien que la motivation a été la clé de cette médaille.
Y a-t-il eu d’autres secrets ?
Tous les quatre étions en bonne forme physique. Il faut expliquer que le relais 4x400m ne fonctionne pas du tout comme le relais 4x100m. Eux travaillent ensemble toute l’année. Nous, ce sont nos chronos en individuel à Budapest qui nous ont permis d’être dans le quatuor des finalistes. (David établit également son record personnel à 45’’32). Bien sûr, nous avions eu une préparation commune avant ces Mondiaux, mais la stratégie et la gestion des courses ainsi que le choix des coureurs sont des éléments qui se décident quelques heures avant l’événement. Nous sommes avant tout un collectif (10 coureurs sur la discipline du 400m) et nous avons chacun des postes que nous affectionnons. Lors de la course, tout se fait à l’instinct, il faut être précis, surtout lors des transmissions de témoins. Je me suis senti extrêmement bien durant de ce mondial et ça m’a réconforté dans ma volonté de persévérer dans l’univers de l’athlétisme.
Avez-vous pensé à arrêter ?
Oui… Il y a six mois, j’avais totalement perdu confiance en moi. L’accumulation de blessures et les difficultés financières vous font douter de vos capacités et de votre endurance dans ce milieu. J’ai 23 ans, je suis encore jeune, mais j’ai besoin d’être soutenu et j’ai parfois eu l’impression de ne pas l’être par la Fédération. Elle n’est pas la seule à blâmer, mais il faut rappeler que de nombreux athlètes ne sont pas professionnels. Beaucoup travaillent en parallèle, d’autres étudient. Moi, je faisais les deux. Ce n’est pas toujours simple de trouver l’énergie de s’entraîner, de se donner à 1000% quand les résultats ne sont pas au rendez-vous. Aujourd’hui, cette médaille m’a redonné le sourire et la foi de m’impliquer toujours plus dans ma discipline. Elle m’a permis de passer un cap mental et je ressens, de nouveau, un vrai plaisir à m’entraîner et à courir. Je suis prêt à me lancer dans le grand bain des qualificatifs pour les JO 2024.
Voilà une sage décision !
La réussite ne se quantifie pas uniquement en termes de médaille. Il faut voir plus loin et, en France, il y a un travail de fond à réaliser autour de l’éducation des jeunes. Elle devrait être tournée vers le sport et vers toutes les formes d’activités physiques. C’est un enjeu sociétal, notamment dans les Outre-mer où le potentiel est énorme. L’athlétis-me est ancré dans notre culture et nous sommes doués pour ce sport alors fonçons !