Alerte sécheresse au pays !

«An nou préparé nou pou nou paré», se préparer pour être prêt au bon moment, quelle que soit la situation à laquelle on est appelé à faire face. C’est l’adage que le célèbre poète, conteur, philosophe Lukuber Séjor nous enseigne au quotidien. Lui qui, de par ses recherches et à la lueur de ses expériences, sait que nous vivons dans un pays vulnérable, confronté à bien des situations, souvent très subjectives, que cette vulnérabilité, justement, ne nous permet pas de toujours cerner dans sa pleine dimension.

En quelque sorte, il est temps que les intelligen-ces et les consciences s’éveillent en toutes circonstances ! Contrairement à ce que l’on pourrait penser, nous sommes en plein dans la période qui correspond à l’hivernage, le temps des cyclones chez nous ou encore la saison des pluies qui va pratiquement, du mois de juin au mois de décembre. Durant cette période, on est censé avoir une végétation luxuriante, de l’eau en quantité, des rivières qui débordent aussi bien que les marres et les ravines, conséquences d’une pluie abondante et permanente sur tout le territoire. Ces données se révèlent comme étant purement théoriques, car à regarder de plus près, la réalité est toute autre, la sécheresse est bien là et les choses ont tendance à s’aggraver.
La préfecture tire déjà la sonnette d’alarme, de même que le Smgeag (le syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement en Guadeloupe). Depuis le mois de juin, l’état des ressources en eau du pays notamment le niveau de la nappe phréatique et les débits des rivières demeurent assez faibles et continuent à se détériorer. Les précipitations de ces dernières périodes compte tenu de l’évapotranspiration due à un ensoleillement particulièrement torride et des alizés souvent constants, tout cela ne contribue pas à l’amélioration des choses.
Déréglementation climatique, aléas du temps, la nature change et très souvent nous n’avons aucun prisme sur ces changements qui impactent notre vie quotidienne. Il faut toujours avoir à l’esprit que tout est lié dans l’univers. En ce moment, toutes les attentions sont rivées sur les médias et les réseaux sociaux pour voir la trajectoire des perturbations météorologiques qui nous menacent. C’est à juste titre que tout le monde anticipe et s’apprête à faire feu des quatre fers pour que la Guadeloupe en soit totalement épargnée.
Parallèlement, et c’est là, le paradoxe, tous ceux en charge de près ou de loin de la gestion et de l’alimentation en eau du pays, ne peuvent se résoudre à voir le lit des rivières s’abaisser inexorablement et la nappe phréatique se raréfier autant. Ils aimeraient bien pouvoir profiter de quelques averses liées aux phénomènes cycloniques en cours qui feraient le plus grand bien aux foyers guadeloupéens, victimes trop souvent de manque d’eau, dont les causes déjà, tant structurelles, techniques qu’organisationnelles feraient qu’une sécheresse trop dramatique pourrait encore la rendre plus compliquée.
Pour l’heure, il est important de tirer la sonnette d’alarme pour que les uns et les autres, agriculteurs, particuliers, collectivités, entreprises, tous quels que soient les échelons de responsabilité, pour qu’ils en soient pleinement conscients de leurs obligations et de leurs devoirs vis-à-vis de la ressource, à préserver, à protéger pour nous prémunir de toutes catastrophes.