Fò nou préparé nou, pou nou paré !

«Le poète a toujours raison. Qui voit plus haut que l’horizon» chantait Jean Ferrat, le célèbre chanteur-compositeur-interprète ardéchois.
C’est une chanson inspirée de la poétique d’Aragon, qui invite à penser l’avenir et à entendre les paroles du poète pour avancer en conscience sur le chemin qui conduit à la cime des arbres.
Sans mimétisme aucune, sans plagiat, notre poète national qui partage la même sensibilité que Ferrat et Aragon pour le destin de l’homme, la même relation mythique à son terroir avec en plus l’héritage des souffrances des ancêtres qui ont fait la traversée «an kal a bato la», notre griot Luc Hubert Sejor nous invite avec ses paroles enivrantes sur sa musique au style décalé à penser l’avenir, en rupture avec la zombification programmée pour anéantir notre peuple.
Sa chanson «Fò nou préparé, pou nou paré» est un appel puissant à briser les chaines de l’asservissement, un véritable morceau d’anthologie de la lutte de libération humaine.
Le pays fait face à des problèmes qui menacent de l’entrainer dans l’abîme : catastrophe naturelle, défaillance du service public de l’eau et de l’assainissement, crise sanitaire et sociale, faillite financière des collectivités publiques, infrastructures structurantes qui tombent en ruine et un aménagement du territoire qui ne sert ni le développement, ni la sécurité des personnes.
Il doit être clair aux yeux de tous, que quémander toujours plus d’argent à l’Etat français et à l’Union européenne, même s’il faut toujours rappeler leur dette historique à l’égard de notre communauté, n’apportera aucune solution durable à la construction de notre pays dans l’intérêt de tous les Guadeloupéens.
C’est le modèle d’organisation économique et social, les canons culturels qui nous sont imposés qu’il faut combattre et rejeter.
«Fò nou paré» nous dit Luc-Hubert Sejor. Là, il nous appelle avec sagesse à entendre aujourd’hui, l’invitation lancée en 1978 par Rosan Girard, le co-fondateur du Mouvement Communiste, à entreprendre une véritable révolution culturelle à la Guadeloupe.
«Pas une révolution qui porte sur la production culturelle, la diffusion culturelle institutionnelle. Il s’agit d’une révolution qui s’adresse à l’esprit, à la conscience et qui doit viser à un changement de mentalité et de comportement de l’homme guadeloupéen.
Tout d’abord, l’homme guadeloupéen doit avoir confiance en lui-même, dans sa capacité à réaliser les meilleures performances dans tous les domaines d’activités. Il doit croire dans le riche potentiel de son pays qui dispose des atouts pour lui permettre d’y vivre décemment, l’aimer et le défendre.
Cette révolution culturelle doit conduire à un large consensus guadeloupéen sur le mot d’ordre «Produire et consommer guadeloupéen». Cette bataille économique, il nous faut dans l’unité l’étendre au domaine politique pour la conquête d’un pouvoir guadeloupéen».
Es nou ké paré, fò nou préparé, chante le griot !
Paru le 24 novembre 2022