Christian Lara père fondateur du cinéma guadeloupéen est passé sur l’autre rive

Christian Lara est mort le samedi 9 septembre 2023 à Fort-de-France en Martinique à l''âge de 84 ans. Né en 1939, à Basse-Terre en Guadeloupe, il signera de nombreux films et participera activement à la création d''un cinéma antillais. Ses oeuvres, dont il écrit la plupart des scénarios, sont politiques, historiques mais peuvent être également très personnelle, ou divertissantes.

En 1998, il fonde sa maison de production, la Caraï-be Films Compagnie. Christian Lara recevra en 2013, lors du Festival Panafricain du film de Los Angeles, le «Pioneering Film-maker Award» pour l''ensemble de sa carrière.
Considéré comme le père du cinéma antillais, à la fois producteur, monteur, scénariste, Chris-tian Lara a marqué de son empreinte le cinéma antillais avec plus d’une trentaine de films engagés et militants.
SES FILMS ONT MARQUÉ
ET INFLUENCÉ TOUTE UNE GÉNÉRATION DE CINÉASTES ANTILLAIS
Lara a toujours oeuvré pour «promouvoir l’homme noir» et «sa dignité», comme il l’a souvent confié. Il a utilisé le cinéma pour décrire «sa réalité», c’est-à-dire celle des Antilles et en particulier de la Guadeloupe. Il a transposé l’histoire souvent douloureuse de son île natale sur grand écran.
C’est notamment le cas dans 1802, l’épopée guadeloupéenne (2003), qui retrace la lutte des Guadeloupéens pour empêcher le rétablissement de l’esclavage, aboli huit ans auparavant, par Napoléon Bona-parte. La sortie de ce film coïncide avec la première Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, le 10 mai 2006.
Christian Lara a été une inspiration pour de nombreux passionnés du cinéma, en particulier aux Antilles. Il a souvent souligné l’importance de l’image pour un peuple, affirmant que sans images, un peuple n’existe pas. Depuis la fin des années 70, il s’est consacré à la création d’un «cinéma de son île», c’est-à-dire un cinéma antillais. Selon lui, un film antillais doit être porté par des acteurs principaux antillais, se dérouler idéalement dans les Antilles, comporter des dialogues en créole et être dirigé par un réalisateur d’origine antillaise.
Il a laissé une impressionnante filmographie, avec une vingtaine de films tels que Coco Lafleur, candidat (1978), il s’agit du premier film de fiction à avoir été produit en Guadeloupe, aux Antilles et dans la région des Caraïbes. Mamito (1979), Chap’la (1979), Black (1988), Sucre Amer (1998), 1802, l’épopée guadeloupéenne (2003) et Yafa, le pardon (2020).
Christian Lara venait tout juste de terminer, en mai 2023, son dernier long-métrage «L’hom-me au bâton», qui a été tourné en Guadeloupe.