Marie-Florence Candassamy Une championne en or à l’épée

En juillet, l’épéiste d’origine guadeloupéenne Marie-Florence Candassamy a été sacrée championne du monde à Milan en Italie. Quintuple championne de France, l’athlète de 32 ans décroche un premier titre en individuel dans une compétition internationale. Consciente et fière de son nouveau statut, elle préfère garder les pieds sur terre à un an des JO 2024.

Voilà une médaille indiscutable.
L’or aux Mondiaux, vous y pensiez ?
Comme tous les athlètes de haut niveau, c’est un objectif bien sûr mais, aujourd’hui, quelques semai-nes plus tard, je ne réalise toujours pas ce qui s’est passé ! J’essaie mais tout semble irréel ! Je suis encore dans ma bulle d’émotions et je m’y sens bien. La rentrée et la reprise des entraînements va secouer un peu tout ça mais je profite vraiment de cette effervescence !
Comment avez-vous appréhendé cette compétition ? Différemment que les autres ?
J’ai effectué une bonne préparation et j’étais à l’aise dans mon corps. Nous sommes arrivés une semaine avant sur place avec mon équipe et je me sentais vraiment connectée à cette compétition. Mon esprit était au bon endroit au bon moment et j’étais ultra concentrée. Je ne suis pas une personne qui fait des plans sur la comète alors j’ai appréhendé les matchs les uns après les autres. C’est mon mode de fonctionnement. Car, en escrime, tout peut aller très vite, une erreur, une inattention, et vous perdez le fil

. J’étais sûre de mes sensations mais jamais je n’ai voulu trop me projeter. De fil en aiguille, la finale et ce podium se profiler. Je souhaite à tous les athlètes de vivre ce type de moment ! C’est totalement hors du temps ! Je suis ravie de ma performance, surtout en individuel, et je suis également ravie de mettre un coup de projecteur sur ma discipline.
D’ailleurs, l’escrime pour vous, qu’est-ce que cela signifie ?
J’ai débuté l’escrime très jeune dans un club parisien. Mes parents, comme beaucoup d’Antillais, avaient un attrait pour cette discipline. Je crois qu’elle est ancrée dans notre culture. De nombreux escrimeurs viennent des Outre-mer. Il y doit bien y avoir une histoire et une tradition derrière cela et au vu de l’enthousiasme de mes parents ! Je me suis appropriée aussi ce sport et il me caractérise bien, notamment avec l’épée. C’est l’arme qui permet de faire le plus de contre-attaques et c’est ce que j’aime. Je suis vive et j’aime ce jeu de précisions. A travers l’escrime, vous apprenez à être en connexion avec vous-même et à gérer vos émotions. Cela deman-de de l’adresse mais également beaucoup de maîtrise de soi. Vous êtes seul face à l’autre et aussi face à vous-même. De plus, l’escrime a évolué et les athlètes sont beaucoup mieux préparés physiquement. Il ne faut pas négliger cet aspect là de notre sport.
Les escrimeurs français réalisent de très belles performances depuis plusieurs années. Avez-vous le sentiment d’être davantage soutenus ?
Il ne faut pas être utopiste c’est bien parce que j’ai décroché une médaille que les médias me suivent et écrivent sur l’escrime. En dehors de ça, ça reste un sport qui manque encore de visibilité. Certains d’entre nous passent encore inaperçus malgré un palmarès incroyable. Nous manquons encore de soutiens financiers extérieurs pour nous entraîner dans les meilleures conditions. Mais c’est le lot de beaucoup de disciplines en France... Les fédérations ne peuvent pas tout gérer, il faut stimuler et attirer les partenariats privés. Moi, je préfère rester discrète pour préserver ma tranquillité d’esprit et me concentrer sur mes prochains objectifs mais j’aimerais, bien sûr, pouvoir compter sur des fonds complémentaires pour allier plus sereinement ma vie sportive et mes divers projets (Marie-Florence étudie le design et le graphisme).
Les JO24, vous y pensez ?
N’allons pas trop vite ! Il y a encore des matchs à remporter avant d’y être. Je dois me qualifier (dernières compétitions qualificatives en avril 2024) pour prétendre à un tel événement. Le chemin est long et le corps peut nous réserver des surprises mais je vais m’entraîner pour ! Promis !