Sonjé Charlotte 2e édition

Le dimanche 27 août dernier a marqué la deuxième édition de la manifestation historique et mémorielle autour d’une femme mis en esclavage, à la dimension exceptionnelle, dénommée Charlotte.
Cette dernière ayant vécue sur l’habitation/sucrerie des frères Poyen située à Petit-Canal, ce fut l’occasion pour l’association Bitasyon Poyen Bel Bo, de mieux la faire connaître. Pour la présidente qui n’est autre que Véronika Pensédent, une habitante du quartier, l’objectif principal demeure la restauration des vestiges du moulin de Poyen, afin de réunir chaque année à cette même période, tous les Gua-deloupéens, les passionnés d’histoire, les vacanciers et autres visiteurs autour d’un programme bien con-cocté pour la circonstance, permettant de mieux connaître la vie de Charlotte sur cette habitation.
La visite de ce lieu offre un paysage pathétique et en même suscite beaucoup d’interrogations. Niché au coeur de ce qu’il est réglementairement appelé, la réserve biologique dirigée (RBD)du Nord Grande-Terre, avec un périmètre qui se circonscrit bien évidemment autour des trois communes que sont Petit-Canal, Port-Louis et Anse-Bertrand, ce site présente un double intérêt. Pour ce qui est de la Réserve biologique dirigée, il s’agit d’un espace protégé, reconnu au niveau des organismes de l’Etat français, notamment pour sa haute valeur patrimoniale.
Propriété de la collectivité départementale, il est géré par l’ONF (l’Office national des forêts). L’autre intérêt, c’est le merveilleux travail fourni par les jeunes de l’association Bitasyon Poyen Bel Bo qui en l’absence de leur mentor, l’historien et anthropologue, Jean Barfleur dit Baba, ont tenu la dragée haute par leur capacité à restituer au public présent tout le savoir acquis et les connaissances transmises par Baba, à travers l’école populaire «Yo té, pou nou sé».
La journée a débuté par une marche en l’honneur de Charlotte, guidée par l’association PLUS (Port-Louis Unité, Solidarité), avant de permettre aux participants de bénéficier d’une visite commentée des vestiges de l’habitation et de son environnement, qui s’est poursuivie par un grand «kozé bokantaj», sur les recherches non exhaustives réalisées à ce jour sur Charlotte.
Cette femme née esclave, aurait vu le jour en 1754 et aurait pris part à la guerre de Guadeloupe en 1802. D’après un rapport militaire de l’époque, c’est une esclave affranchie en 1794 venant de l’habitation Poyen à Petit-Canal. Elle fait partie de ces femmes résistantes qui furent emprisonnées et fusillées avec d’autres le 30 mai 1802 alors qu’elle tentait de s’évader. Les recherches se poursuivent ici en Guadeloupe et dans plusieurs régions de France pour mieux comprendre la vie et le combat de Charlotte. Souhaitons plein succès à cette jeune association pour le formidable travail qu’elle fournit pour nous permettre de mieux appréhender notre histoire.