L’îlet Caret fermé pour 4 mois
Une opération inédite de réhabilitation de l’îlet Caret a débuté le 15 septembre jusqu’au 15 janvier 2024. Ce pôle d’attraction touristique et site majeur du Grand Cul-de-sac marin sera fermé pour la première fois au grand public durant quatre mois pour procéder à un nettoyage et une revégétalisation. Objectif : préserver cet élément naturel inestimable du patrimoine de la Guadeloupe.
La ville de Sainte-Rose a décidé, il y a peu, de pu-blier un arrêté en faveur de la fermeture de l’îlet Caret. Ce banc de sable de 4 000 m², propriété du Conservatoire du littoral depuis 2010 et géré par la commune de Sainte-Rose, a été soumis à de nombreux désagréments ces dernières années, liés aux conditions météorologiques et à la présence excessive de touristes. Ceux-ci ont mené à une prise de décision drastique. «Cela va nous permettre de mettre en place un plan de revalorisation et de conservation de cet espace» assure Medhy Broussillon, délégué adjoint Outre-mer au Con-servatoire du littoral.
Préserver le cadre environnemental
En 1960, l’îlet était boisé. Aujour-d’hui, c’est un banc de sable… Voilà un résumé inquiétant. En effet, selon des études scientifiques, l’îlet a subi une érosion importante (une perte de 40% de sa superficie) accompagnée du déplacement du banc de sable vers le nord-ouest d’environ 12 mètres par an. «Nous avons constaté une évolution notamment due au changement climatique. Les agressions des cyclones, l’augmentation du niveau de la mer et les mouvements de la terre ont totalement modifié la physionomie de l’îlet et mettent en péril sa biodiversité». Les facteurs naturels ont impacté considérablement la beau-té et la santé de ce lieu enchanteur qui fait le bonheur de tous mais pas uniquement. «Il y a un grand sentiment d’attachement des Guadelou-péens à ce lieu qui connaît également une activité touristique importante et régulière, avec une dizaine de prestataires et une cinquantaine de navires chaque week-end… Cette sur-fréquentation a des répercussions logiques et progressives sur l’îlet qui ont amené à réfléchir à un autre mode de fonctionnement. Dès lors, les responsabilités étant autant d’origines externes qu’humaines, c’est ainsi qu’un schéma d’intervention opérationnel (SIO) du Grand Cul-de-sac marin, initié en 2018, a permis d’élaborer une stratégie afin de procéder au nettoyage et à la revégétalisation de l’îlet Caret» ajoute Médhy Broussillon.
UNE OPÉRATION
DE RESTAURATION
Dans les prochains jours, une série d’aménagements va donc être mise en place. «Le Parc national, le Conservatoire du littoral et la ville de Sainte-Rose vont lancer des travaux d’aménagements sur l’îlet, avec l’appui d’un bureau d’étude et le soutien du programme France Relance». Dans un premier temps, il s’agira de travaux de démontage des abris existants avec évacuation des déchets vers le port de Morne rouge. «Nous allons ôter les bâches en plastique et les cabanes en bois dans le but de réfléchir à d’autres équipements adéquats à cet environnement spécifique et qui ne viendraient pas perturber le milieu naturel. Il s’agira de redéfinir des espaces de pique-nique par l’installation de tables bancs». Puis, dans un second temps, seront réalisés des plantations par l’Office national des forêts (ONF). «Nous entrons dans la période la plus humide de l’année ce qui va favoriser la végétation, déjà présente, de reprendre sa place initiale. De plus, cette fenêtre de tir de quatre mois nous offrira la possibilité de planter des nouvelles espèces d’arbres et arbustes et de voir leurs évolutions». Durant les travaux, l’accès à l’îlet et l’accostage seront interdits mais le mouillage sera autorisé.
REDONNER VIE À UN LIEU EMBLÉMATIQUE
Cette décision de fermer l’accès à un tel site a semble-t-elle été le fruit de sérieuses discussions entre les divers partenaires du Grand Cul-de-sac marin. «Cela fait plusieurs années que nous sommes témoins de la dégradation de l’îlet Caret mais il fallait que les mentalités soient prêtes à une telle décision. Nous savons que les conséquences, notamment économiques, seront importantes». En effet, beaucoup d’opérateurs touristiques organisent des excursions dans cette zone très appréciée des touristes. «C’est un lieu de fête pour les Guadeloupéens et un lieu de découverte totalement paradisiaque pour les touristes. Mais il était nécessaire de se pencher sur la question de l’avenir de l’îlet si l’on ne veut pas qu’il disparaisse comme d’autres auparavant. Pour cela, il faudrait trouver un juste milieu dans l’usage de l’îlet. Les aménagements et la re-végétalisation sont des premières solutions qui mériteront d’être surveillées et évaluées. Il faudra également redimensionner la fréquentation. Pourquoi ne pas imaginer une gestion autonome et centralisée comme sur Petite-Terre ? Où l’on déjeunerait sur le bateau et non à quai et où l’accès serait réservé à des prestataires spécifiques. Ou, par exemple, pourquoi ne pas envisager un système de réservation calendaire pour l’accostage ? Tout est envisageable mais il est clair que nous devons trouver d’autres moyens de profiter des plaisirs de cet îlet pour ne pas reproduire les mêmes erreurs et pour pérenniser les travaux qui vont être menés prochainement. C’est un signal fort que nous envoyons et nous sommes satisfaits que tout le monde joue le jeu. Il en va de l’avenir de notre patrimoine».