Le travail dissimulé, danger ou perfusion pour la société ?

«Tout travail mérite salaire», cet adage populaire qui est une variante de «toute peine mérite salaire» une citation de l''évangile de Luc, chapitre 10 verset 7, tend à faire le lien entre le travail indissociable au fait générant une accumulation de capital, une rémunération.

«TOUT TRAVAIL
MÉRITE SALAIRE»
Le travail, du latin tripaliare signifiant «torturer avec le tripalium1» est l’activité de l''homme appliquée à la production, à la création, à l''entretien de quelque chose pouvant impliquer un effort par lequel l’homme transforme son environnement naturel et social. Cette activité peut être rémunérée ou non.
Dans nos sociétés dites modernes, le travail est en principe réalisé pour avoir en contre-parti une rémunération. On peut distinguer plusieurs types de «travail», dont celui que l’on considéra comme officiel ou celui que l’on qualifiera de dissimulé maladroitement (ou sciemment) appelé travail au noir.
Ce dernier est farouchement combattu par les services déconcentrés d’inspection du travail et de lutte contre la fraude car c’est d’une part illégale et souvent irrespectueux du code du travail mais également parce que c’est une masse financière sur laquelle l’Etat ne peut pas collecter la part qui devrait lui revenir. Pour autant, à l’exception des activités totalement illégales, le fait que certains «travail» ne soit pas déclarés trouvent un consensus auprès des élites, des dirigeants et des travailleurs eux-mêmes.
En effet, aucun territoire n’échap-pe aux difficultés rencontrées face au chômage de masse ciblant prioritairement, les jeunes, les personnes non qualifiées issus des quartiers prioritaires de la ville et les femmes. Afin de pouvoir répondre à leurs besoins, certaines personnes décident de travailler sans se déclarer pour percevoir une rémunération officieuse.
«TOUTE PEINE MÉRITE SALAIRE»
Ces pratiques, existant à l’échelle planétaire, ne font pas l’unanimité car les entreprises qui sont en situation régulière se retrouvent face à une concurrence déloyale. Les entreprises qui sont clandestines n’obéissent pas aux mêmes règles que celles immatriculées. En effet, elles ne sont pas soumises aux contraintes règlementaires qui sont imposées aux entreprises déclarées à savoir notamment le paiement des charges fiscales et sociales. Même si l’on peut quand même noter que certaines entreprises déclarées ne paient pas leurs charges.
Là se trouve justement un paradoxe, on retrouve auprès de ces entreprises criant à la concurrence déloyale, des pratiques peu orthodoxes. Le poids des redistributions aux organismes sociaux et fiscaux étant important, ces entreprises ont elle-même recours aux travails dissimulés en embauchant des «jobeurs» qui leur reviennent moins chères qu’un travailleur déclaré mettant par la même occasion les travailleurs en compétition entre eux-mêmes (ceux à la recherche d’un emploi stable et ceux à la recherche d’une rémunération). Ce met alors en place un cercle vicieux poussant à la course au «bas coûts» pour rester attractif sur le marché. Cette situation bien présente dans notre territoire, et pointé du doigt par certaines organisations représentant la défense des travailleurs ne trouve pourtant en son sein l’émergence d’une contestation populaire contre ce système que l’on pourrait qualifier de mafieux.
Au contraire il semblerait que toutes les parties y trouvent une forme d’équilibre :
• Les consommateurs qui peuvent acheter des biens et/ou services à bas prix
• Les entreprises qui peuvent diminuer leurs coûts de fonctionnements
• Les travailleurs non déclarés qui peuvent exercer sans avoir à cotiser au «pot commun» tout en bénéficiant de ces ressources.
Si on s’arrêtait juste à ce constat on pourrait dire que l’on est dans un système gagnant-gagnant. Pour-tant il existe bien un perdant dans cette histoire c’est le travail.
Le travail qui est au coeur même des relations et interactions sociales, fait générateur de création de richesses devient source de concurrence, de rapport de force et de contrainte. Or ce dernier devrait être l’acte privilégié pour exprimer son implication dans la société, ses talents, son savoir-faire et aucune sorte être dissimulé. A quand un travail digne, respectueux et correctement rémunéré pour tous ?
A cette analyse, on pourra me rétorquer la fameuse phrase de Ray-mond Barre : «Les chômeurs n’ont qu’à créer leurs entreprises».
A cela je répondrai, c’est déjà ce qu’ils font et que même certains qui se constituent en toute légalité se retrouvent à travailler pour ces mêmes entreprises qui ont refusé de les embaucher en les acceptant en prestation «de salariat déguisé».

1. Nom commun. (Antiquité) Instrument d''immobilisation et de torture à trois pieux utilisé par les Romains pour punir les esclaves rebelles