Le Mur, un lieu unique d’expression de l’art urbain

Jeudi 28 septembre a été inauguré Le Mur, ce nouveau lieu d’expression artistique dédié à l’art urbain dans la zone de Dothémare aux Abymes, devant le complexe Cinéstar. Le street-artiste guadeloupéen Steek a été le premier artiste à peindre sur ce Mur et à réaliser une fresque murale éphémère. Ce Mur sera recouvert chaque mois par des nouvelles oeuvres d’artistes antillais et internationaux.

Il était attendu. Ce Mur, à ciel ouvert, destiné à laisser libre court à l’imagination des artistes de l’art urbain de la Caraïbe. Car le street-art est partout en Guadeloupe. Sur les façades d’immeubles, sur les crépis abandonnés, mais il n’avait pas de lieu attitré, autorisé et dédié à son expression. Le Mur, parrainé par l’association Le M.U.R (Modulable, Urbain, Réactif) à l’initiative du Mur Oberkampf à Paris, trouve donc enfin sa place dans le paysage guadeloupéen. «Le Mur Guadeloupe intègre la grande famille des murs déjà présents en France Hexagonale. C’est le premier implanté aux Antilles-Guyane et c’est une très belle fierté !» confie Yasmina Annibal, coordinatrice du projet artistique.
UN PROJET NOVATEUR
ET INTERGÉNÉRATIONNEL
C’est l’association Wad al lub qui est à l’origine de ce projet dont l’artiste Steek est le président et le directeur artistique. Créée en janvier 2014, elle a pour vocation la promotion et la formation culturelle et artistique en Guadeloupe. «Depuis un an, nous travaillons avec implication et dévotion dans le développement du projet d’un Mur Guadeloupe. Il nous fallait mobiliser les partenaires, trouver des financements et établir un projet qui tienne la route sur le long terme. Ce premier lieu d’expression de l’art urbain doit s’inscrire dans le temps et dans les esprits car c’est également un moyen de structurer cet art, qui n’est parfois pas suffisamment mis en valeur et qui nécessite de nombreuses autorisations. Grâce au Mur, les street-artistes auront un emplacement unique qui leur offrira la possibilité d’exprimer leurs volontés artistiques sans aucune restriction, ils auront carte blanche !» ajoute Yasmina.
Steek, artiste émérite et triple champion du monde de body-painting, a ainsi réalisé, la semaine dernière, une performance inaugurale et originale sur ce support de 22,50 m². «Son oeuvre sur le Mur Oberkampf à Paris est devenue une référence dans l’univers du street-art. Aujourd’hui, il a la possibilité de s’exprimer sur ses terres. C’était un clin d’oeil et une belle façon d’ouvrir les festivités». Ce nouveau lieu sera amené à évoluer. «Chaque mois, un artiste des Antilles ou étranger (Nathan Delinois, Danaé Brissonet, Ronald Cyrille, Kilia Llano, 4KG, Hopare, DoudouStyle) sera invité à investir le mur. Le calendrier est déjà acté car tous sont très sollicités. Ainsi, chaque oeuvre éphémère respectera le principe d''une performance recouvrant l''autre».
A l’issue de chaque performance, un vernissage et des rencontres professionnelles seront organisés avec les artistes invités et des acteurs culturels de l’archipel. «Nous avons également souhaité mettre en place un volet éducatif à ce projet pour le rendre accessible à tous les publics. Ce lieu va vivre toute l’année !».
INTÉGRER L’ART
À L’ÉDUCATION
L’association Wad al lub veut capter l’intérêt des guadeloupéens à travers des ateliers d’initiation au street-art à destination des jeunes (via le dispositif Pass Culture) prévus dès les vacances de la Toussaint et à Pâques. «De plus, des visites scolaires seront également programmées en accord avec le Rectorat de Guadeloupe et les directeurs d’écoles. Nous voulons que le Mur devienne un outil pédagogique et qu’il en ressorte de forts moments d’échanges. Les enfants sont conviés à être curieux, à prendre les bombes et les pinceaux et à s’exprimer comme bon leur semble. Mais nous aimerions aussi que ce lieu soit visité par toutes les générations. Parents, grands-parents, le street-art n’a pas d’âge et n’a pas de limite» explique Yasmina.
PROFESSIONNALISER
LA DISCIPLINE
L’association Wad al lub entend également promouvoir le street-art sous une autre facette. «C’est un art qui est facteur d’attractivité économique et touristique. Sa force de frappe est colossale et nous en avons la preuve avec les divers festivals déjà existants dans la Caraïbe qui sont des succès. D’ailleurs, nombreux artistes antillais s’exportent à l’étranger et vivent de leurs arts. Il y a un marché de l’art urbain et nous nous rendons disponibles pour accompagner les jeunes talents vers davantage de professionnalisation. Aujourd’hui, il leur est, par exemple, indispensable d’avoir un portfolio et un site web pour prétendre à exposer dans des galeries. A travers le Mur et nos actions sur le territoire, nous sommes disposés à les conseiller et à les aider à s’ouvrir vers de nouveaux horizons».
Instagram : @lemurguadeloupe