L’UGTG fête un demi-siècle d’existence !
Le syndicat a choisi la médiathèque du Lamentin pour célébrer ses 50 ans d’existence, à travers des luttes pour la défense des intérêts des travailleurs guadeloupéens. A cette occasion nous avons interrogé Guiéba Elière, Secrétaire général adjoint de l’UTS-UGTG.
50 ans, c’est un bel âge.
Les objectifs du syndicat sont-ils toujours les mêmes ?
C’est une organisation qui prône la lutte des classes et des masses toujours présente aux côtés des Guadeloupéens. Il n’y a pas beaucoup comme la nôtre qui mettent en avant les difficultés réelles du pays et qui voient la résolution des problématiques des travailleurs sous l’angle d’une Guadeloupe libérée. C’est la raison pour laquelle, nous avons réuni tous nos délégués, tous nos militants pour leur rappeler notre ligne qui ne change pas. Nous avons perdu quelques-uns de nos militants qui sont passés sur l’autre rive comme Marius Bouboune, Fernand Curier… Donc, nous profitons de l’occasion pour faire la transmission avec les jeunes.
Comment pensez-vous fêter
ces 50 ans d’existence ?
Le rassemblement d’aujourd’hui, nous permet de sensibiliser d’abord la population, les médias, et nos militants. Nous avons déjà concocté tout un programme qui commence ce mois-ci. Nous aurons à mettre en évidence plusieurs manifestations dont le point d’orgue sera le 2 décembre 2023.
Quel point fort de ces 50 ans de lutte qui vous aurait marqué ?
Cela fait une quinzaine d’années que je suis membre de l’UGTG, et par rapport à mon vécu, c’est sans conteste, la mobilisation de 2009 qui m’a marqué, avec le Lyannaj Kont Pwofitasyon (LKP). A mon avis, c’était un mouvement social et sociétal. Nous avions suscité la fierté du peuple guadeloupéen.
N’oublions pas que durant les 44 jours de grève, nous avions un problème d’approvisionnement, car tout était bloqué. Le peuple rivalisait d’ingéniosités avec fierté. Il vivait avec le peu de moyen à sa portée. Cela a été pour nous un laboratoire, une expérience grandeur nature, nous permettant d’apprécier comment il réagirait en situation réelle d’indépendance. Les gens se débrouillaient, il y avait une solidarité qui se développait dans le pays. Les petits commerces de proximité se développaient, les gens se sentaient plus proches l’un de l’autre, avec une certaine dignité affichée.
Grâce à la mobilisation de 2009, d’autres pays en ont pris l’exemple tels que la Martinique, la Guyane, le printemps arabe. Cette grande mobilisation a inspiré beaucoup de bouleversements dans le monde.
C’est un syndicat politique qui s’est prononcé et qui oeuvre au quotidien pour l’indépendance de son pays. Ce sujet était-il à l’ordre du jour ?
C’était le premier point à l’ordre du jour. Il s’agissait pour nous de trouver comment faire pour conscientiser la population, puisque seule, l’UGTG ne pourra pas atteindre cet objectif, il faut donc l’engagement de la population. Nous avons rappelé que nous devons continuer à organiser des meetings et des caravanes, de façon à faire passer l’information jusqu’à ce que le peuple se sente concerné et qu’il voit l’intérêt que nous prenions notre liberté pour gouverner nous-mêmes notre pays.
C’est un challenge difficile, il y a d’autres organisations et personnalités qui aspirent au changement. Pensez-vous les rencontrer ?
Nous ne pensons nullement entrer en collaboration ni en confrontation avec les autres organisations qui prônent l’indépendance de la Gua-deloupe. Simplement, nous donnons notre vision, comment nous le concevons. L’expérience nous a déjà montré que certains de nos camarades qui étaient des indépendantistes de la première heure sont entrés dans le système, ils se sont noyés et ont fini par gérer le quotidien de l’Etat colonial français.
Prenons un autre chemin, par la conscientisation de notre peuple, afin d’obliger le gouvernement français, comme cela s’est fait en Kanaky, à nous inviter à nous prononcer sur notre indépendance.
Il y a aussi la question du drapeau qui se pose, qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est un débat important. On nous présente le drapeau d’un parti politique, ce n’est pas le drapeau d’un pays indépendant. En plus, c’est utilisé à des fins de stratégie politique. Le peuple doit être consulté, pour l’hymne, aussi bien que pour le drapeau.