La loi pour le plein-emploi déplaît dans les Outremers

Mardi 11 octobre, le projet de loi pour le plein-emploi a été adopté à l''Assemblée nationale. Parmi les mesures phares : la réforme du RSA. Une mesure qui a suscité de nombreuses réactions au sein des parlementaires ultramarins notamment auprès du député réunionnais Frédéric Maillot, rattaché au groupe Nupes et député GDR de la 6e circonscription de La Réunion.

Vous vous êtes exprimé il y a quelques jours à l’Assemblée nationale et votre intervention a marqué les esprits par une phrase «Colon un jour, colon toujours». Pourquoi avoir utilisé de tels termes ?
Il y a un contexte à prendre en compte. Nous étions en train d’étudier le projet de loi plein emploi présenté par le ministre du Travail Olivier Dussopt et il est devenu clair à nos yeux que le gouvernement voulait passer en force ce projet, par ordonnance, c''est-à-dire sans débat, dans les territoires d''Outre-mer. Or, tous les députés ultramarins, sont opposés à toute loi qui serait appliquée sans prendre en compte les spécificités de nos territoires. A cet instant, j’étais révolté que l’on puisse envisager de ne pas nous consulter et les mots m’ont échappé... Bien que je ne les regrette pas.
Je ne suis pas un fervent admirateur de l’ancien ministre Michel Debré mais, ce jour-là, ses propos étaient de circonstance. Nous sommes des élus et c’est notre rôle de pouvoir prendre part aux décisions. Nous ôter cela en faisant passer certaines choses par les petites portes ne nous convient pas du tout ! Si on ne nous laisse pas légiférer, ça signifie qu’on ne prend pas en compte mon élection ni mon existence. On me réduit dès lors au silence…
C’est hors de question. Nos opinions ont une valeur. Notre vérité a une valeur et je ne laisserais personne dire le contraire. Le député de l’opposition Sylvain Maillard a demandé que je fournisse des excuses. La présidente de la séance a également demandé des sanctions à mon égard. Or, le dossier a été très vite clos. Je ne souhaitais pas m’excuser et je réaffirme que cette politique menée par Renaissance est une politique néocolonialiste.
Pourquoi cette loi vous
déplait-elle tant ?
Bien évidemment il y a le fond et la forme. La forme, nous en avons discuté précédemment. Mais le fond est d’autant plus inquiétant. Ce projet de loi dit «plein emploi» prévoit d’instaurer 15 heures de travail obligatoires pour les bénéficiaires du RSA… Encore une fois, ce n’est pas applicable dans nos territoires. A La Réunion, le taux de chômage est de 18% contre 7% dans l’Hexagone.
On veut faire la guerre aux chômeurs au lieu de faire la guerre au chômage. Dans les Outre-mers, le problème n’est pas le RSA mais le taux d’employabilité qui reste trop faible. Le travail est fourni par des petites entreprises, majoritairement des PME ou TPE. Elles aimeraient embaucher plus mais elles croulent sous les charges sociales. C’est là-dessus que nous devrions réfléchir et non pas trouver un semblant d’activité aux bénéficiaires du RSA qui, eux, ne demandent qu’à avoir un emploi décent. Le fait de mettre ces personnes dans des conditions de travail pour un revenu si faible c’est diminuer la valeur du travail et, de nouveau, c’est rentrer dans un cercle d’esclavagisme par le travail…
On ne parlerait plus de revenu de solidarité active mais plutôt de revenu minimum d’occupation. Quelle tristesse ! Or, ces personnes ont besoin d’être réinsérées dans le monde du travail avec une vie active pérenne et non d’être «occupées» 15 heures par semaine. Là encore on mélange tout. Ce sont des mesurettes de communication et de propagande politique !
De nouveau un projet de loi inadapté aux territoires ultramarins. Pensez-vous qu’un jour les spécificités des Outremers seront prises en compte ?
Je l’espère et je me bats tous les jours pour que les nouvelles politiques ne soient plus un simple calque de ce qui se fait ou peut se faire dans l’Hexagone. Le gouvernement ne vit pas notre réalité et, pire, il l''ignore. Nos territoires ne doivent plus subir cette adaptation normative qui a fait l’histoire mais nous devons s’ouvrir au bon sens. La forte cohésion qui existe entre les députés ultramarins me donne grandement espoir. Nous sommes tous très actifs et déterminés à instaurer des politiques particulières à nos territoires.
Que pensez-vous du projet voté
en vue de donner l''autonomie Communautés d’agglomération pour préparer demain. L’eau c’est la vie, investir dans l’eau c’est investir dans la vie de nos concitoyens ! Il s’agit d’un choix politique à assumer.
Le dernier communiqué du syndicat mixte, suite aux pluies abondantes de la tempête Philippe met en garde la population contre une utilisation de l’eau du robinet, manifestement impropre à la consommation «en raison de non-conformité biologiques». Cette situation qui se répercute sur de nombreuses communes fait froid dans le dos en pleine période scolaire. Quid des usagers qui ont eu à consommer ce liquide souillé et à qui l’information n’est parvenue qu’après coup.
L’eau est abondante en Guade-loupe, c’est un fait mais pour le SMGEAG, c’est celui de la production, la gestion, la distribution, la tarification et bien évidemment la qualité de ce précieux liquide de façon pérenne en direction des usagers, que sont les familles, les écoles, les collectivités, les entreprises etc… qui constituent sa préoccupation immédiate. Nous faisons abstraction des coups de gueule lancés par le maire du Gosier et des Abymes mettant en cause le syndicat et la gestion de cette crise.
Un pays responsable, avec des hom-mes responsables au commande doit pouvoir anticiper de telles catastrophes surtout quand on sait que ces évenements climatiques sont récurrents sur notre territoire.
à la Corse ? Cela est-il possible
à La Réunion ?
A La Réunion, nous sommes soumis à l’amendement Virapoullé (une disposition de la Constitution française qui, en son article 73 alinéa 5, interdit à La Réunion une évolution institutionnelle autre que département français). Un amendement établit à l’époque pour limiter les revendications autonomistes du Parti communiste réunionnais (PCR). C’est un frein qui empêche toute velléité d’autonomie. Aujourd’hui, les Réu-nionnais doivent donc s’adapter à l’Hexagone et non l’inverse…