Conscience identitaire et conscience politique

Les adversaires du progrès social sont toujours à l’oeuvre, parfois de manière grotesque souvent de façon subtile ; ce qui ne change rien ni à leur nature, ni à leurs objectifs. La haute bourgeoisie française dominante et colonialiste relayée par les penseurs à sa solde, les technocrates refusent de reconnaître l’existence du peuple guadeloupéen. La France, patrie des Droits de l’homme bafoue de ce fait le droit du peuple guadeloupéen à l’autodétermination.
Aujourd’hui, après la manifestation de la maturité de la conscience identitaire du pays à travers l’élan provoqué par les travaux du Congrès, malgré ses limites, le vote en faveur de Madame Taubira et à travers l’engouement populaire autour du bicentenaire des événements de 1801-1802, les hautes instances coloniales ne nous reconnaissent que le droit d’exister en tant que population.
En effet, les forces du colonialisme français ont tout tenté pour annihiler les effets de la lutte contre l’aliénation, l’assimilation et l’abrutissement. Elles ont mis en place tout un arsenal pour endiguer l’élan révolutionnaire salvateur de notre peuple, à travers l’expatriation des jeunes par le Bumidom dans les années 1960 et après les années 1980, c’est le génocide par substitution qui est devenu la règle avec l’envahissement de notre pays par des allogènes qui contrôlent la totalité des administrations. Ce phénomène modifie la structure de notre population et a de graves conséquences : point de peuple guadeloupéen, point de nation guadeloupéenne, point de lutte émancipatrice !
Il nous faut relever le défi. Devant le mépris affiché face à notre lutte identitaire et à notre revendication politique, les forces anticolonialistes doivent unir leurs efforts pour élever le niveau de la lutte pour l’émancipation de notre peuple. Le peuple guadeloupéen est une réalité ; son identité s’est forgée au cours des siècles de colonisation et le Guadeloupéen, le peuple guadeloupéen n’est pas un produit passif d’un brassage organisé sur un fond colonial. Il est le résultat d’une lutte des classes qui s’est déroulée avec rage, parfois de façon tragique. Les forces révolutionnaires s’y sont affirmées, en laissant des jalons, des repères qui aujourd’hui nous inspirent pour assurer notre affirmation dans la lutte salvatrice.
La question de la conscience identitaire est liée à celle de la lutte politique. Laissons aux démographes le soin d’étudier la population guadeloupéenne, libres sont les ratiocineurs supra-mondains d’ergoter sur l’existence de population et non de peuple en Guadeloupe. Pour notre part, nous savons que le chemin qui mène le Guadeloupéen à sa dignité est celui de l’analyse, de la critique et de la révolte radicale contre le fardeau du passé.
Être un rebelle radical constitue aujourd’hui le seul moyen de nous empêcher de sombrer dans l’oubli comme une population sans âmes. Nous devons manifester notre esprit critique, développer notre aptitude à toujours vouloir mieux faire, à accepter le combat idéologique même à l’intérieur de nos rangs, afin que la liberté militante, forme suprême de conscience identitaire et politique devienne notre richesse et celle de toutes les forces anticolonialistes.
Février 2003