Visite sur les chapeaux de roues de Philippe Vigier

En ce qui concerne les nombreux problèmes qui minent le pays, une gestion du territoire, depuis capitale, à 8000 kilomètres par des technocrates, par des gens qui méconnaissent nos réalités, est d’une aberration.

Depuis la nomination de Philippe Vigier en tant que ministre délégué aux «Outre-Mer», c’est bien la première fois qu’il foule le sol guadeloupéen. Il a fallu attendre un sérieux évènement, le passage désastreux de l’ouragan Tammy sur l’île, qui à son tour, a fait beaucoup de dégâts par les inondations, principalement en Basse-Terre et à La Désirade, pour qu’il se rendre aux Antilles.
De passage en Guadeloupe pour trois jours, avec un programme des plus chargé, c’est au pas de course que les visites se sont succédées. A un tel rythme, on est en droit de se demander qu’est-ce qui oblige les ministres des «Outre-Mer» de se rendre dans ces territoires lointains dont ils ont la charge, de séjourner que trois jours, alors que les dossiers à solutionner sont nombreux ?
L’impression qui se dégage, c’est que ces ministres se seraient passés le mot depuis toujours. Pourtant, ils sont dans leur champ de compétence, chargés de ces territoires.
En ce qui concerne les nombreux problèmes qui minent le pays, une gestion du territoire, depuis la capitale, à 8000 kilomètres par des technocrates, par des gens qui méconnaissent nos réalités, est d’une aberration. Cette politique a déjà montré depuis bien longtemps ses limites et son inefficacité donc, nous devons nous en défaire.
Le déclenchement rapide de la procédure accélérée de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle est salutaire mais ne règle pas tout. Quand on connaît le niveau de vie de la population et les dégâts causés par la crise politique et économique en Guadeloupe, la grande majorité des foyers déjà sinistrés par les inondations provoquées par l’ouragan Philippe, l’est doublement avec le passage de l’ouragan Tammy.
Le passage aux pas de charge de Philippe Vigier, restera gravé dans la mémoire collective du peuple guadeloupéen à cause d’une déclaration qu’il a faite sur le plateau de Guadeloupe la 1ère. Pour répondre à la problématique de l’eau, Philippe Vigier considère qu’il faut partir du principe que l’eau qui coule au robinet est propre à la consommation. Et comme principe de précaution, il invite les usagers à faire couler l’eau, à la faire chauffer et à la mettre, au frigo, alors même qu’il est informé que l’eau qui sort du robinet arrive avec de la matière fécale. C’est le conseil du laborantin de profession. On voit qu’il ne se sent pas concerné. Il ne fallait pas plus pour créer une levée de boucliers contre de tels propos, jugés dégradants, insultants. Le gouvernement serait-il en train de botter en touche ?
La remarquable résilience constaté par le ministre délégué, dont fait preuve le peuple guadeloupéen ne doit pas faire ombrage à la responsabilité de l’Etat envers ses citoyens sinistrés et cela dans les moindres coins de ses compétences.