La Guadeloupe vulnérable aux inondations

«Fo nou toujou rété véyatif». Jusqu’à la fin du mois de novembre et ce depuis le mois de juin, le pays Guadeloupe doit être toujours en alerte face aux fortes pluies, aux inondations, aux dépressions et aux risques cycloniques que nous impose cette période, que nous appelons communément hivernage ou saison des pluies.

Pour la seconde fois en l’espace de quelques jours, la Guade-loupe se voit contrainte de subir les affres des éléments déchainés de la nature. Après la tempête Philippe le 02 octobre dernier, qui a montré notamment les failles qu’il pouvait y avoir sur certaines infrastructures routières et les conséquences dues à des attaques de l’homme sur la nature, nous voilà une vingtaine de jours après, dans la nuit du samedi 21 et la journée du dimanche 22 octobre en train de voir s’abattre sur nous le cyclone Tammy.
L’île de La Désirade est touchée de plein fouet, mettant à mal son économie. Les équipements électriques, le réseau téléphonique, l’alimentation en eau potable, certains axes routiers et des arbres arrachés ici et là ont créé un sentiment de désolation au sein de la population.
Ce sentiment a rapidement été estompé par l’arrivée des secours et l’action des pouvoirs publics sur le terrain. Sur la Guadeloupe proprement dite, ce sont pratiquement les communes de la Basse-Terre qui ont subi le plus de dégâts. De Capes-terre Belle-Eau à Gourbeyre en passant par la commune de Trois-Rivières on dénombre plusieurs dizaines de sinistrés de même que sur les communes de Baillif et de Vieux-Habitants. Plusieurs avaries ont été constatées sur les cultures vivrières et maraichères notamment à Saint-François.
Les phénomènes atmosphériques en dépit des nombreux progrès de la science et de la technique nous réservent souvent des surprises. La météorologie est une science exacte dit-on, mais les météorologues ont eu du mal à cerner véritablement la nature de ce phénomène cyclonique chez nous en raison de toute la complexité qui entourait son évolution. «Pon moun pa mèt a lanati».
Il n’y a pas de mort à déplorer au sein de la population, c’est un point très positif eu égard à la déferlante des eaux et les nombreux dégâts recensés sur certains bâtiments scolaires, certains axes routiers et sur de nombreuses habitations. Même s’il faut avouer que le mode d’habiter en Guadeloupe a considérablement évolué depuis Hugo, que le bruit des marteaux sur les toitures qu’il fallait consolider a pratiquement disparu, le sol très souvent occupé par du béton, de même que les mares et les cours d’eau éliminés par l’insouciance de certains contribuent à renforcer ces inondations que nous connaissons de plus en plus.
Aujourd’hui, compte tenu de l’intensité des précipitations et des différents endroits répertoriés comme inondables sur tout le territoire, en raison des risques de tsunamis, des intempéries et du ruissellement naturel des eaux pluviales… l’aménagement du pays à partir du SAR-I est une donnée majeure qui s’impose à tous.
Pour empêcher que les choses n’avancent il faut créer une commission dédiée, c’est bien connu. En France dans le même esprit, on crée tout une série de sigles creux, sans mettre en parallèle ni les moyens et ni les hommes qu’il faut. La gestion des inondations en lien avec le PPRN (Plan de prévention des risques naturels), la prise en compte du PAPI (Programme d’action et de prévention des inondations), de la GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations) et la gestion des eaux pluviales urbaines dont la compétence revient au SMGEAG depuis sa création, sont autant de structures dont les missions s’enchevêtrent.
C’est encore une incohérence de pouvoir faire cohabiter sur un si petit territoire autant d’organismes et de structures, pour pratiquement les mêmes objectifs, d’où leur inefficacité. Une vision transversale des différentes entités s’impose pour que la Région, le Département, les communes, les Communautés d’agglomération et le SMGEAG, travaillent de concert pour qu’à l’avenir les familles guadeloupéennes, les différentes infrastructures et l’économie du pays soient moins la proie des inondations.