En France, la guerre au Proche-Orient agite le Parlement

Depuis lundi 23 octobre, l''Assemblée nationale et le Sénat sont le théâtre de discussions parfois vives sur la contre-offensive israélienne et la question de la paix. Mardi 24 octobre, une députée RN a qualifié d''«assassin» le député communiste Jean-Paul Lecoq. Soudain, le silence s’est installé.

Dans le chaudron de l’Assem-blée nationale, le député communiste Jean-Paul Lecoq a pris la parole mardi 24 octobre, sur les coups de 16 heures. «Depuis l’agression terroriste du Hamas contre Israël, le gouvernement israélien se déchaîne contre la population de Gaza. La colonisation continue. La France, membre du Conseil des Nations unies, doit poser en urgence des actes forts pour que nous trouvions au plus vite le chemin de la paix», a-t-il alerté. Avant de s’indigner : «En 2014, notre Assem-blée a voté une résolution visant la reconnaissance par la France de l’État de Palestine. Il est temps d’y accéder. Si la France posait un acte diplomatique de cette ampleur, quel message ce serait pour la paix !».
Un premier débat a animé l’Assemblée, lundi 23 octobre au soir, sans la bousculer
Assise sur les bancs de l’extrême droite, Caroline Parmentier (RN) a alors brisé le silence, hurlant «Assassin !» en direction de l’élu communiste. Respectabilité et normalisation ? «Ce mot n’a pas sa place dans notre Hémicycle, j’en avertis sans délai le bureau de l’Assemblée», a interrompu la présidente de séance, Valérie Rabault.
Peu avant, le député FI Aymeric Caron avait lui aussi interrogé le gouvernement sur la position adoptée par la France, au moment même où Emmanuel Macron est en visite en Israël. «Elle est très claire, lui a répondu le ministre chargé du commerce extérieur, Olivier Becht. La position de la France a été rappelée par la première ministre : nous demandons une trêve humanitaire permettant d’acheminer l’aide humanitaire, nous défendons la solution à deux États, seule solution permettant aux peuples de vivre en paix».
Depuis le début de semaine, le conflit au Proche-Orient agite le Parlement. Un premier débat a animé l’Assemblée, lundi 23 octobre au soir, sans la bousculer. La discussion promettait d’être vive, elle s’est finalement révélée sans surprise. La première ministre Élisabeth Borne, qui a parlé d’un «débat important, utile et nécessaire», a rappelé que «les Palestiniens ne sont pas le Hamas» et que «le Hamas n’est pas le peuple palestinien».
Avant de s’attaquer à ceux qui seraient tentés de «minimiser, justifier, voire absoudre le terrorisme». Ce serait «accepter qu’il frappe à nouveau demain en Israël, en France ou partout ailleurs. Nous ne devons faire preuve d’aucune ambiguïté face à de tels crimes».
Sur tous les bancs d’opposition, l’exécutif s’est vu reprocher ses atermoiements sur le conflit
Le président de la commission des Affaires étrangères, Jean-Louis Bourlanges, pour le groupe Modem, a tenu un discours différent de celui du gouvernement, appelant avec force à «la désescalade, à la modération et au droit à la vie des populations civiles». «Il y a un risque d’anéantissement de populations civiles d’un côté comme de l’autre. L’Europe ne se relèverait pas de rester silencieuse face à cette tragédie», a-t-il tonné sous les applaudissements nourris de la gauche.
Les deux objectifs que doit se fixer la communauté internationale, a-t-il exposé, sont «l’arrêt de la politique de colonisation de la part d’Israël et la refondation d’une Autorité palestinienne active et respectée».
Sur tous les bancs d’opposition, l’exécutif s’est vu reprocher ses atermoiements sur le conflit. De fait, la majorité se divise depuis plusieurs jours entre les partisans d’un «soutien inconditionnel» à l’État d’Israël et les tenants de la position historique de la France, jadis portée par François Mitter-rand et Jacques Chirac.
Marceau Taburet - L’Humanité