COLLOQUE À L’UNIVERSITÉ DES ANTILLES PÔLE GUADELOUPE : «Statut constitutionnel et politiques publiques : Quel avenir pour la Guadeloupe ?

Ce colloque organisé par le CREDDI (Centre de recherche en économie et droit du développement insulaire) à l’Université de Fouillole en partenariat avec les élus des Collectivités dites majeures de la Guadeloupe, le président de l’Association des maires, le député Christian Baptiste aurait pu comme bien d’autres exercices de ce genre qui ont traversé l’actualité de la Guadeloupe ces dernières années se caractériser comme une énième «intellectuelle».

DES ELUS EN RASE
CAMPAGNE
Les élus qui sont intervenus à ce colloque : Christian Baptiste, Guy Los-bar, Harry Chalus, Jocelyn Sapotille ont laissé l’impression de naviguer en pleine brousse, au milieu de nulle part sans bien savoir vers quel objectif ils se dirigent. Ils ont répété les mêmes propos marqués du sceau du prêt à porter qu’ils servent depuis quelques mois aux guadeloupéens, sans jamais expliquer clairement ce qu’ils veulent réellement pout les pays. Enfer-més hermétiquement dans les couloirs institutionnels ou politiques ou les électeurs les ont en placé ils avancent, assénant dans un véritable bric à broc des mots et des idées non maitrisés du genre : assurer la sécurité physique du territoire, la révolution culturelle, obtenir des marges de manoeuvre (?), s’appuyer sur nos travailleurs, ne pas penser parti, réussir la décentralisation, plus de pouvoir de l’Etat et du préfet.
Le moins que l’on puisse dire et ce n’est pas du tout une volonté de les discréditer, ils ont davantage brouillé les pistes de réflexion

. Cela peut se comprendre lorsque l’on sait comment ils sont empêtrés dans cette position de «Rat ka tété chat si do a gwada».
Car, ils ne sont nullement dans une démarche de rechercher avec le peuple des réponses construites à partir des réalités du pays pour résoudre nos problèmes de développement et de meilleures conditions de vie. Ils sont indécrottablement accrochés aux mamelles du chat qui ronronnent à l’Elysée.
Pourtant les choses sont claires. Le chat ne peut que s’irriter des pincements exercés sur ses tétons «arides», que l’appel de Fort-de-France n’a pas stimulé. Les faits sont pourtant là : Les 72 mesures du CIOM sont une claque brulante ; Le refus de répondre à la demande des signataires de cet appel d’associer leurs collectivités à la révision constitutionnelle concernant la Nouvelle-Calédonie en est une autre, la désignation d’un groupe d’expertes pour encadrer leur réflexion sur le changement de statut est une injure.
Le refus du gouvernement Borne de reprendre dans le budget des Outre-mer les amendements votés par l’Assemblée nationale : 500 millions pour réduire les prix des billets d’avion et 100 millions pour l’accès à l’eau potable est le coup de grâce porté à la naïveté de tous ceux qui croient encore que l’Etat français est ouvert à toutes évolutions de «ses» Outre-mer. La preuve est à nouveau faite que nous devons ouvrir nous même sans tutelle notre propre chemin.
LE COLLOQUE A REMIS
A L’ENDROIT LE DEBAT
SUR LES INSTITUTIONS
Le débat sur le changement du statut de la Guadeloupe à une longue histoire. Il a commencé bien avant la départementalisation et s’est impo-sé dans la vie politique de la Gua-deloupe à partir des années 50 à travers les réflexions et les actions engagées par les communistes sur tout le territoire. La revendication stratégique de conquête d’un statut d’Autonomie proposée au pays en 1958 par les communistes guadeloupéens, sur la base d’une analyse économique, sociale, culturelle et politique prenant appui sur les fondamentaux du Marxisme à ouvert une nouvelle page de la lutte des classes en Guadeloupe.
Les objectifs affichés et défendus sur tous les terrains par les communistes étaient clairs : La libération nationale et sociale du peuple guadeloupéen, distinct du peuple français. Jusqu’au milieu des années 1960, la confrontation politique entre la clas

se ouvrière et la bourgeoisie comprador et locale était ouverte, sans concession avec comme centre de gravité : L’Autonomie.
Il y avait d’un côté les communistes et de l’autre les partis du gouvernement et les socialistes accrochés à l’assimilation. Cette confrontation a changé de périmètre avec l’entrée des nationalistes guadeloupéens sur la scène politique en 1965.
Trois courants politiques menaient la bataille polique : Les départementalistes, les autonomistes et les indépendantistes avec leur idéologie, leurs pratiques et leur stratégie au grand jour pour gagner les Guade-loupéens à leur cause. La politique irriguait toute la société. Cela n’existe plus aujourd’hui.
La balkanisation de la politique a commencé avec la décentralisation en 1982 et l’émergence des deux collectivités qui se disent majeures. La ligne de rupture a été théorisée dans cette formule : «Fini les partis politiques, exit le changement de statut, place à la gestion des institution et au culte des élus». C’est cette pratique qui a contribué à servir les intérêts de la puissance dominante et à conduire le pays dans l’impasse.
LE COLLOQUE A OUVERT
UNE PORTE
Après différents colloques initiés par les politologues et le CAGI pour éclairer la question de l’évolution institutionnelle, le CREDDI a fait rentrer dans le débat, qui semble s’essouffler aujourd’hui en partant dans toutes les directions, cette vérité que la question déterminante qui conditionne l’évolution de toute société c’est celle de la structure économique.
Dans une contribution qui ouvrira certainement sur des nouvelles réflexions, Christian Saad, maître de conférences d’économie à l’université invite à ne pas privilégier l’évolution institutionnelle mais à partir du cadre infrastructurel dans lequel on évolue car, c’est la structure économique qui influence la superstructure.
Il s’appuie donc sur la théorie économique du penseur communiste, Karl Max, que nous avons étudié pour conceptualiser notre revendication de l’autonomie. «C’est la base économique de la société qui explique son évolution et non sa «superstructure» idéologique, juridique et politique». C’est cette approche méthodologique que nous devons remettre au centre de notre projet d’émancipation.