Les limites du parlementarisme bourgeois

«On ne détruit pas la maison du maître avec les outils du maître». Audre Lorde, Intellectuelle afro américaine engagée

L’utilisation du Parlement par le Gouvernement français, illustre d’une façon éclatante, l’analyse que faisait l’Internationale communiste (IC) en juillet 1920, il y a plus d’un siècle : «Le Parlement ne peut être en aucun cas, à l’heure actuelle, le théâtre d’une lutte pour des réformes et pour l’amélioration de la situation de la classe ouvrière, comme il arriva à certains moments. Le centre de gravité de la vie politique actuelle est complètement sorti du Parlement».
C’est cela qui s’est exprimé avec :
- La puissante mobilisation des gilets jaunes en novembre 2018
- La descente de centaines de milliers de citoyens dans les rues pour
s’opposer à la réforme de la retraite
- Les manifestations contre la vaccination obligatoire
La bourgeoisie qui exerce le pouvoir d’Etat à travers le gouvernement à sa botte et la violence institutionnalisée, utilise tous les moyens, y compris constitutionnels, l’article 49.3, pour faire approuver ses orientations et actions, en totale opposition avec la volonté populaire.
Aujourd’hui, il faut le reconnaître, la bourgeoisie capitaliste à la main en France. C’est dans ce contexte que les parlementaires des pays colonisés par la France livrent bataille avec pour certains courage et panache, dans le respect des codes établis par le système : propositions, amendements, adaptation, censure, convaincus qu’il servent les intérêts des peuples de leur territoire.
Mais, il faut bien qu’ils reconnaissent qu’ils sont dans un cirque, et qu’ils se doivent en aucun cas, par respect pour ceux qui les ont élus, endosser l’image du clown.
L’article 55 de la loi des finances 2024, tout misérable qu’il soit, ne peut pas être l’arbre qui cache la forêt. C’est toute la politique du pouvoir français affiché dans les 75 mesures du Comité interministériel de juillet 2023 qui se manifeste là.
Tous les élus des dernières colonies qui ont adoptés la «lamentation de Fort-de-France» ont ouvert la voie à l’appétit de l’ogre colonial.
Maintenant, les députés et sénateurs colonisés vont-ils comprendre, avec Vladimir Lénine, qu’il faut tourner le dos au «crétinisme parlementaire».
C’est-à-dire, accéder à la compréhension politique que la tribune du Parlement n’est qu’un point d’appui pour le relais des luttes populaires et sociales qui se déroulent dans leur pays, qui n’est pas la France.
Les peuples colonisés par la France trouveront-ils un parlementaire qui va monter à la tribune de l’Assemblée nationale ou du Sénat français pour dire : «Je prends la parole ici, au nom d’un peuple qui n’est pas une population dans le peuple français. Un peuple qui revendique son droit à l’autodétermination, à l’autonomie et à l’indépendance».
Nous passerons à ce moment du parlementarisme bourgeois d’accompagnement à une utilisation révolutionnaire du statut de parlementaire pour faire sauter la machine gouvernementale de la bourgeoisie.