Quadruplement de la taxe pour la préservation des ressources en eau en Guadeloupe

Les factures émises par le SMGEAG pour le 2e trimestre 2023 offrent une surprise désagréable : «La taxe pour la préservation des ressources en eau (ODE)», jusqu’ici perçue sur la consommation réelle de l’usager, est, à partir de ce 2e trimestre, calculée sur 4 fois le volume consommé.

Interrogé à ce sujet la réponse du SMGEAG est reprise textuellement ci-dessous : «Le Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de Guadeloupe est soumis à trois redevances à reverser à l’Offi-ce de l’eau de Guadeloupe dont les montants sont les suivants :
Il ressort de cette correspondance que les usagers, qui sont déjà lourdement impactés par les fuites des canalisations (et pour lesquelles ils n’ont aucune responsabilité), sont dorénavant taxés sur les pertes d’eau causées par la vétusté du réseau.
Le SMGEAG indique que c’est par erreur, que la base de taxation retenue était jusqu’ici la quantité d’eau consommée par les usagers, que la rectification est faite à partir du 2e trimestre 2023 mais qu’il ne sera pas fait de rappel pour les consommations antérieures.
Serait-ce de l’ironie ?
Pour rappel
Depuis de nombreuses années, la Guadeloupe est confrontée aux problèmes récurrents d’eau liés à la pollution et à l’absence d’entretien du réseau

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L’eau subit, d’une part, diverses pollutions, soit quasi permanentes comme la chlordécone, ou ponctuelles par des matières fécales, de l’aluminium, de la turbidité et bien d’autres causes.
Elle est analysée en sortie d’usine mais est distribuée par un réseau de canalisations vétustes et encrassées de telle sorte que lorsqu’elle arrive chez les usagers la qualité de départ n’est plus.
Même les résultats des analyses ne sont pas toujours complètement satisfaisants. L’ARS publie sur son site les résultats des contrôles sanitaires de l’eau potable par commune.
Pour de nombreuses d’entre elles on relève :
- Conformité bactériologique : oui
- Conformité physico-chimique : oui
- Respect des références de qualité : non
De ce fait, la grande majorité des usagers ne font pas confiance à la qualité de l’eau du robinet et achètent de l’eau en bouteille pour la boisson et parfois cuisiner ou se laver (plutôt que la réchauffer et la mettre en bouteille comme préconisé par certaine Sommité).
D’autre part, bien que la ressource soit suffisante, les fuites du réseau ne permettent pas une distribution permanente. Nombre d’usagers en sont privés sur de longues périodes et doivent surveiller les livraisons, souvent nocturnes, pour récupérer quelques litres de ce «précieux» liquide pour remplir des récipients de fortune et utiliser leur lave-linge ou lave-vaisselle.
Le droit à l’eau potable étant inaliénable, des problèmes aussi graves devraient influer sur la facturation puisque le service rendu à l’usager n’est pas conforme aux obligations du fournisseur. Pas du tout.
Le montant des factures est transmis par SMS par le SMGEAG alors que la facture suit par voie postale. Le délai de paiement est bref et il peut échoir avant la réception de ce document justificatif. Si le paiement n’est pas effectué en temps et en heure, la lettre de rappel suit et le recouvrement forcé n’est pas loin.
La question de la distribution de l’eau en Guadeloupe est complexe et sa résolution est fort couteuse mais ce n’est pas aux usagers de cotiser pour le faire. Ils payent déjà bien souvent indûment.