A 102 ans Lison René dit Berlan revendique son appartenance au Parti Communiste Guadeloupéen !

Entouré de toute sa famille, son épouse née Marie-Josiane Gros, ses enfants, ses petits-enfants, ses nièces, ses neveux et ses camarades communistes, Lison René appelé affectueusement Berlan, a soufflé ses 102 bougies à son domicile à Burat Sainte-Anne.

SON ENFANCE ET SA FAMILLE
Berlan a eu deux frères et une soeur. Son père était franc-maçon et sa mère catholique. Tous les enfants ont fait office de clergé. Il est né en Martinique et y a résidé jusqu’à l’âge de 17 ans. Le chômage et la misère, faisant des ravages en Martinique, l’ont poussé à s’exiler en quittant son île natale pour aller à la recher-che d’une vie meilleure. C’est ainsi qu’il a fait le choix de tenter sa chance en Guadeloupe, une île qui a beaucoup de similitudes avec la sienne. En ce temps-là, la Guadelou-pe était forte de 15 usines sucrières dont 4 à Marie-Galante et 11 sur le «continent» et une kyrielle de distilleries. A 17 ans, Berlan tente l’aventure en bateau à la découverte de la Guadeloupe. A son arrivée, le port de Pointe-à-Pitre était en pleine construction et c’est à l’aide de chaloupes qu’on débarquait les passagers.
Berlan avait quand même son oncle Paulin Francil, l’un des frères de sa mère, qui travaillait comme comptable, à l’usine du Comté de Lohéac à Sainte-Rose. Par hasard, Berlan a eu la chance de croiser le chauffeur de son père avec qui il a échangé pour l’aiguiller sur le pays. Son père, qui a passé le plus clair de son temps à Colón au Panama, était aussi venu travailler en Guadeloupe. Il était cuiseur à l’usine sucrière de Petit-Bourg.
SON PARCOURS
PROFESSIONNEL
Berlan a travaillé à l’usine du Comté de Lohéac en tant que peseur aux côtés de son oncle. C’est pendant qu’il travaillait à Sainte-Rose qu’il a fait la rencontre de Mademoiselle Florette Malédon qui deviendra sa première épouse avec laquelle il a eu 4 enfants. Berlan a travaillé durant 20 bonnes années à l’usine sucrière du Comté de Lohéac. Il a été géreur et inspecteur des cultures à l’usine. Après avoir quitté l’usine, Berlan a travaillé à la société Unité en qualité de maçon où il a côtoyé le comptable qui était communiste, Médard Arékian. Déjà dès l’âge de 15 ans, il était séduit par les thèses communistes. Grâce à sa rencontre avec le camarade Arekian, il s’est inscrit à la Fédération du Parti Communiste Français en Guadeloupe et suivait les cours qui étaient dispensés. Il a connu les quatre membres fondateurs du Mouvement Communiste à la Guadeloupe : Sabin Ducadosse, Rosan Girard, Hégésippe Ibéné, Félix Raphaël-Henri.
Après avoir quitté l’entreprise Unité, Berlan a été recruté à la ville de Pointe-à-Pitre en qualité d’adjoint technique sous la mandature d’Hector Dessout. C’est son dernier emploi en tant que salarié. Après avoir pris sa retraite, il s’est lancé dans le circuit économique par la création d’une station-service à Calvaire Baie-Mahault, pour soulager les automobilistes qui devaient faire de longues distances pour faire de l’essence.
LE MILITANT
Berlan qui est un homme aux multiples facettes a eu un long parcours d’engagement auprès de ses compatriotes car il a été un fervent militant politique, un vendeur du journal l’Etincelle, un syndicaliste, un ouvrier, un salarié puis un chef d’entreprise.
Interrogé sur la scission du Parti Communiste Guadeloupéen, en 1991, il a déclaré : «Cela a été un coup très dur pour moi, je ne les ai pas suivis». Interrogé sur le regard qu’il porte sur la politique en Guadeloupe aujourd’hui, il répond : «la politique en Guadeloupe ne mobilise plus, parce que ceux qui nous dirigent n’ont pas assez de cran».
Comme solution, Berlan donne son avis : «Je suis toujours pour l’Auto-nomie de la Guadeloupe».
Interrogé sur la façon dont il perçoit l’avenir du PCG, il répond : «l’avenir du Parti est là, il a sa place sur l’échiquier politique. Cependant, il faut des hommes francs, des hommes qui savent ce qu’ils veulent surtout».
Interrogé sur le rôle que doit jouer la jeunesse guadeloupéenne, il répond : «La situation de la jeunesse est difficile. Il faut commencer à travailler les jeunes en leur expliquant ce que c’est l’Autonomie». A 102 ans, Berlan continue de scruter toute l’actualité. Nous lui souhaitons un joyeux anniversaire et rendez-vous est pris pour l’année prochaine.