Dix années supplémentaires accordées au glyphosate !

Par essence, tout ce qui est nocif à la nature, à l’environnement, à la biodiversité est nocif à l’homme. Cela coule de source, et pourtant ! Nous sommes obligés de marquer notre indignation, devant le comportement et la décision retenue par les membres de la Commission Européenne qui par le fait que nous appartenons politiquement à la France, s’applique malheureusement de facto à nous également en Guadeloupe. Cette décision scélérate consiste donc à renouveler l’autorisation et la commercialisation du glyphosate (roundup) dans l’Union européenne jusqu’à décembre 2033.
La Guadeloupe pays avec une production agricole très intense par le passé, a connu au début des années 1980, l’accélération de la mécanisation de son agriculture, conséquence du remembrement ou autre remodelage des terres agricoles dont un grand nombre était constitué par le faire-valoir direct des usines. Cette nouvelle politique intensive de l’activité agricole a nécessité l’utilisation très poussée de ce désherbant plus communément appelé Roundup, que l’on pouvait se procurer très facilement et dont on était assuré de l’efficacité sur tout ce qui est broussailles, ronces, mauvaises herbes etc… A l’époque, c’était sans compter sur les effets négatifs que cela pouvait provoquer sur la santé humaine, notamment en matière de cancer. Le nombre extrêmement élevé de cas de cancer de la prostate chez nous doit certainement trouver une réponse dans l’utilisation intensive de ce poison à l’époque.
Au moment où des sommes astronomiques sont déversées dans les caisses de certains pour accentuer la culture d’une agriculture bio, de plus en plus, cette décision politique de la prorogation d’un produit aussi nocif que le glyphosate ne devrait jamais recueillir une position d’abstention de la part du représentant de la France lors de ce vote. Les échos des manifestations retentissantes qui ont eu lieu notamment en Martinique, en Guadeloupe et ailleurs à propos du chlordécone, et de tous les scandales phytosanitaires qui empoisonnent nos pays, n’ont pas fait fléchir autrement le Gouvernement français.
En refusant d’émettre un vote franchement contre cette décision de renouvellement de l’approbation du glyphosate, le représentant de la France, et par ricochet, le président Macron ainsi que les membres de la Commission européenne manifestent ainsi le manque de courage et de fermeté dont ils font preuve, face aux lobbies ?
En la circonstance, c’est l’occasion de rappeler que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Le président Macron une nouvelle fois renie ses engagements vis-à-vis du glyphosate, alors qu’il s’était engagé à l’interdire, montrant ainsi qu’il est le défenseur en chef de la haute finance, autrement à la merci des lobbies coupables de l’agrochimie internationale. S’il est décidé de proroger cette dérogation jusqu’en 2033, ce n’est nullement pour écouler du stock comme ils avaient argué pour le chlordécone en son temps. En clair, toutes ces autorités vont à contre-courant des évènements et des courants de pensées, que défend l’ensemble des acteurs environnementaux, associatifs et scientifiques qui luttent pour la protection de la planète.
Toutefois une question se pose, quelle est la parade qui est proposée comme substitution au glyphosate ? Dans un rapport remis en 2017 par l’INRAE (l’Institut national de la recherche agronomique et environnemental) aux différents ministres concernés, sur les usages et les alternatives au glyphosate dans l’agriculture française, il est fait mention de plusieurs objectifs : Analyser les usages du glyphosate, identifier les alternatifs possibles avec leurs incidences économiques, organisationnelles ainsi que les difficultés spécifiques à certaines filières ou modes de production. Ce rapport propose enfin des mesures d’accompagnement de la transition vers des systèmes de production sans glyphosate.
Quand on étudie les conséquences de l’utilisation de ce désherbant sur nos terres, notre production agricole et notre santé ici en Guade-loupe, en France, en Europe même ou ailleurs, la conclusion s’impose que c’est un produit extrêmement dangereux dont la fabrication doit être purement et simplement interdite sous toutes les latitudes.