La matrice des violences

Aujourd’hui, la majorité des habitants est confrontée à la vie chère. Quant à la société guadeloupéenne, elle est fondée sur la violence, l’exploitation de l’homme,la pwofitasyon.

Le mois de novembre a été en partie consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux harcèlements scolaires. C’est un sujet récurrent qui constitue un problème majeur et nécessite une prise en compte sérieuse.
De nos jours, on est amené à parler des «violences», tant elles sont diverses, multiformes et existent dans toutes les sphères de la société. Il y a très certainement un lien étroit entre la montée vertigineuse des différentes formes de violences et le développement de la société occidentale, à telle enseigne que nos grands-parents n’hésitent pas à faire régulièrement la comparaison entre leur époque et celle d’aujourd’hui. La matrice de la violence, c’est précisément le système dans lequel nous évoluons, qui sacrifie l’humain pour du profit, le système capitaliste.
C’est une violence sociale qui a des répercussions jusque dans les foyers et qui peut avoir de graves conséquences sur les victimes. Après des années de labeur pour faire vivre une entreprise, qui dit-on, constitue une famille, sans scrupule, les travailleurs sont largués, désabusés, puis jetés à la porte. La politique de délocalisation de l’entreprise est passée par là, et il y a des répercussions dans les foyers. Aujourd’hui, la majorité des habitants est confrontée à la vie chère. Quant à la société guadeloupéenne, elle est fondée sur la violence, l’exploitation de l’homme, la pwofitasyon. Cette société coloniale qui produit en permanence de la misère, des frustrations, le «démounaj» des individus ne peut engendrer que la violence. La Guadeloupe, qui donne l’image d’un pays développé à l’européenne, à l’occidentale, est en réalité, un pays sous développé avec une économie de surconsommation sans développement.
Ceux qui ont les moyens exposent leurs richesses et cela crée des frustrations chez ceux qui se retrouvent au bord de la société. Il ne faut pas perdre de vue que 34% de la population guadeloupéenne vit en dessous du seuil de pauvreté. Avec l’inflation galopante la société produit en son sein de nouveaux pauvres alors même qu’ils ont un emploi. Que dire de ceux qui sont au chômage ?
Chaque week-end s’achève avec son lot de violence. Récemment, c’est à Port-Louis, qu’elle a frap-pé. Un jeune homme a été abattu en présence d’autres jeu-nes. Quelques semaines avant, à Chauvel Abymes, un homme a été abattu en pleine rue. Comment mettre un terme à cette spirale de violence dans notre pays ?
Ce ne sont pas les moyens renforcés de police ou de gendarmerie, que nos élus réclament souvent, qui permettront de faire face à cette montée vertigineuse de la violence, violence qui ne dérange pas l’Etat français !
Nous pensons que cela passe d’abord par l’éradication de la misère économique, sociale, intellectuelle, culturelle… Cela passe par l’exigence de dignité retrouvée et de la responsabilité, toutes choses que nous ne pourrons atteindre que convaincus que nous ne devons compter que sur nous-mêmes.
Ce doit être un réveil de toute la société guadeloupéenne, sinon nous allons à un suicide collectif.