Hommage du Parti Communiste Guadeloupéen à Henri Bangou par Félix Flémin, Secrétaire général

Avec la disparition du docteur Henri Bangou se tourne une page de l’histoire contemporaine de notre pays.
Ce serait lui faire injure que de prétendre résumer en quelques lignes et réduire à quelques actions le parcours et la trajectoire d’une vie de plus de 50 ans d’engagement politique et qui chevauche deux siècles.
Le docteur Henri Bangou par sa personnalité a marqué de son empreinte la vie politique de la Guadeloupe.
Militant, dirigeant et élu du Parti Communiste Guadeloupéen, avec ses camarades de la direction du Parti, il a porté et fait avancer dans le pays la revendication de l’autonomie.
Tout au long de ses 32 ans d’engagement communiste il a servi et défendu les intérêts de la classe ouvrière et des couches populaires du pays sur la base de l’analyse et de la pensée marxiste.
Maire communiste de Pointe-à-Pitre, il a transformé la ville et la vie des Pointois et plus généralement des Guadeloupéens, en faisant de cette ville la capitale économique de la Guadeloupe.
Nos divergences ultérieures ne nous empêchent pas de reconnaître l’importance de son apport au Parti, dont il a été un élu apprécié pour ne pas dire adulé, qui a largement contribué au rayonnement et à l’influence dans le pays.
Reconnaître la dimension de l’homme, de l’homme de culture, de l’homme politique, de l’intellectuel, cheville ouvrière en 1959 de la journée des intellectuels communistes, qui s’est engagé au service de la classe ouvrière de son pays, autrement dit, rendre à Henri Bangou l’hommage qui lui est dû c’est faire preuve d’honnêteté et de rigueur politique.
Mais mes propos seraient dépourvus de sens et d’intérêt s’ils s’apparentaient à un panégyrique.
Je ne vais pas taire nos désaccords, pour satisfaire à je ne sais quelle convenance, ce serait faire preuve d’insincérité et d’un manque de considération et de respect pour l’homme, pour l’homme politique, pour sa famille et pour ses camarades.
Oui la scission opérée en 1991 au sein du Parti Communiste Guadeloupéen par la création du PPDG, a été un traumatisme dans le Parti et dans le pays et un coup terrible porté à la lutte d’émancipation nationale et sociale du peuple et des travailleurs guadeloupéens.
Notre pays paye encore le prix de cette scission, consécutive à une opposition sur la ligne politique de renforcement de la lutte contre le colonialisme, adoptée au 9e congrès du PCG en 1988.
En cette circonstance et en ce lieu où nous sommes solennellement recueillis devant la dépouille d’Henri Bangou, je veux dire à Jacques son fils le président du PPDG, que j’entends le camarade Henri nous exhorter d’en finir avec la sujétion coloniale.
C’est le sens des mots qu’il a prononcé le 11 mars 1988 en conclusion de son allocution d’ouverture du 9e Congrès du Parti qui s’est tenu là au Centre des Arts, à quelques mètres en face.
En cet instant de deuil, je salue avec respect l’homme et le militant politique, pour son apport, sa contribution et son engagement au service de l’émancipation du peuple guadeloupéen. Le combat se poursuit.
Au nom du Parti Communiste Guadeloupéen, je présente nos sincères condoléances, à ses enfants Jacques et Tania, à ses petits-enfants, à son frère notre camarade Michel, ainsi qu’à toute la famille, les assurant de notre affliction et de notre solidarité sincère.
Pointe-à-Pitre, le 26 novembre 2023