Le Electronik Groove Festival

Vendredi 24 et samedi 25 novembre s’est déroulé le festival Guadeloupe Electronik Groove. Revenu en force pour sa 4e édition, à l’Habitation Néron et Zévallos dans la ville partenaire du Moule, il en a mis plein les oreilles avec des créations originales autour de la musique électro, mêlée aux rythmes traditionnels du gwoka.

Le festival Electronik Groo-ve, c''est deux jours de scène sur deux sites différents, Néron Zévallos. Plus de 2000 personnes se sont retrouvées pour embrasser le mélange de deux styles musicaux que l’on penserait totalement opposés. «L''idée artistique était de créer une fusion entre ces musiques qui offrent des sonorités surprenantes. En combinant celles-ci, on démontre que l’on peut créer un mariage entre tradition et modernité et démontrer que la musique peut surpasser toutes les limites» confie Claude Kiavué, directeur du festival.
LE FRUIT D’UNE DÉMARCHE NOVATRICE
Le festival Electronik Groove a vu le jour en 2017. Il part d’un constat simple de la part de Claude Kiavué, anciennement directeur du Palais des sports du Gosier. «La musique électro fait la part belle dans toute l’Europe, mais reste peu diffusée et méconnue en Guadeloupe. Mes filles m’ont fait découvrir cet univers et ma curiosité a été piquée. J’ai eu la sensation qu’il y avait un terrain à exploiter». Contre toute attente, la 1ère édition crée la surprise. «Nous avons réalisé que nous pouvions aller encore plus loin pour intégrer les Guadelou-péens dans cette découverte musicale». Il a la bonne idée de joindre aux artistes électro des artistes de gwoka. «En me plongeant dans les rythmiques, j’ai tout de suite été surpris par la similarité que pouvait laisser entendre la musique afro house et ses percussions à nos musiques traditionnelles. Ces courants s’entremêlent depuis bien longtemps, notamment en Afrique, mais nous n’en avions pas conscience». Le festival évolue jusqu’à proposer une démarche originale. «Combiner les musiques électroniques et le gwoka sur scène 100% inédit et réalisé sur le territoire. Vous seriez surpris de voir à quel point ces musiques s’harmonisent et mettent en exergue toutes leurs qualités respectives. Avec ce groove, ces sons jazzy, le champ est illimité… C’est une ouverture sur un nouveau monde musical et c’est exaltant !».
UNE PROGRAMMATION UNIQUE
Ce festival tire son épingle du jeu par son volet culturel notamment par la mise en place de résidences de création. Ainsi, deux résidences de création ont été organisées : l’une réunissant Célia Wa, Roger Raspail et le beatmaker Jeebrahil (tous de Guadeloupe) et l’autre Sonny Troupé, Yann Cléry (Gu-yane) et le DJ Charly Amadou Sy (Sénégal). La première s’est déroulée à Sainte-Anne et la seconde à l’Habitation La Ramée. «C’est un vrai projet artistique de A à Z que nous développons. Il ne s’agit pas uniquement de convier des artistes sur scène en live, mais bien de préparer une programmation en amont où les artistes se rencontrent et élaborent ensemble les titres qu’ils joueront lors du festival. Nous-mêmes ne savions pas ce qui se tramait ! Nous leur avons laissé carte blanche et nous avons été ravis de découvrir le fruit de leurs collaborations». Durant ces deux jours, les Guadeloupéens ont pu profiter de ces scènes découvertes avec des artistes confirmés. «Nous sommes ravis qu’ils aient accepté notre invitation». Des musiciens de renom étaint présents ; parmi les Frères Timal de J-Marc Ferdinand, Leonard DaVinci, Yann Cléry et les invités Fritz Naffer, Joël Jean, Armand Acheron , Djenmbi (Jacques-Marie Basses), ainsi que le Dj Québécois Poirier. «De plus, la scène du vendredi soir a été l’occasion pour trois jeunes émergents DJ de l’archipel de démontrer tous leurs talents. C’est notre manière d’encourager la jeunesse à se professionnaliser dans cette discipline».
PORTER LE FESTIVAL AU-DELÀ DE LA GUADELOUPE
Mais, cette manifestation répond également à plusieurs objectifs. «Grâce à la confiance de nos partenaires comme le Conseil départemental et la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles), nous avons cette capacité de réaliser un processus de création musicale qui soit à la fois ouvert sur l’extérieur et centré sur la Caraïbe et avec l’ambition, par la suite, de le porter non seulement au niveau local mais aussi sur la scène internationale» ajoute Claude Kiavué. «Nous avons envie de brasser tous les publics et tous les âges, car nous sommes convaincus de la potentialité d’un tel événement musical. Ce mélange des genres met la lumière sur notre musique traditionnelle, mais lui apporte également cette modernité qui lui permettrait de l’élever à un autre niveau. On ne dénature en aucune façon le gwoka, mais le monde de l’électro s’en inspire pour offrir des sons plus universels. Nous avons le souhait d’ouvrir cette expérimentation sur d’autres territoires des Outre-mer !»