Commémoration du souvenir des premiers travailleurs indiens arrivés en Guadeloupe
C’est le 24 décembre 1854 que les premiers travailleurs indiens engagés arrivés par le navire Laurélie ont foulé le sol guadeloupéen.
Depuis, le 24 décembre 2004, les descendants de ces travailleurs indiens engagés commémorent leurs ancêtres en leur rendant un hommage au monument du premier jour érigé à La Darse à Pointe-à-Pitre.
Cette année, la manifestation revêt un caractère spécial car elle est désormais inscrite dans le calendrier officiel des manifestations culturelles et patrimoniales de l’Assem-blée départementale.
Cette manifestation qui fait partie de l’histoire de la Guadeloupe a nécessité une organisation con-jointe entre l’Assemblée départementale, représentée par Michel Mado conseiller départemental et président de la Commission Déve-loppement culturel et gestion du patrimoine du Département, le Conseil régional représenté par Mme Betty Armougon, vice-présidente de la Commission travaux et infrastructures, la ville de Pointe-à-Pitre, pour l’occasion représentée par Mme Marie-Odile Louis-Alphonse, élue à l’animation des quartiers et le Comité du souvenir présidé par M. Gérard Pétapermal.
Parmi les autres invités, étaient présents le député de la 1ère circonscription, M. Olivier Serva, M. Luc Reinette membre du FKNG, M. Raymond Boutin, historien et bien d’autres personnalités civiles et politiques.
Comme il est de coutume, la cérémonie s’est déroulée suivant un programme ponctué de danses, de dépôts de gerbes et des différentes interventions. Cette édition avait pour thème : «Vivre mieux encore ensemble» présenté par l’historien Raymond Boutin.
En préliminaire, il relata l’arrivée de la demoiselle Minoutchi qui à 26 ans, enceinte d’une petite fille, débarquait du navire Laurélie, à Pointe-à-Pitre le 24 décembre 1854. L’enfant prit naissance le 25 janvier 1855 aux Abymes.
D’après le récit de M. Boutin, la demoiselle Minoutchi a enraciné sa culture dans la terre de Guadeloupe et portait ainsi sa pierre à un édifice déjà bien en place. Avec l’arrivée des Indiens, la Guadeloupe a bénéficié de l’introduction du riz dans l’alimentation, du colombo, de l’arrivée de cultes nouveaux, tout cela s’est produit dans un climat conflictuel. L’historien a fait un plaidoyer pour le vivre ensemble.
Il serait préférable, dit-il, que tous s’approprient le passé de chacun, que tous participent à ce auquel l’autre tient, sans distinction entre blanc-pays, descendants d’hommes réduits en esclavage, d’engagés africains, de Guade-loupéens originaires de l’Inde.
Il appelle à un Samblani au nom de toutes les victimes et émet ce voeu : «Quand les Guadeloupéens s’accepteront dans leur diversité arc-en-ciel, sans aucune exclusion et se rassembleront autour de la source bienfaitrice, alors le pays sera sauvé».
Le monument de La Darse a été érigé en 2004, à l’occasion du 150e anniversaire de l’arrivée des premiers travailleurs indiens en Gua-deloupe. Etant dans un espace insalubre, les associations indiennes, depuis le 166e anniversaire, avaient formulé le souhait de déplacer le monument vers un lieu plus respectueux comme dans les jardins du Mémorial ACTe. Une demande justifiée à plus d’un titre, puisque c’était en lieu et place de l’usine Darbous-sier qu’étaient parqués à l’arrivée, les travailleurs immigrés venus de l’Inde. C’est une demande qui a reçu un accueil favorable.
En effet, le 17 décembre 2023, à l’occasion de la visite de l’ambassadeur de l’Inde en France, son Excellence Jawed Ashraf qui a séjourné trois jours en Guadeloupe, une gerbe a été déposée à La Darse, suivie de la pose de la première pierre de l’esplanade du premier jour sur le site de Darboussier. Les deux collectivités majeures ont décidé de conjuguer leurs efforts pour déplacer le monument.
Aussi, le comité du souvenir a bien l’intention de mettre à profit toute l’année 2024 pour honorer ceux qui ont marqué l’histoire, ceux qui ont laissé leurs empreintes à travers les danses, les instruments de musique, l’art culinaire et les plantes qui font partie de la végétation guadeloupéenne comme le «vèpèlè» qui est un des symboles de la culture indienne. Les temples hindous et les cérémonies indien-nes ne seront pas oubliés.
Le président du Conseil régional Ary Chalus a, de son côté, manifesté la volonté de faciliter les échanges, commerciaux et touristiques entre la Guadeloupe et l’Inde.
D’ores-et-déjà, un appel a été lancé à toutes les associations indiennes pour prendre part l’année prochaine au 170e anniversaire de l’arrivée des travailleurs indiens en Guadeloupe, qui se déroulera pour sa toute première fois au Mémorial ACTe.