Moyen-Orient : Israël et les Etats-Unis envisagent une déportation totale de Gaza
Déporter tous les habitants de Gaza, tel est le plan commun des États-Unis et d''Israël. Selon ce plan, les Palestiniens seront «relocalisés» en Égypte, en Irak, en Turquie et au Yémen. Ce nettoyage ethnique à grande échelle est cyniquement présenté comme un plan d''aide «moral et humanitaire».
Dans l’histoire récente des guerres, rarement un massacre de civils et d’enfants a été aussi intense et massif qu’à Gaza, l’un des endroits les plus densément peuplés du monde. La destruction du nord de Gaza en moins de sept semaines se rapproche de la dévastation causée par les années de bombardements massifs des villes allemandes pendant la Secon-de Guerre mondiale.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, un enfant est tué toutes les dix minutes. Plus de la moitié de la ville de Gaza a été détruite, y compris des écoles et des mosquées. Les hôpitaux ne fonctionnent plus. Les boulangeries sont fermées et il n’y a presque plus d’eau potable. La destruction et le massacre se produisent à l’échelle industrielle, avec l''aide de l''intelligence artificielle.
Les gens ont d’abord été chassés du nord, mais c’est maintenant au tour du sud avec de lourds bombardements et une offensive terrestre contre la ville de Khan Younis. Selon un haut responsable de l’Agence d’aide humanitaire des Nations Unies, les conditions y sont désormais apocalyptiques. Aucun enfant n’a un accès illimité aux soins, à la nourriture ou à l’eau. La famine menace. Et comme les égouts ne fonctionnent plus, il y aura des épidémies massives.
Les Gazaouis sont désormais invités à partir vers Rafah, le point le plus au sud de Gaza, où se trouve également le poste frontière avec l’Égypte. Officiellement, l’objectif d’Israël est d’éliminer le Hamas. Mais la férocité et la cruauté avec lesquelles l’armée israélienne agit révèlent qu’il s’agit là d’un prétexte pour un autre objectif : l’expulsion complète de la population de Palestine, en commençant par Gaza. Selon le philosophe juif Moshé Machover, ce projet existe depuis longtemps : «Nous attendons en réalité le moment où ils pourront être définitivement expulsés vers les pays voisins. Cela ne sera possible que lors d’une guerre à grande échelle et je crains qu’Israël ne soit prêt à la provoquer».
NOUVEAU PLAN
D’EXPULSION
Israël veut augmenter le niveau d’inhumanité à un point tel que les habitants de Gaza n’auront finalement d’autre choix que de partir. Cela semble être le plan caché, même s’il l’est de moins en moins. Un plan avait déjà fuité fin octobre auprès du ministère israélien du Renseignement. Ce plan prévoyait une déportation permanente de la population de la bande de Gaza vers le désert du Sinaï en Égypte. Le Caire rejeta complètement ce plan.
Mais Israël est déterminé à poursuivre ce nettoyage ethnique à grande échelle. Dans un récent article paru dans le Wall Street Journal, deux membres israéliens de la Knesset ont appelé les pays occidentaux à accepter les réfugiés palestiniens. Gila Gamliel, ministre du renseignement, a écrit un texte similaire dans le Jerusalem Post, dans lequel elle suggère la «réinstallation volontaire» des Palestiniens de Gaza dans d’autres pays du monde.
Aujourd’hui, un nouveau plan est apparu. Il s’agit d’un programme conjoint des États-Unis et d’Israël dans lequel ils veulent déporter la population de Gaza vers quatre pays : la Turquie, l’Égypte, l’Irak et le Yémen. L’Égypte ne devrait donc plus supporter seule ce fardeau.
Les chiffres par pays sont également déjà connus : un million de Palestiniens iraient en Égypte, un demi-million en Turquie, 250 000 en Irak et 250 000 autres au Yémen. Les quatre pays en question bénéficient déjà d’un soutien généreux de la part de Washing-ton. Le plan précise que ce soutien sera lié à la volonté d’accueillir les Gazaouis. En d’autres termes, les quatre pays seront soumis à de sérieuses pressions financières et peut-être aussi diplomatiques pour «accueillir» les Gazaouis.
Le pays clé est l’Egypte, qui doit ouvrir sa frontière. Joe Wilson, ancien député républicain et l’un des initiateurs de ce plan, est très clair à ce sujet. Selon lui, «la seule façon morale [de résoudre le problème de Gaza] est de s’assurer que l’Egypte ouvre ses frontières».
«Israël tente de minimiser les pertes civiles dans la bande de Gaza, mais le Hamas ne permet pas aux réfugiés de partir et l’Égypte n’est pas disposée à ouvrir ses frontières», écrivent les auteurs du plan dans le premier paragraphe. Pendant ce temps, six enfants sont massacrés toutes les heures.
Le plan se réfère à d’autres zones de conflit récentes pour expliquer les déplacements de population envisagés. «Ce ne serait pas la première fois que d’autres pays acceptent des réfugiés», indique le plan. Les auteurs font ici référence aux six millions d’Ukrainiens qui ont fui leur pays pour se réfugier en Pologne, en Allemagne et en République tchè-que, entre autres. Près de cinq millions de Syriens se sont également «déplacés» en Turquie, au Liban et en Jordanie, tandis que d’autres pays du Moyen-Orient et d’Europe en ont accueilli des centaines de milliers.
Le plan a été soumis à des personnalités clés de la Chambre des représentants et du Congrès américain et bénéficie du soutien des Démo-crates et des Républicains. Le nettoyage ethnique à grande échelle prévu est cyniquement présenté comme un plan d’aide «morale et humanitaire» : «Ses frontières voisines sont fermées depuis trop longtemps, mais il est désormais clair que pour libérer la population de Gaza de l’oppression tyrannique du Hamas et lui permettre de vivre sans guerre ni effusion de sang, Israël doit encourager la communauté internationale à trouver des solutions». Les moyens corrects, moraux et humains pour la réinstallation (sic) de la population de Gaza. Un bel exemple de novlangue !
Le plan porte également un coup dur à l’UNRWA, l’agence des Na-tions Unies pour les réfugiés qui se concentre sur l’aide et le développement des réfugiés palestiniens au Moyen-Orient… Ils accusent l’agen-ce de «propager le récit des réfugiés» et de «retarder la réhabilitation des réfugiés palestiniens pendant plus de soixante-dix ans et, en fait, d’aggraver la crise des réfugiés». C’est pourquoi ils veulent que l’agence soit fermée.
Nous sommes peut-être à la veille d’une déportation massive de Pales-tiniens, d’une seconde Nakba (l’expulsion massive de Palestiniens de Palestine lors de la création de l’État juif en 1948). Si les pays occidentaux veulent conserver une once de crédibilité, ils doivent agir immédiatement. Ils doivent imposer des sanctions économiques et diplomatiques contre Israël et également convoquer le Conseil de sécurité pour condamner et contrecarrer le sinistre plan des États-Unis et d’Israël. Dans le cas contraire, ils se rendent complices de ce désastre humanitaire annoncé.
Source : dewereldmorgen