Vous avez raison !

Plusieurs compatriotes m’ont interpellé à la suite de l’article que j’ai écrit dans le numéro précédent : «Contre tous les opportunismes et les compromissions». C’est la preuve qu’ils sont nombreux, les Guadeloupéens qui lisent l’Etincelle. Je les remercie très sincèrement non seulement parce qu’ils soutiennent le journal, mais surtout pour la contribution qu’ils apportent à l’approfondissement de notre réflexion.
Ils m’ont fait remarquer avec courtoisie et un esprit ouvert axé sur l’élaboration d’une analyse juste et opérationnelle que la réflexion que j’ai développée était inachevée, n’était pas complète et que même, je voyais les choses avec une certaine visière. Ils ont raison !
La question de l’opportunisme et de la compromission m’ont-ils dit ne concerne pas seulement les élites, les politiques et les syndicalistes. Elle traverse toute la société, fait agir toutes les classes sociales, les associations et autres organismes où interviennent des hommes et des femmes.
Peut-on parler d’un phénomène sociologique généré par un modèle économique déficient et pervers ? Nous savons tous que l’homme a des besoins vitaux pour vivre : se nourrir, se loger, s’habiller, s’instruire, aimer, s’amuser, etc.
Normalement, dans une société organisée qui fonctionne selon les lois du développement, de la justice sociale, de l’épanouissement humain, ces besoins devraient être satisfaits dans la plus parfaite égalité sans léser personne.
Mais quand la société connaît une économie en berne, incapable de créer suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins humains, quand les vautours politiques vampirisent le pouvoir politique et économique pour leurs seuls intérêts, alors c’est le règne de la débrouille, du «masko», de «poté mannev» qui triomphe.
C’est dans ces conditions que l’on voit fleurir les comportements opportunistes. Les individus pour obtenir une quelconque satisfaction personnelle arrivent à perdre toutes valeurs sociales et morales, tout sens politique en se plaçant dans le courant dominant. On vote aux élections contre son opinion politique, on discrédite ses amis pour se faire bien voir, on accepte de faire ce que l’on n’approuve pas, etc.
Il arrive même que certains individus soient contraints, poussés par ceux qui tiennent le manche, à se compromettre dans l’espoir de ne pas perdre la position acquise par opportunisme et ruse. Là, c’est la porte ouverte aux transgressions de la loi, la participation à des actions illégales.
L’opportunisme et la compromission conduisent en général à la corruption. Ce phénomène social est un véritable problème pour un développement harmonieux de la société.
Le docteur Rosan Girard, co-fondateur du Mouvement communiste en Guadeloupe, prenant la mesure de ce fléau dès les années 1960, a lancé le mot d’ordre d’engager une véritable révolution culturelle portant sur le changement des mentalités et des comportements pour faire du Guadeloupéen un homme meilleur.
Ce mot d’ordre se conjugue dialectiquement avec cet appel en conclusion de l’article précédent : «Nous devons nous employer à faire dérailler toutes les formes d’opportunisme et de compromission pour libérer l’énergie positive de notre peuple afin d’ouvrir la voie de l’émancipation».