A propos de l’Education nationale

Chaque année, ces discours officiels deviennent récurrents qui tentent de dresser l''état des lieux pour peaufiner la préparation de l''année scolaire à venir et justifier des mesures de plus en plus désastreuses et fondées sur l''indéniable volonté politique des gouvernants de circonscrire l''Éducation dans sa mission de garantir la survie des institutions et de l''idéologie dominante qui les sous-tend.

Régulièrement, les débats tournent autour des guerres de chiffres, de problèmes d''effectifs et des mesures de cartes scolaires y attenantes. Les représentants des personnels se contentent de dénoncer les atteintes aux droits de leurs mandants et d''exiger de meilleures conditions d''exercice pour les élèves et les enseignants.
Ces différends de façade, s''ils ont le mérite de provoquer parfois des mouvements de revendications et d''obtenir des avancées ne permettent en tout cas pas d''aborder les problèmes cardinaux qui gangrènent le système éducatif appliqué dans notre pays.
Car en vérité et il est important de le préciser, les fondamentaux des programmes éducatifs, les considérants qui ont présidé à leur conception et à leur organisation à partir de la France-Métropole, n''ont aucun lien avec des objectifs d''accomplissement, des aspirations sociales, économiques et culturelles des Guadeloupéens.
Ce système éducatif n''est donc pas pour chaque élève, chaque enseignant guadeloupéen cet outil essentiel d''émancipation et d''épanouissement ; Il reproduit des valeurs et des normes au moyen de tous ces programmes scolaires, tous ces dispositifs réglementaires et autres réformes qui sont en fait construits sur la base des exigences conformes aux intérêts de classe du pouvoir en place. L''école telle que conçue est donc chargée d''endoctriner, de transmettre des savoirs déterminés et organisés, pres-qu''une entreprise de conformisme et de soumission aux normes.
L''oeuvre coloniale n''a donc pas pour vocation l''émancipation de notre peuple par la scolarisation. Sa mission est clairement orientée vers l''assimilation à la langue et la culture française dans le but d''assurer la pérennité des rapports de domination dans le cadre bien sûr du système néolibéral qui régit la société occidentale.
Il paraît dès lors clair que l''école guadeloupéenne pouvant garantir un taux maximum de réussite devra dans sa conception participer à une meilleure compréhension des enjeux politiques, culturels et économiques pour permettre à chacun de s''impliquer dans la société et d''accompagner l''évolution du pays vers l''émancipation. C''est en fait ce qu''on appelle préparer l''élève citoyen à son insertion en tant qu''acteur dans le processus permanent de développement de son pays.
Par-delà sa mission élémentaire d''apprendre les fondamentaux que constituent lire, écrire et compter, l''école, dans ses fondements et ses orientations, doit prendre en compte cette culture scolaire garant d''une gestion des réalités historiques, culturelles, sociologiques, économiques du pays. Plus la distance entre cette culture scolaire et celle du milieu d''appartenance sera courte, plus la réussite de l''institution sera élevée.
Dès lors, il convient d''admettre que le système éducatif français élaboré pour un pays industrialisé avec ses réalités propres n''ayant peu ou pas de similitudes avec la Guadeloupe, ne peut en aucune manière être applicable chez nous. Il en découle que les exercices fallacieux de comparaison de taux de réussite des élèves des deux pays, ne répondent à aucune logique.
Bien plus que les adaptations de programmes, il faut pour la Guadeloupe une politique éducative cohérente capable de faire surgir une véritable dynamique de développement. Les programmes d''études devront répondre aux défis de compétitivité nationale et internationale car sans un système éducatif pensé, initié et élaboré par des Guadeloupéens et en lien étroit avec nos propres réalités, il ne peut y avoir de participation consciente à la préparation de la construction des sociétés de demain.
Et c''est là tout l''enjeu politique dont l''analyse met en exergue l''impérieuse nécessité qu''il y a pour notre peuple de se débarrasser des liens coloniaux qui nous unissent à la France et qui hypothèquent toute possibilité de transformation de la société issue d''un vrai débat public dont la qualité, l''authenticité et l''efficacité dépendent réellement de la capacité de chaque Guadeloupéen, de chaque Guadeloupéenne à y porter sa contribution consciente fruit de son niveau d''éducation et donc de sa capacité à se servir de son propre entendement.
Le Parti Communiste Guadelou-péen depuis son avènement en 1944 a régulièrement porté sa contribution aux réflexions menées dans le domaine et beaucoup de ses militants ont été victimes de la répression coloniale pour avoir osé dénoncer l''inacceptable.
Le combat donc pour l''existence d''un système éducatif au service d''une école guadeloupéenne est éminemment politique. Il devra contribuer à sortir nos enfants d''une institution dans laquelle la mémoire qu''on leur constitue n''est pas celle de leur peuple, l''histoire qu''on leur apprend n''est pas la leur, les héros qui leur sont imposés sont souvent des bourreaux. Une institution où tout semble s''être passé ailleurs que chez eux.
Qui donc mieux que les Guadelou-péens peuvent s''atteler à cette mission et atteindre l''objectif... «Les meilleurs spécialistes des affaires... guadeloupéennes, ce sont les... Guadeloupéens eux-mêmes».