La violence……Quelles violences ?

Nos décideurs ont la fâcheuse tendance à se réfugier dans une espèce d''adhésion conformiste à la théorie de la génération spontanée ou de malédiction chronique pour se vautrer dans le culte de la fatalité. Ils refusent le principe de la causalité, ils réfutent tout effort de diagnostic, toute analyse des causes qui permette de dégager des méthodes rationnelles de traitement des problématiques qui gangrènent notre société.

Ainsi, depuis tout de même quelque temps, il est beaucoup question de violence, cette violence que les spécialistes ou autres observateurs avertis circonscrivent dans un larel très fermé des seuls différends tragiques qui opposent trop souvent, certes, notamment les jeunes Guadeloupéens.
Alors nos élus, très attentifs surtout en période électorale, réclament à grand renfort de publication, des renforts de police et les services de l''état pondent à tour de bras, organismes, structures et dispositifs identifiés par des sigles à forte résonance...
FIPD (Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance)
CLSPD (Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance)
CISPD (Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance).
Equipe de Prévention Spécialisée.
La loi confie pompeusement au maire la responsabilité de l''animation, sur le territoire de sa commune, de la politique de prévention de la délinquance et de la coordination de sa mise en oeuvre.
Cela suffit, en considérant les moyens et prérogatives qui sont à disposition de ces collectivités, à mesurer le peu d''intérêt accordé au traitement de la problématique qui est devenue par ailleurs un véritable fléau sociétal.
Alors s''organisent ici et là, souvent sur injonctions préfectorales, des réunions, séances de travail et autres séminaires visant tous à réduire la délinquance sans jamais que les organisateurs -animateurs aient à leur disposition quelque outil d''évaluation permettant de juger des effets positifs de cette "politique".
Ça et là, des campagnes de sensibilisation invitent les "délinquants" à faire preuve de civisme en venant déposer leurs armes et peut-être pour rester dans une posture de noble dignité, des marches blanches sont organisées pour fustiger ces actes intolérables et espérer qu''une prise conscience émanera de ces manifestations pacifiques de colère populaire.
Mais en vérité, qui sont les acteurs de cette violence que l''on prétend gratuite ? C''est peut-être là, the question, celle qui pourrait guider des pistes de réflexion surtout maintenant que l''on ne peut plus attribuer les méfaits aux seuls étrangers au grand dam d''ailleurs des adeptes de la xénophobie "paracaribéen" ou de ceux de nos compatriotes atteints du venin de nationalisme étroit.
Notre propos n''est pas de justifier ou tenter de faire accepter la violence sous quelque forme que ce soit d''ailleurs, mais de tenter de comprendre les éventuelles interactions entre les faits de l''histoire et certaines manifestations de notre société, fruits de la colonisation esclavagiste et donc en lien avec un certain mal-être collectif.
Tous les spécialistes de la question sont unanimes à reconnaître que le passé a laissé des traces comme une mémoire traumatique.
Tout est violence dans le processus de "construction" du peuple Guadeloupéen.
La violence coloniale est culturelle car l''assimilation est par essence l''acceptation de la négation de soi-même ; Elle est économique car imposant un système en totale contradiction avec les pratiques, mès é labitid du peuple et sans aucune perspective de développement ; Elle est génocidaire car procédant subtilement mais effectivement à un véritable repeuplement.
Cette société coloniale avec son école portée par un système éducatif sans liens aucun avec les réalités du pays, vomit chaque année des dizaines de jeunes sans aucune qualification, ni même d''aptitudes.
Un tissu social avec un taux de chômage de près de 58% concernant les jeunes et ne laissant par ailleurs aucun poste de décision ou de responsabilité à des Guadeloupéens sauf rares exceptions venant confirmer ce qui est de règle ; Une télévision publique ne diffusant que 10% d''images Guadeloupéennes dans les productions ; Des décisions qui sont prises pour nous, à notre place à plus de 7000 kilomètres.
C''est cette violence institutionnalisée, entretenue, structurelle car en lien étroit avec les rapports coloniaux qui nous rattachent à la France qui suscite une lente accumulation de sentiments de ras le bol par ceux qui se sentent et à juste titre, accusés, dévalorisés, stigmatisés et spoliés.
Alors certainement l''absence de perspectives pour nos jeunes, le manque de logement pour les familles, l''échec du système scolaire pour les élèves, les bilans déficitaires pour les artisans, agriculteurs et autres pêcheurs, l''impossibilité de s''exprimer pour les artistes, voilà qui constitue une situation de violence caractérisée pouvant engendrer des manifestations de résistance qui peuvent prendre la forme de violence, la seule malheureusement répertoriée.
Il est certain que cette société néolibérale transporte en son gène les germes de la surconsommation imposant partout les conditions machiavéliques pour créer des sources de profit et de rentabilité.
En tout cas, tant que ce trafic d''armes et de drogues ne menace pas l''institution, tout autant que la mort des jeunes Guadeloupéens ne dépasse pas ce cadre-là, tant que l''ordre colonial établi ne sera pas perturbé par ces phénomènes, on assistera encore à cette paupérisation de la jeunesse restée au pays, à l''exode des cerveaux et au phénomène de violence génocidaire.
Il est donc clair qu''à ce rythme-là, nous courons à la disparition du peuple Guadeloupéen en tant qu''entité et qu''un sursaut aujour-d''hui devient salutaire. La réponse à cette situation est éminemment politique et passe par le rassemblement de toutes les forces en mesure de dire leur opposition à la descente aux enfers orchestrée de notre peuple, à s''engager à participer à une campagne de sensibilisation de nos compatriotes et d''interpellation des autorités françaises. Il est maintenant d''une impérieuse nécessité de réfléchir à l''élaboration d''un document consensuel qui doit tenir lieu d''action de salut public. Cela peut être le point d''un nouveau départ du mouvement de décolonisation de la Guadeloupe.
Le Parti Communiste Guadelou-péen qui a toujours lutté pour le rassemblement des forces anticolonialistes lance encore aujour-d''hui l''appel à un sursaut guadeloupéen rassemblant celles et ceux qui sont prêts, considérant la gravité de la situation, à mener ensemble pour l''intérêt général, des actions visant à la sauvegarde de notre peuple.