Eveiller les enfants à la musique
Il est dit que la musique adoucit les moeurs. C’est le souhait du dispositif DEMOS (Dispositif d’Education Musical et Orchestral à vocation Sociale), mis en place depuis 2017 sur le territoire de Guadeloupe, qui offre l’opportunité à une centaine de jeunes enfants de découvrir l’univers de la musique et notamment d’apprendre à jouer d’un instrument. Une initiative qui a offert de belles surprises et qui a vocation à s’inscrire dans le temps.
Dans le projet Démos, toutes les lettres sont importantes, car elles désignent toutes un pan important du projet. «Le but est d’emmener les enfants à s’intéresser à la musique, mais également de les inciter à prendre part à un programme pédagogique encadré par des professionnels de l’enseignement. Nous sommes très attachés à ce dispositif et nous sommes heureux de lancer la seconde cohorte» souligne Francesca Faithful, vice-présidente de Cap Excellence et présidente de la commission culture et patrimoine.
PLUS DE 100 ENFANTS CONCERNÉS
Dès 2010, le Philharmonie de Paris, avec à sa tête Olivier Mantei, et Gilles Delebarre, directeur Démos à la Cité de la Musique, lance les esquisses du projet Démos. «Près de 50 villes ont répondu présent et la Guadeloupe a rejoint les rangs en 2017 par la volonté du président de Cap Excellence Éric Jalton, principal partenaire financier. La première édition, qui s’est achevée en 2021, a été un grand succès et nous n’avons pas hésité à réitérer l’expérience !». En effet, plus de 90 enfants des agglomérations de Pointe-à-Pitre, Baie-Mahault et Les Abymes, ont pu profiter d’un accès à des ateliers hebdomadaires musicaux. «A l’issue d’échanges avec les écoles, les CCAS et centres sociaux, nous avons proposé à des enfants de participer à ce projet. Il était question de les sortir d’un quotidien parfois difficile et de leur apporter une petite parenthèse... Car, pour certaines familles vivant des minima sociaux, c''est une bouffée d’air frais !». Car la musique peut être un moyen de s’ouvrir au monde. «Il y a une vraie approche collective et artistique de la musique pour qu’ils puissent évoluer au fil des mois, qu’ils éveillent leur curiosité et surtout qu’ils déclenchent une passion pour un instrument…», ajoute Francesca Faithful.
A LA CONQUÊTE
D’UN INSTRUMENT
Pour cette seconde édition, débutée en 2022, le dispositif Démos a évolué. Les enfants concernés ont entre 8 et 10 ans. «Nous avons réalisé que c’est à cet âge-là qu’ils sont le plus curieux et impliqués à l’idée de pratiquer une nouvelle discipline. De plus, nous sommes très consciencieux sur leur choix des instruments. Cuivre, violoncelle, tout est possible, mais celui-ci doit être décidé avec l’équipe des professeurs de musique intervenants et Jean-Michel Lesdel, chef d’orchestre et directeur de l’école de musique au Lamentin, pour ne pas qu’ils ne se lassent ou abandonnent trop rapidement. Ils s’appuient, au départ, sur leurs connaissances en chant et danse traditionnel de nos îles, notamment avec le ka, pour glisser vers la musique classique. Il est primordial qu’ils acquièrent ces bases et nous avons mis l’accent sur l’encadrement pour que ces enfants soient suivis tout au long du processus».
UN BILAN OPTIMISTE
«Pour notre plus grand bonheur, les résultats sont bien là ! Nous avons de très bons retours de la 1ère cohorte qui a, aujourd’hui, constitué un orchestre avancé de 60 enfants ! Cela réchauffe les coeurs !». Le bilan de Démos est, dès lors, positif. «Nous sommes ravis de voir que les parents s’investissent également à travers la chorale adulte. C’était inespéré de voir un tel engouement et nous avons plaisir à organiser des spectacles où toutes ces générations se produisent». Deux fois par an, en juin et décembre, les élèves Démos performent sur scène. «Nous avons également la chance d’avoir un parrain de qualité, l’ancien footballeur Lilian Thuram, qui se montre très présent pour eux et dont nous apprécions le militantisme en faveur de l’intégration des enfants défavorisés» explique Francesca Faithful.
UN NOUVEAU SOUFFLE
Démos, en partenariat avec la Caf, le Conseil départemental, le gouvernement et les mécènes privés, entend bien évidemment ouvrir le champ de la création et de la pratique musicale de façon gratuite et pérenne aux jeunes guadeloupéens et, ainsi, insuffler de bonnes ondes auprès de la jeunesse. «Nous constatons une évolution dans le comportement de ceux-ci. Que ce soit au sein de leur cercle familial mais également du côté de leurs notes à l’école. C’est encourageant pour la suite. Ces ateliers sont autant de moments d’éveil musical que des lieux de rencontres, de discussions et de convivialité. Les enfants se sentent investis d’une mission autour de la musique et ont le besoin de rendre fier leur entourage ! Et nous le sommes !».