«Transoceanique» : un nouveau cache-sexe pour habiller le colonialisme


A l’origine, c’est l’Etat français qui a toujours utilisé des mots et des expressions pour masquer la nature coloniale de son système. Il a d’abord parlé des Antilles françaises avant de nous dénommer, la «France des Amériques». Depuis la loi de Départementalisation de 1946, il nous a dénommé «département d’Outre-mer», puis «les Outremers français» pour nous identifier aujourd’hui comme «Régions ultrapériphériques de l’Europe». La France a pris la liberté de nous nommer, pour nous imposer sa vision géostratégique de domination et d’aliénation culturelle.
Mais là, où cela devient insupportable, c’est lorsque l’on voit des élus représentants les peuples des colonies rivaliser dans le ridicule, pour prendre le relais du colonisateur dans sa démarche d’effacer notre identité de peuple.
Au mois de mai 2023 nous avons assisté au triste spectacle «d’effeuillage» du député Olivier Serva soutenant à l’Assemblée nationale française un amendement demandant à remplacer dans les document officiels l’expression «Métropole» par celle de «France hexagonale». Une expression utilisée depuis un certain temps comme cache-sexe pour tenter de cautériser en vain la plaie du colonialisme incrustée dans la matrice de la France.
On croyait atteindre le sommet de la tartufferie après ce coup foireux du député Serva, qui s’était déjà illustré dans des prises de position scabreuses. Mais, on est encore loin du compte. Le diable, c’est connu, se cache dans les détails.
Au mois d’octobre 2023, on est littéralement scotché en apprenant par la voix du député martiniquais Jean-Philippe Nilor, que le groupe LFI va déposer à l’Assemblée nationale une résolution pour remplacer le terme «Outre-mer» par l’expression «Transocéanique de France».
Venant de Jean-Philippe Nilor, un militant indépendantiste martiniquais, un député qui jusqu’à ce jour, a fait preuve de clairvoyance et de courage politique, c’est un véritable tsunami dans le camp de tous les partisans anticolonialistes.
Comment le député Nilor peut-il penser gagner le peuple, en agitant ce nouveau cache-sexe «Transocéanique de France» pour remplacer une expression déjà condamnée par l’histoire ?
Car, il est clair pour tous les honnêtes gens que : «Outre-mer» et «Transocéanique», c’est bonnet blanc et blanc bonnet. C’est tout simplement la même chose.
Il est lamentable que Jean-Philippe Nilor reprenne à son compte la même démarche injurieuse et méprisante de l’Etat français pour nommer les peuples qu’il colonise, en ajoutant une injure de plus à tous ces termes qui les maintiennent dans l’aliénation : «Outre-mer ; ultra-marin ; ultrapériphérique, métropole …».
En entendant de telles «couillonnades», la parole du «Nègre fondamental» Aimé Cesaire, nous vrille les tympans : «Quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre au carnaval des autres, ou dans les champs d’autrui l’épouvantail désuet ?».