Solange Nadille : «Je veux être dans l’action pour notre archipel»

Pour la sénatrice de Guadeloupe, Solanges Nadille, la nouvelle année sera synonyme de continuité. Élue en septembre dernier, l’adjointe au maire de Terre-de-Bas affiliée au groupe politique RDPI (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants) entend poursuivre son engagement et joindre les mots à l’action.

Voilà une rentrée agitée avec la nomination de Gabriel Attal, 34 ans, en qualité de Premier ministre. Quel est votre sentiment face à cette information ?
De nouvelles personnes arrivent au gouvernement et nous devons jongler avec ce remaniement avec intelligence. Je n’ai aucune réticence en ce qui concerne la jeunesse de notre nouveau Premier Ministre. Au contraire, je m’inscris dans cette volonté de voir émerger une nouvelle génération politique qui est davantage dans l’action que dans la communication. Nous en avions besoin, et encore plus en Guadeloupe. Nous avons une majorité de travail, ainsi l’impact est minime. Nous devons donc reprendre nos dossiers en cours et se mettre au travail !
Six mois après votre élection au Sénat, quel premier bilan pouvez-vous tirer ?
Je me sens très bien à ce poste. Je me sens écoutée au sein de mon groupe avec qui nous développons, aux côtés de Dominique Théophile, une ligne directrice. Quand je ne suis pas d’accord avec celle-ci, je me permets de le dire. J’ai besoin de cette indépendance de décisions qui m’a toujours accompagnée depuis mes premiers pas en politique. J’ai pris à bras le corps cette mission qui m’a été confiée par les citoyens et je me donne les moyens de réussir. C’est important pour moi de répondre à mes promesses et d’alerter sur des sujets qui me tiennent à coeur.
Lesquels sont-ils ?
Je suis attachée à combattre les déserts médicaux. C’est un dossier brûlant que nous partageons avec d’autres régions de l’Hexagone. Nous insistons beaucoup sur nos spécificités insulaires mais nous oublions que certaines problématiques sont communes et qu’à plusieurs nous pouvons avoir plus de voix ! Dans ce cadre, je suis ravie de l’arrivée d’un médecin à la Désirade. C’est source de satisfaction. Dans un autre cadre, je suis également très attachée aux problèmes sociaux liés à la famille monoparentale livrée à elle-même (Solanges a fait carrière dans le milieu de l’emploi). Prochainement, je vais entrer en contact avec la CAF pour établir des réunions de concertation. Sans oublier le dossier du bien vieillir en Guadeloupe. Je serais la chef de file d’une proposition de loi destinée à apporter des soutiens aux maisons médicalisées, aidants et aides à domicile qui s’occupent de nos seniors. Je m’attèle à travailler sur des dossiers de fond en échangeant de manière très régulière avec des personnes ressources du territoire qui me font échos des retours. Il est important qu’un élu écoute son entourage mais prenne également en compte un environnement élargi pour pallier à toutes les attentes.
Vous semblez investie et cela fait du bien dans un contexte où l’on a tendance à être méfiant vis-à-vis des hommes politiques…
Et je comprends cette réticence car nous avons été déçus à de multiples reprises… notamment sur le sujet de l’eau en Guadeloupe. Mais nous ne pouvons pas résoudre 40 ans d’instabilité politique en deux ans… même si je fais de mon mieux tous les jours ! Le chemin est long pour restaurer une confiance avec la population mais également une confiance entre nous. Les querelles du territoire sont une porte d’entrée aisée au gouvernement pour justifier son inaction. Il s’infiltre dans nos divergences et utilise celles-ci contre nous en mettant tout en stand-by… Car, aujourd’hui, il y a encore trop de sorties de communication spontanées et pas assez d’anticipation. Je pense qu’il est essentiel que les élus locaux avancent ensemble. L’unité sera la clé pour présenter des propositions réfléchies, pertinentes et adaptées à notre archipel. Nous ne pouvons pas tout attendre du gouvernement si nous ne mettons pas déjà un peu d’eau dans notre vin. Cet orgueil mal placé et cette recherche intempestive des projecteurs se font au détriment de la population guadeloupéenne qui aimerait que nous travaillions pour elle.
Comment comptez-vous faire la différence ?
Je sais d’où je viens ! Je suis guadeloupéenne et je suis saintoise ! Mon mandat de maire est le plus beau qu’il soit car il me permet d’être au contact permanent de mes concitoyens. Ma devise pour 2024 est de travailler sur la continuité territoriale mais de façon optimisée... On ne peut pas envisager les mêmes aménagements pour une ville comme les Abymes ou pour Marie-Galante. Il faut prendre en considération le fait que nous soyons un archipel. A titre d’exemple, je suis toujours autant frustrée de voir nos îles isolées en matière de transport maritime… La Région est au courant mais n’a pas les moyens suffisants pour développer des solutions. A nous maintenant d’alerter le gouvernement pour qu’il débloque des fonds supplémentaires pour augmenter les rotations ou, dès lors, ouvrir les liaisons à d’autres armateurs. C’est un frein dans le développement économique de nos îles et je ne veux pas que ce sujet parte aux oubliettes.