L’agriculture durable : un vecteur d’innovation dans les pratiques agricoles

L’agriculture durable, c’est d’abord revenir à du bon sens et aux fondamentaux tels que l’allongement des rotations des cultures, le maintien des haies pour leur fonction écologique, le rapprochement du producteur et du consommateur.

L’innovation a néanmoins sa place puisque ces changements de pratiques peuvent passer par de l’expérimentation de nouvelles cultures, la conception ou l’adaptation de matériel. Mais, l’innovation se trouve d’abord dans la manière d’accompagner les agriculteurs : créer du lien et de l’entraide, aider chacun à identifier ses points de blocage et à trouver les moyens de les lever, plutôt que de proposer des conseils et des modèles descendants. Sur ces éléments, l’ensemble des acteurs économiques ont leur rôle à jouer, sur tous les maillons de la chaîne, pour proposer de nouveaux modèles et accompagner le changement des pratiques.
L’agriculture et l’alimentation forment un système indissociable, allant de la fourche à la fourchette, et même de la graine jusqu’au compost. Pour faire évoluer ce système, l’ensemble doit changer et donc la société entière doit changer.
L’agriculture et l’alimentation jouent un rôle prépondérant dans les grandes problématiques de notre siècle : chute de la biodiversité et réchauffement climatique, problèmes de santé (obésité, maladies cardio-vasculaires, cancers, etc.). Le système alimentaire dans son ensemble participe à 30% des émissions de gaz à effet de serre en France.
RÉSOUDRE LA QUESTION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE
Pour atteindre un système durable, nous devons donc agir sur l’offre et la demande : choisir des modes de production agro-écologiques, compatibles avec la préservation et la restauration de la biodiversité et qui portent en eux des solutions aux enjeux environnementaux.
Changer nos pratiques alimentaires. Nous ne pouvons pas continuer à manger comme nous le faisons aujourd’hui sur le long terme. Il faut parvenir à résoudre plusieurs problèmes sanitaires et environnementaux à la fois, en optant pour une consommation plus sobre et raisonnée.
QUELS SONT LES FREINS
À LEVER POUR PARVENIR
À CETTE TRANSITION
Le financement : les agriculteurs investissent énormément dans leurs appareils de production, bien plus que des entrepreneurs classiques. Or, il existe très peu de financements pour les aider à réaliser ces investissements ou à convertir leurs exploitations. Cela demande notamment une modification en profondeur de la PAC pour pouvoir mieux soutenir les initiatives vertueuses.
La reconnaissance de la plus-value de l’agroécologie pour la société : le marché ne rémunère pas à leur juste valeur les services environnementaux, nutritionnels et sociétaux rendus par les agriculteurs. Aujourd’hui, les produits labellisés agriculture biologique et agro-écologique coûtent plus cher au consommateur que les produits issus de l’agriculture intensive. Pourtant, si on intégrait les vrais coûts de l’agriculture intensive pour la société (dépollution des eaux polluées par les pesticides, appauvrissement des sols, etc.) et qu’en parallèle, on rémunérait les pratiques vertueuses de l’agriculture durable, nous aurions un alignement des prix entre les produits biologiques et non-biologiques.
L’information des citoyens : les citoyens doivent contribuer à la transition à travers la demande notamment, mais pour cela, il faut les informer et leur expliquer les conséquences de leurs choix de consommation. Il faut qu’ils puissent avoir confiance dans les réglementations et qu’ils aient accès à une information claire et complète sur les produits qu’ils consomment.
Un changement politique et réglementaire: c’est fondamental. Au niveau européen, la PAC (politique agricole commune) doit évoluer. Elle représente près de la moitié du budget de l’Union européenne et est une rémunération majeure pour les agriculteurs. Étant donné son poids économique, elle doit absolument prendre en compte ces enjeux agro-écologiques et être un moteur de la transition agricole et alimentaire.