Devoir d’assistance à oeuvre en danger
Une oeuvre d''art, dès son exposition au grand public devient patrimoine collectif et mérite pour cela qu''on en prenne le plus grand soin possible surtout si elle fait l''objet de commande authentique. Cela semble d''une évidente logique tant la négligence dans l''entretien et la conservation peut conduire à une rapide altération.
Bien évidemment, par-delà l''indéniable dimension esthétique ou la symbolique portée, l''oeuvre exposée acquiert un véritable statut social et de ce fait ne peut plus être que «bèbel» ou simple outil de propagande. Elle devient sauvegarde de patrimoine, expression de la pluralité des valeurs exprimées, des interprétations évoquées ; Elle tisse des rapports avec les citoyens usagers contribuant ainsi à créer un impact sur la vie sociale et la culture. Elle a «une âme et la force d''aimer de ces objets inanimés».
Il est donc clair que par respect pour l’oeuvre, par déférence pour l''artiste et considération pour le citoyen, une collectivité acquéreuse d''une production artistique est responsable de son intégrité et doit veiller à sa protection et à sa préservation. Il y va de l''image de l''artiste.
Notre regard s''arrête à l''entrée Est de la ville de Sainte-Anne plus précisément au giratoire de Ffrench, carrefour de Boisjolan sur la RN4. Là, sur le terre-plein central trône l''effigie d''un très grand peintre Saintannais, Guillaume Guillon Lethière.
Cette réalisation, oeuvre de l''artiste bien connu, Richard Viktor Sainsily-Cayol, s''inscrivait dans une démar-che globale de ce dernier qui s''intitulait «Grands visa-ges, hommage aux grands disparus» visant à mettre en exergue nos célébrités trop souvent occultées. Le concept eut grâce aux yeux de l''institution régionale et une inauguration officielle eut lieu en janvier 2009 un peu avant... les élections. Et depuis, c''est l''abandon total si l''on excepte l''entretien paysager.
Il est donc aujourd''hui d''une urgente nécessité que les autorités en charge prennent toutes dispositions pour se conformer à leurs obligations de conservation de l''oeuvre. Il y va du respect de la propriété intellectuelle, de l''estime du nom et de la qualité de l''artiste et de l''égard pour l''oeuvre mais également du devoir de mémoire dû à la magnificence de la production artistique de Lethière.
Cette attitude tout du moins inconvenante de l''institution nous paraît insupportable et pourrait dénoter un certain particularisme dans sa vision de la politique culturelle que d''aucuns seraient tentés de qualifier pour le moins d''insuffisante. Cette situation qui n''est pas isolée met en exergue cette totale cacophonie misérabiliste qui caractérise les gesticulations et autres activités sans fondement ni orientation, sans lisibilité ni visibilité et qui hélas tiennent lieu de politique culturelle.
C''est un problème éminemment politique qui dépasse le combat héroïque mené ça et là par les acteurs culturels isolés ou organisés pour s''inscrire dans une prospective encore plus large prenant en compte l''impérieuse nécessité qu''il y a de sortir de la logique coloniale, du populisme ambiant, de l''individualisme par trop sclérosant et comprendre que personne d''autre ne pourra à notre place trouver les voies et moyens et créer les conditions de l''émancipation de notre peuple par l''expression libérée de sa culture, partie intégrante de la culture du monde.
Il en découle que la rupture des liens coloniaux avec la France induisant l''instauration de nouveaux rapports mutuellement avantageux et prenant bien évidemment en compte les intérêts fondamentaux et les profondes aspirations de notre peuple, est seule de nature à créer les conditions de cette émancipation.