Le président Emmanuel Macron a lâché ses boas constricteurs

Le président Emmanuel Macron, prenant acte de l’inconsistance et de la vacuité des positions défendues par les signataires de ce fameux «Appel de Fort-de-France» déclara le 20 octobre dernier à l’issue d’une énième réunion à l’Élysée qu’il allait nommer deux experts que nous avons qualifié de «boas constricteurs», dès la connaissance de cette annonce, pour mener des consultations sur les éventuelles évolutions institutionnelles en Outre-mer.
L’absence de protestation des signataires de «l’Appel de Fort-de-France» suite à cette proposition vicieuse d’Emmanuel Macron, d’infantilisation des élus, de noyautage de la réflexion locale et d’un recadrage sous l’autorité de l’Etat, a confirmé la tendance de ces élus tétanisés par la peur du peuple, de refiler le bébé qu’ils ont porté sur les fonts baptismaux à l’autorité de tutelle.
Le président Emmanuel Macron en manipulateur habitué au retournement de situation, comprenant que par-delà les grandes déclarations de principe pour endormir le peuple, que les élus colonisés étaient bien à ses bottes, n’a pas tardé à mettre en application sa promesse.
Il a donc nommé le 18 janvier 2024 deux personnalités qualifiées : Frédéric Monlouis-Felicité et Pierre Egéa, pour, selon l’intitulé de la mission qu’il leur a confiée, «Définir le rapport des Outremers avec l’Etat ?».
Ils doivent présenter les options possibles d’une évolution des institutions des cinq collectivités régies par l’article 73 de la Constitution, dont la Guadeloupe.
Nous avons maintenant les éléments factuels pour lire le scénario joué par les collectivités et l’Etat sur le dos du peuple : «Zafè rat ka tété chat».
Malgré ces belles paroles des élus : «Rien ne se fera sans le peuple». Vous comprenez maintenant pourquoi les présidents des collectivités refusent obstinément de respecter les résolutions des congrès et d’ouvrir le débat dans le peuple sur cette question d’évolution statutaire.
En réalité, ils privilégient la ligne qui consiste à administrer le pays en dehors de la participation populaire, en recherchant le compromis au sommet avec le pouvoir d’Etat. Comprendront-ils qu’à ce jeu ils seront à la fin, le dindon de la farce. L’appareil d’Etat sur les directives d’Emmanuel Macron ne leur offrira aucun cadeau.
Ils ont encore une chance de sortir de ce piège : se débarrasser de ce vice de «Rat ka tété chat si do a pèp-la» en recadrant la mission des experts mandatés par le président de la République. Il faut les immerger dans les espaces de débat public que la commission ad hoc doit convoquer et les placer face aux organisations politiques, sociales, économiques et culturelles réunies dans une assemblée sur la question des rapports de la Guadeloupe avec l’Etat français.
Ce sera une façon de réhabiliter la politique et les politiques en Guadeloupe. Si Ary Chalus et Guy Losbar ne s’inscrivent pas dans cette démarche politique, il est de la responsabilité de tous les Guadeloupéens, qui estiment que le droit du peuple guadeloupéen à choisir son destin est inaliénable et ne peut être délégué à aucune puissance étrangère, à s’organiser pour faire capoter cette manoeuvre du colonialisme.