Carnaval : de quelle liberté, de quel amour, s’agit-il ?

A l’origine, le carnaval était satirique, un espace de défoulement sans débordement, dans cette société coloniale post esclavagiste. Les plus avertis utilisaient cette fête pour dénoncer certaines choses déplorables ou mettre en dérision certaines personnalités.

«Qui ne dit mot consent !», dit la citation. Le lendemain du débarquement des forces alliées en Normandie, précisément le 7 juin 1944, paraissait en Guadeloupe, le premier numéro du journal l’Etincelle, organe de presse du Parti Communiste Guadelou-péen (PCG), aujourd’hui devenu Nouvelles-Etincelles, qui fête cette année son 80e anniversaire.
Ce journal n’a jamais dévié de ses objectifs depuis sa création. C’est un journal d’information, d’éducation, de formation politique, de défense des intérêts des travailleurs, de mobilisation, pour la libération du peuple guadeloupéen. Certains reconnaissent même que c’est un contre pouvoir à la pensée unique.
Quand le malaise s’installe dans la société guadeloupéenne, à travers son organe de presse, les Communistes se doivent de réagir en donnant leurs points de vue sur tous les sujets de société, même lorsque cela dérange.
Il y a des mots qui sont utilisés à propos du carnaval et qui n’ont pas le même sens, la même résonance pour tous, comme, «liberté et amour». Il est bon de se rappeler que «la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres». Cette expression, bien connue de tous, est à la fois un précepte et un proverbe. Elle apprend à restreindre ses libertés en communauté, mais elle est aussi utilisée pour mettre en garde contre tout abus de pouvoir. Donc, elle a parfaitement sa place dans le carnaval.
Pour ce qui est de l’amour dont se revendique un groupe carnavalesque dénudé qui défraye la chronique, c’est certainement une utilisation abusive de cette liberté, laquelle dans sa traduction, est fondée sur l’instinct sexuel. Ce qui peut entraîner des comportements variés, pour ne pas dire des déviances.
Pourtant, on a beau espéré une évolution du carnaval guadeloupéen pouvant attirer des devises au pays, et même s’exporter. Manifestement, les projets prennent du temps à se mettre en place.
En réalité, on assiste au contraire à une remise en cause de la direction artistique et culturelle par l’empreinte de déviances que prennent certains groupes pseudo-carnavalesques qui jettent le discrédit sur la femme guadeloupéenne et sur l’ensemble du carnaval. A l’origine, le carnaval était satirique, un espace de défoulement sans débordement, dans cette société coloniale post esclavagiste. Les plus avertis utilisaient cette fête pour dénoncer certaines choses déplorables ou mettre en dérision certaines personnalités.
Le carnaval traditionnel de la Guadeloupe, au fil du temps, tend malheureusement à disparaître pour faire place à un carnaval débridé, immoral, sans repères, dans une société déjà gangrénée par divers fléaux. Il va de soi que cette appréciation ne vise pas tous les groupes de carnavaliers. Et nous, Communistes, nous entendons défendre ce pan de notre patrimoine.
Cependant, nous ne pouvons cautionner cette dérive de notre société et de notre jeunesse, celle sur laquelle repose l’espoir de tout un peuple pour un avenir meilleur. «Tout le monde le pense, l’Etincelle le dit» car, cette dérive n’apportera rien de bon pour une émancipation bien comprise de la nation guadeloupéenne.