Les pays formant l’AES quittent la CEDEAO

Pour mieux appréhender ce qui se passe en ce moment sur le continent africain, beaucoup de paramètres sont à prendre en compte, car les choses bougent et vont continuer à bouger, à la vitesse grand V, notamment concernant les pays de l’Afrique de l’ouest. Nous vivons une période charnière, qui bouscule toute la géopolitique mondiale.

Dans la guerre idéologique et communicationnelle que se sont livrée le bloc occidental contre celui de l’est, et vice versa, le camp de l’est a été vaincu. L’élément le plus parlant a été la chute des régimes socialistes à l’est, alors qu’ils n’ont pas pu atteindre l’objectif qu’ils s’étaient fixé au départ. La communication a eu raison sur la propagande, mais le moins que l’on puisse dire, cette vérité qui ne trouve sa base que sur des réalités subjectives ne peut durer tout le temps.
Mais c’est justement cette communication développée à outrance par les tenants du système capitaliste, qui risque d’être à l’origine de la défaite de l’occident, et de son système de pensée, pour qu’enfin les mots liberté, souveraineté et révolution retrouvent le principe premier de leur acception. Les observateurs de la vie politique peuvent témoigner de l’impact du développement des nouvelles techniques de l’information et de la communication sur les évenements qui secouent le monde.
La décision des pays qui ont signé au Mali, le 16 septembre 2023, la charte de l’AES «L’Alliance des Etats du Sahel», continue de plus en plus à prendre forme. Une mutualisation des intelligences et des moyens dont disposent chacun de ces pays se matérialisent, pour alléger les barrières financières et économiques dont ils sont victimes par la soif mercantile des colonisateurs toujours à l’affût. L’ambition de ces pays c’est d’affirmer à la face du monde leur véritable indépendance, une totale souveraineté face au colonialisme, au néocolonialisme, aux pilleurs de leurs richesses et à tous leurs suppôts que l’occident contrôle aujourd’hui.
Le dimanche 27 janvier 2024, ces trois pays à savoir le Burkina-Fasso que dirige le jeune capitaine Hibrahim Traoré, le Mali avec à sa tête le Colonel Assimi Goïta, et le Niger que dirige le Général tchiani, ont décidé de quitter la CEDEAO (la communauté des Etats de l’Afrique de Ouest). Cette institution créée en 1975 et regroupant une quinzaine de pays est considérée comme un instrument au service du colonialisme français et de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) leur permettant de perpétuer leur domination sur les pays africains et singulièrement ceux de la zone francophone.
Depuis les coups d’Etat révolutionnaires intervenus au sein de ces différents pays qui forment aujourd’hui l’AES, dont le poids économique avec ses cent dix millions d’habitants et ses nombreuses richesses minières de son sol et de son sous-sol, la diplomatie française rue dans les brancards en instrumentalisant à souhait, la CEDEAO. Les dirigeants vassaux de cet organisme ont pris des sanctions sévères à l’encontre de ces trois pays, signataire de la charte du Liptako-Gourma. En dehors de l’embargo économique, financier et monétaire que subissent ces pays, des menaces de guerre ou d’invasion du Niger en totale violation des règles qui régissent cette institution, les choses se sont accélérées. Dans leur logique la CEDEAO constitue plus un frein à leur développement contrairement à ce que peuvent penser certains spécialistes des médias aux ordres.
Le tremblement de terre politique opéré par la prise du pouvoir de ces forces révolutionnaires, a crée un immense espoir chez les jeunes africains et annonce un véritable réveil de ce continent. Tout porte à croire qu’il y aura d’autres répliques qui vont encore se faire ressentir, soit par des décisions spectaculaires mais économiquement justes et politiquement corrects, soit par le renforcement des dits pays de l’AES dans leur ambition pour leur continent, ou encore l’élargissement à d’autres pays du Sahel que la pression des masses populaires aura contraint à changer radicalement d’orientation politique.