La question de l’évolution du statut de la Guadeloupe doit être l’affaire de tous les Guadeloupéens

Depuis quelques temps déjà la question de l’évolution statutaire des pays dits d’outre-mer est évoquée par certains élus de ces pays (ceux de Guyane en particulier) et le Gouvernement français qui a mis ses limites semble jouer le jeu. Il a récemment désigné une commission d’enquête après celle de l’Assemblée nationale pour la mise en oeuvre de ce projet.

On aura remarqué cependant que si ce gouvernement paraît vouloir résoudre le problème en Corse et en Nouvelle-Calédonie, (annonce du Premier ministre dans le cadre de sa déclaration de politique générale) il n’en est pas de même pour les autres pays dits de l’outremer et notamment pour le nôtre la Guadeloupe.
En ce qui concerne notre pays, nous sommes fixés sur le comportement minimaliste de nos représentants des deux assemblées qu’on appelle pompeusement majeures. Ceux-ci n’ont pas une vision anticolonialiste du combat politique et n’appréhendent pas celui-ci comme tel. Ils préconisent tout simplement sans s’enrichir de l’expérience guyanaise ou martiniquaise le remplacement de deux assemblées par une collectivité unique demeurant ainsi dans le cadre départemental colonial.
Nous savons également que le pouvoir français dans ces préconisations exclut dans cette opération le principe de la reconnaissance et de l’exercice du droit des peuples à l’autodétermination puisque dans sa constitution nos peuples sont devenus «populations» depuis 2003. La question centrale devient dès lors pour les forces anticolonialistes et les hommes de progrès de notre pays : demeurer ad vitam aeternam dans le carcan suicidaire de la départementalisation coloniale ou avancer vers au moins la prise en charge réelle de nos affaires guadeloupéennes ?
Attendre, en commettant des déclarations radicales sans effet pendant combien de temps encore, que les conditions subjectives de la révolution nationale murissent vraiment pour parvenir à notre pleine souveraineté et à notre indépendance nationale… ou alors gagner fortement les travailleurs et toutes les forces vives de notre pays à contrecarrer les desseins du pouvoir colonial dont la majorité de nos représentants actuels sont des vassaux inconditionnels en promouvant une autonomie maximale de notre pays. Tels sont les deux termes de l’enjeu.
Alors, comme nous ne sommes pas engagés en politique pour nous-mêmes, mais pour le peuple, pour le pays, la raison doit l’emporter et le choix devient facile dès lors que l’on regarde et analyse la réalité du pays avec profondeur. Qui peut le plus peut le moins.
Il s’agit donc pour tous ceux qui se déclarent pour un changement de fond de se mettre ensemble, de réaliser l’indispensable rassemblement populaire en s’accordant sur l’essentiel : parvenir à un rapport de force décisif qui permette l’érection d’un réel pouvoir politique guadeloupéen en capacité d’assurer le développement salutaire, multiforme de notre pays et l’épanouissement de son peuple.
Cela signifie que l’on comprenne enfin qu’il faut concrètement occuper le terrain et aller ensemble sans arrière-pensée en direction des masses pour les gagner au combat salvateur, pour les mobiliser comme acteurs conscients de leur libération, de l’émancipation de notre pays la Guadeloupe.