Les 9 et 10 février 2008 à Deshaies Le XIVe congrès du PCG : historique

Les 9 et 10 février 2008, le Parti Communiste Guadeloupéen a tenu son XIVe congrès. Pour la première fois, les 103 congressistes s’étaient réunis dans la commune de Deshaies.

A la cérémonie officielle d’ouverture, les camarades qui, d’un bout à l’autre de la Guadeloupe suivent la même ligne et poursuivent le même combat étaient visiblement heureux de se retrouver. Le congrès est un formidable lieu d’échange, de discussion et de construction théorique et politique. Au premier jour du congrès, le Secrétaire général Christian Celeste, pendant près de deux heures lira son rapport. Les congressistes écoutent et les applaudissements fusent. Les interventions des sections de base qui suivent sont pour le moins tonique.
Le lendemain, les discussions se poursuivent souvent passionnées, parfois tatillonnes mais les camarades sont toujours présents. Il y a dans l’air le sentiment que le Parti «n’est pas aussi mal au point qu’on le disait». La grande famille communiste a su faire corps et résister aux assauts du temps.
Après la pause déjeuner à 13 heures, les travaux reprennent vers 16 heures sous la présidence de Mona Cadoce. Emmanuel Ibéné, présente «l’état des lieux du PCG». Le Parti a vieilli, mais une jeune militante de Sainte-Anne, étudiante âgée de 20 ans est aussi acclamée que le vétéran de 90 ans.
A la suite Félix Flémin monte à la tribune pour présenter le rapport de la commission politique qui a travaillé toute la nuit. Il sera amendé par les congressistes, mais dans l’ensemble pas de profonds changements. Le congrès est unanime.
Les invités et la presse commencent à arriver. Les délégués accélèrent pour passer à la séance la plus importante du congrès : L’élection du nouveau Comité central pour les trois prochaines années.
Election de liste avec possibilité de rature et de rajout. Tous les délégués votent. Le verdict des urnes est dans la tonalité du congrès. Un Comité Central rajeuni, composé de femmes et d’hommes représentatifs de la société guadeloupéenne, est élu.
Ce Comité central se réunit après la proclamation des résultats pour élire le Secrétaire général du Parti.
C’est le communiste, Félix Flémin de la Section de Deshaies qui est élu nouveau Secrétaire général du Parti.
Tout le congrès debout manifeste sa joie d’accueillir un nouveau Secrétaire général forgé dans le Parti et dans le même temps sa peine de voir partir Christian Celeste qui n’était pas candidat à son renouvellement, après avoir conduit pendant vingt ans le Parti sur une mer politique très souvent démontée pour le mener à bon port. C’est en cela que le XIVe congrès revêt une dimension historique.
Nous publions pour une meilleure connaissance de l’histoire du Parti les résolutions de ce XIVe congrès
RÉSOLUTION SUR LA QUESTION NATIONALE
Les militants du Parti Communiste Guadeloupéen réunis en congrès les 9 et 10 février 2008, ont réexaminé avec gravité et sérieux une des questions majeures qui a fondé l''existence de leur Parti et qui constitue depuis 50 ans la pierre angulaire de la politique de celui-ci, son objectif central la décolonisation du pays Guadeloupe.
Il en est ressorti la grave constatation du net recul du mouvement anticolonialiste, son quasi effacement sur la scène politique guadeloupéenne, si ce n''est l''expression trop timorée de notre parti à travers son journal et la voix rare sur les ondes de quelques-uns de ses dirigeants, réaffirmant avec force la justesse et la légitimité de la revendication d''un véritable pouvoir guadeloupéen, d''un statut politique qui établit la responsabilité guadeloupéenne. Ils ont reconnu que la réalité coloniale et nationale est ignorée d''une trop large majorité de notre peuple.
Prenant en considération les causes objectives qui ont concouru au fait qu''une politique juste et légitime ne rencontre pas forcément le crédit des larges masses de la population qu''elle est pourtant censée servir, les communistes guadeloupéens n''ont pas manqué d''assumer l''insuffisance de leur pratique pour gagner les masses au combat pour décoloniser notre pays.
C''est vrai que, la revendication de l''autonomie est lancée dans l''année même de l''accession au pouvoir de De Gaulle en France, qui impose par sa stature un régime fort dont un des objectifs a été de bloquer tout développement de la lutte pour un changement de statut à la Guadeloupe.
C''est vrai aussi que, les surenchères nationalistes sur la question, qui faisait du Parti l''adversaire principal à abattre, n''ont pas favorisé chez les travailleurs et les masses, l''essor de la lutte anticolonialiste.
Mais, c''est également vrai malheureusement que, pendant trop longtemps, après le congrès constitutif de 1958, il a été poursuivi dans la pratique la politique de l''égalité des droits avec les Français, en dépit de la proclamation par notre Parti, de la revendication de l''autonomie.
Cette absence de rupture nette, puis les dérives électoralistes et les insuffisances flagrantes dans la politique de formation n''ont guère contribué à une attitude offensive des militants dans la mise en oeuvre de la politique fondamentale de leur parti.
Les rares militants qui tentaient de porter cette politique étaient rapidement marginalisés. Ne renonçant pas à leur objectif d''une décolonisation réellement progressiste, les communistes conviennent avec humilité qu''ils ne sont pas eux-mêmes dans leur large majorité, suffisamment imprégnés de la question nationale.
Ils prennent la ferme résolution de donner une nouvelle impulsion à la lutte de libération nationale et sociale du peuple guadeloupéen :
• En travaillant énergiquement à l''émergence du front patriotique pour un Etat autonome de Guadeloupe.
• En élevant leur niveau politique et idéologique en général, en renforçant notamment leur propre compréhension de la question nationale telle qu''elle se pose dans le cas de la Guadeloupe.
• En étudiant l''ensemble des contributions sur cette question et en particulier celle inexploitée du feu camarade H. Ibéné «Un statut pour la Guadeloupe à la lumière du marxisme-léninisme».
• En développant une sérieuse réflexion à travers l''organisation d''une conférence nationale de notre Parti sur ce thème, préalable à un colloque avec les autres forces anticolonialistes du pays et d''un symposium international avec les marxistes de la Caraïbe.
• En imposant par les luttes, le rétablissement de la Guadeloupe à l''ONU de la Guadeloupe sur la liste des pays à décoloniser et la reconnaissance du droit de notre peuple à l''auto-détermination.
Le congrès sur la base de cette résolution appelle tous les Guade-loupéens engagés dans l''action pour le respect des droits nationaux du peuple guadeloupéen à se joindre aux communistes guadeloupéens pour donner un nouvel essor au mouvement anticolonialiste guadeloupéen.
RÉSOLUTION POLITIQUE FINALE
Les Communistes réunis en Congrès à la veille du 50e anniversaire du PCG qui sera célébré le 30 mars ont décidé :
• de poursuivre et développer le travail engagé depuis le 30 avril 1944 par les fondateurs du Mouvement Communiste en Guadeloupe et poursuivi par la création du Parti Communiste Guadeloupéen en 1958 :
• pour la défense des intérêts des travailleurs et du peuple guadeloupéen
• pour la défense de tous les droits humains, sociaux, et politiques des Guadeloupéens.
• pour la libération nationale du peuple guadeloupéen dans la perspective de la construction d''une société socialiste ouvrant la voie à une société communiste aux couleurs de la Guadeloupe.
• de conserver l''appellation de Parti Communiste Guadeloupéen à leur organisation, qui a toutes les raisons d''être fière de son histoire, de ses activités passées et présentes et qui surtout n''a jamais porté atteinte aux droits et libertés des citoyens guadeloupéens.
Ils appellent à la constitution d''un front patriotique pour un Etat autonome-de Guadeloupe comme organisation d''unification de toutes les forces anticolonialistes et organisation de représentation nationale unique du peuple guadeloupéen dans son combat contre le colonialisme et l''impérialisme français.
Le congrès proclame que le combat du Parti Communiste Guadelou-péen est dirigé à l''étape actuelle contre la bourgeoisie impérialiste française et européenne. Cette position, conforme à l''enseignant du Marxisme-Léninisme, n''invalide en rien sa ligne stratégique qui vise à la libération nationale et sociale du peuple guadeloupéen.
Il réaffirme le soutien du Parti à toutes les organisations sociales, culturelles et politiques de la Guade-loupe en lutte pour la défense de tous les droits humains, patrimoniaux et pour l''émancipation du peuple guadeloupéen.
Il engage les militants et tout le Parti à accompagner la jeunesse dans la construction d''une organisation de la jeunesse assumant ses responsabilités dans la lutte pour la libération du pays Guadeloupe.
Les Communistes réaffirment que les Guadeloupéens vivant à l''extérieur du pays sont partie intégrante du peuple guadeloupéen.
Ils décident de travailler avec eux pour les engager dans le processus d''organisation du front patriotique pour l''Autonomie.
Le congrès considère les élections à venir comme une tâche politique importante qui s’inscrit dans la lutte des communistes pour la défense permanente des droits des Guadeloupéens à de meilleures conditions d''existence.
Les délégués ne perdent pas de vue pour autant, que toute élection est un moyen de faire avancer la lutte générale qui nous oppose au colonialisme français.
Le congrès apporte son soutien à tous les communistes engagés sur cette base dans la bataille des élections municipales et cantonales.
Le congrès accorde une grande attention au processus révolutionnaire en cours en Amérique latine et invite à rechercher les conditions de son prolongement dans l''espace caribéen, comme alternative aux accords de partenariat économique (APE) entre l''Union européenne et les pays ACP qui représentent un véritable danger pour le développement futur de la Caraïbe.
Il renouvelle sa solidarité active à tous les peuples en lutte pour le respect de leurs droits légitimes et particulièrement à ceux des pays construisent le socialisme révolutionnaire : Cuba, la Chine, le Vietnam, le Laos, la Corée du Nord.
Il exige la libération des cinq pa-triotes cubains injustement emprisonnés dans les geôles américaines.
Le congrès considère qu''une des tâches principales des communistes est d''engager un travail permanent pour le recrutement de nouveaux militants. L''objectif étant d''élargir l''implantation de l''organisation sur tout le territoire guadeloupéen à travers les créations de cellules dans les quartiers et les entreprises, avec en perspective la construction d''un véritable Parti Communiste révolutionnaire de notre temps.
Dans ce travail, il devra rechercher les formes les mieux adaptées pour associer les sympathisants à la vie du Parti.
Le congrès reconnaît que la réalisation de toutes les tâches de cette étape historique exige de mobiliser des moyens humains, matériels et financiers. Il profite pour remercier publiquement tous les militants et donateurs extérieurs qui ont déjà répondu à son Appel national à souscription pour la préservation et la modernisation du patrimoine du Parti.
Les objectifs sont loin d''être atteints et les tâches nouvelles fixées par le congrès nécessitent des moyens nouveaux.
Il recommande aux militants de s''engager avec sérieux et esprit de responsabilité sur la question du financement de la politique du Parti, en respectant régulièrement leurs obligations.
Il s''adresse à tous les travailleurs, à tous les Guadeloupéens pour les inviter à continuer à apporter leur soutien matériel et financier en répondant à l''Appel national à souscription lancé par le Parti.
Le XIVe congrès après avoir tiré avec lucidité et courage, les enseignements sur les 50 ans de présence et d''activités communistes en Guade-loupe, déclare avoir une claire conscience de la place du Parti dans la vie du pays et du rôle qu''il est appelé à y jouer.
Il engage tous les communistes, les militants en activité et ceux qui s’interrogent, qui doutent ou qui attendent à s’inscrire résolument dans l’action pour la défense au quotidien de tous les droits des Guadeloupéens et pour préparer es conditions politiques qui permettront de vaincre le colonialisme et l''impérialisme.
Il appelle tous les Guadeloupéens qui ont pris conscience de leur appartenance à un peuple et à une nation guadeloupéenne opprimée, à se rassembler et à s''organiser dans un Front patriotique pour un Etat autonome de Guadeloupe.