4 février 1794 - 4 février 2024 Première abolition de l''esclavage il y a 230 ans

• La Révolution française, répondant aux combats menés par les libres de couleur et les esclaves, a accordé la citoyenneté française aux hommes de couleur libres, les 15 mai 1791 et 28 mars 1792, et aux esclaves, le 4 février 1794.
• Cette citoyenneté de tous les hommes de couleur (Noirs ou métis) a été supprimée en 1802, par Napoléon Bonaparte, mais a été rétablie pour les libres de couleur, en 1833, et tous les esclaves, en 1848, aux lendemains des révolutions de 1830 et 1848.
DECRET N° 2262 DE LA CONVENTION NATIONALE
du 16. jour Pluviose, an second
de la République française,
une & indivisible, La Convention Nationale déclare que l’esclavage des Nègres dans toutes les Colonies est aboli ; en conséquence elle décrète que les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens Français, & jouiront de tous les droits assurés par la constitution. Elle renvoie au comité de salut public, pour lui faire incessamment un rapport sur les mesures à prendre pour assurer l’exécution du présent décret.
A cette date, la France a encore en possession la Guadeloupe, la Guyane, l’Ile Maurice, Saint-Domingue, La Réunion et les comptoirs indiens et sénégalais. Mais l’opposition des colons se fait forte et l’abolition sera inégalement appliquée, car seront écartés du décret La Réunion et l’Ile Maurice. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un pays décide l’abolition de l’esclavage. Ne sous-estimons pas l’importance d’une telle décision.
Ce même jour, 4 février 1794, en complément de ce décret, la Convention apporte une précision très importante à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : Tout homme peut engager ses services, son temps ; mais il ne peut se vendre, ni être vendu ; sa personne n’est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité ; il ne peut exister qu’un engagement de soins et de reconnaissance, entre l’homme qui travaille et celui qui l’emploie.
C’est l’aboutissement d’un long combat, qui ne s’acheva en réalité qu’en 1848.
«Périssent vos colonies !». L’exclama-tion de Robespierre, le 13 mai 1791, lors d’un débat houleux sur les colonies et la question de l’esclavage est restée dans les mémoires. Elle est la preuve que la question coloniale, et l’abolition, firent rage en métropole lors du moment révolutionnaire. Mais de l’exclamation de Robes-pierre au décret du 16 pluviôse an II (4 février 1794), il fallut trois ans pour proclamer l’abolition de l’esclavage. Trois ans de batailles acharnées, en métropole et dans les colonies où la question de l’abolition reflétait de profondes mutations sociales et économiques.
4 FÉVRIER 1794 : PREMIÈRE ABOLITION DE L’ESCLAVAGE
Le rôle des députés de Saint-Domingue lors de la séance du 4 février 1794
Indiscutablement, les représentants de Saint-Domingue ont joué un rôle décisif pour créer lors du débat sur l’abolition une ambiance de fraternité universelle qui va emporter la décision. Ces députés se nommaient :
Jean-Baptiste Belley, député de Saint-Dominique à la Convention*
* Jean-Baptiste Mills (mulâtre libre)
* Jean-Baptiste Belley (ancien esclave)
Ils montent ensemble à la tribune après des péripéties incroyables pour traverser l’Atlantique tenu par la flotte anglaise. Ils embrassent chaleureusement le président. Dufay demande de valider la décision prise par Sonthonax et affirme que tous les Noirs de Saint-Domingue ont juré fidélité à la France républicaine.
La proposition est accueillie par une réaction émotive d’applaudissements ininterrompus qui limite les possibilités de contradiction. Levasseur, député de la Sarthe, augmente encore l’enthousiasme de la Convention par une déclaration favorable, avant que Lacroix ne s’écrie : «Président ! Ne souffre pas que la Convention se déshonore par une plus longue discussion».
L’assemblée se lève tout entière, et Vadier, son président, au milieu d’acclamations révolutionnaires, proclame l’abolition de l’esclavage.
Les deux Jean-Baptiste se jettent dans les bras l’un de l’autre à la tribune. Lacroix les prend par la main et les conduit au président, qui leur donne une accolade fraternelle. Ensuite, tous les députés de la Convention viennent tour à tour embrasser les deux hommes.
Pour autant, la France n’en a pas fini avec l’esclavage car en 1802, l’esclavage sera rétabli par Napoléon Bonaparte.