Coup d’Etat constitutionnel au Sénégal

S’il est quelque chose d’étonnant dans les évènements de la France-Afrique, c’est l’incapacité de l’élite française à comprendre le monde tel qu’il se reconstruit en ce début du 21e siècle.

Cette élite, arrogante mais inculte, se prépare dit-elle non seulement à ramener les pays de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) dans le droit chemin, mais aussi à empêcher le reste de l’Afrique francophone à s’écarter de la «démocratie et des droits de l’Homme à l’occidental».
On pourrait se poser la question en passant, de savoir pourquoi l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) et la France n’ont jamais pensé à bombarder Madrid et Lisbonne, capitales de deux pays frontaliers de la France où ont sévit pendant des décennies les dictatures sanguinaires de Franco et de Salazar. Mais laissons cela pour revenir à l’Afrique …
Voilà donc Emmanuel Macron décidé à tout faire pour préserver ce qui reste de la France-Afrique, car tout le monde le sait aujourd’hui, sans les ressources de ses anciennes colonies, sans le franc CFA, la France risque d’être reléguée au 25e rang mondial, selon les spécialistes.
Aujourd’hui, les turbulences du Sénégal posent question à la France…
Le Sénégal est le pays de Senghor le poète, ami de Césaire et chantre de la négritude, qui a conduit son pays à l’Indépendance en 1960 mais s’est vite laissé acheter par le système colonial dont on connaît les méthodes, tapis rouge à l’Elysée, médaille d’honneur, admission à l’Académie française etc

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Dakar, la capitale de son pays, avec son semblant de modernité ne pouvait cacher la misère des pécheurs concurrencés par les chalutiers Européens péchant dans les eaux sénégalaises, la mainmise de l’Occident sur les richesses du pays (pétrole…) et le nombre de plus en plus grand de Sénégalais prenant la mer pour fuir le chômage.
Rappelons que Senghor, qui avait élu domicile en France, s’est fait enterrer dans son pays. Et ce qui est à noter, c’est que pas un politique français (on pense aux Socialistes) n’a fait le déplacement pour le conduire à sa dernière demeure, et cela a été vécue comme un affront par beaucoup de Sénégalais.
Ceux qui ont succédé à Senghor ont continué à piller le pays et à s’enrichir, Abdou Diouf, Abdoulay Wade et on arrive à Maki-sall, l’actuel président. Avec lui, le pays va sombrer dans la corruption et le désordre, les emprisonnements arbitraires, la répression.
Serviteur zélé du colonialisme français, c’est lui qui avait accompagné Hollande à l’inauguration du Mémorial ACTe et son mutisme total lors des festivités en avait surpris plus d’un. Après avoir emprisonné son jeune opposant Sonko, très populaire, et avoir écarté sa candidature par des manigances, il vient, il y a 3 jours de violer la Constitution de son pays en reportant les élections présidentielles où d’ailleurs, il n’avait pas le droit de se présenter, ayant fait ses deux mandats.
La France est à la manoeuvre, comme d’habitude, mais il y a un dilemme : Comment faire avaler à la communauté Internationale l’acceptation de ce coup d’Etat constitutionnel alors que des sanctions ont été commanditées par elle contre les trois dirigeants de l’AES ? Affaire à suivre…