Déception et colère chez les planteurs de cannes

Ce déclin de l’industrie sucrière en Guadeloupe a été d’autant plus facile que le sucre de canne a été concurrencé par le sucre de betterave. Il s’est donc avéré que la culture de la canne pour l’État français n’est plus une priorité.

En Guadeloupe, les prix à la consommation ne cessent d’augmenter, ce qui a des répercussions dans tous les secteurs de l’économie.
Depuis notre sortie de l’état de crise sanitaire due au covid-19, tous les produits de consommation ont subi une hausse importante pour rattraper le manque à gagner durant la période d’inactivité. Les 1 600 planteurs de cannes encore en activité, d’après les données de 2023, n’ont pas été épargnés.
Ils sont les premiers maillons de la chaîne de production de la filière canne. Sans leur dur travail, il ne pourra y avoir, ni rhum, ni sucre, ni les autres produits dérivés, alors qu’ils sont, en définitive, les plus mal lotis.
Se sentant mal représentés par ceux qu’ils ont dûment mandatés, avec raison ils ont «pris le taureau par les cornes» et ont décidé de se défendre eux-mêmes. Ils n’acceptent plus de continuer à faire les frais de l’assujettissement au marché commun. Ils ne sont plus disposés non plus à accepter les ruines que leur impose le pouvoir en place.
La situation de la filière est catastrophique, tout le monde le sait. Le prix actuel de la tonne de canne ne leur permet pas de vivre décemment, compte tenu de toutes les charges qui pèsent sur les exploitations. Pour mettre un peu d’ordre et de transparence dans l’activité, les planteurs revendiquent un prix fixe de 160 euros sur 3 ans, et appellent à une réorganisation de l’ensemble de la filière.
Il faut dire que l’Etat français, avec sa politique coloniale, n’a rien fait pour entretenir et développer l’économie guadeloupéenne.
En effet, la Guadeloupe dite «continentale» avait jadis, 22 unités sucrières, et Marie-Galan-te en comptait trois. Le changement de modèle économique impulsé par l’Etat français et l’Union européenne, soit disant pourvoyeurs d’emplois, a réduit en «peau de chagrin» le nombre d’usines et de planteurs sur l’archipel guadeloupéen, aidés en cela par les mauvaises conditions de travail et un rétrécissement des surfaces agricoles utiles.
Ce déclin de l’industrie sucrière en Guadeloupe a été d’autant plus facile que le sucre de canne a été concurrencé par le sucre de betterave. Il s’est donc avéré que la culture de la canne pour l’État français n’est plus une priorité.
Il se pose donc le problème du devenir de la filière canne. Les quelques planteurs encore en activité, ont beau tiré la sonnette d’alarme, rien n’y fait. Ceux qui voudraient sauver ce qui reste de l’économie guadeloupéenne ne peuvent rien contre le plan machiavélique de ceux qui dirigent le pays.
Sans une domiciliation du pouvoir politique de décisions, rien ne changera. Le mal développement de la Guadeloupe n’est pas uniquement une question d’autonomie alimentaire, car tous les voyants de la société sont au rouge.
Il en résulte que ceux qui partagent avec sincérité les mêmes convictions et le même amour pour ce pays, devraient pouvoir s’entendre et se mettre ensemble pour sauver ce qui peut l’être encore.